Cameroun : Brouille entre les employés de la Bicec et leur direction

Le personnel réclame des primes d’une vente supposée de la filiale camerounaise de BPCE au Marocain Bcp.

Les employés de la Banque internationale du Cameroun pour l’épargne et le crédit (Bicec), filiale du groupe français Banque populaire caisse d’épargne (BPCE), observent un mouvement de grève générale depuis le 10 juin dernier. « Nous ne sommes pas contents du traitement qu’on nous inflige. Depuis près de 4 ans, on ne nous octroie plus de crédits par exemple », confie sous cape une employée. Elle ajoute que le mouvement de grève concerne les 37 agences que compte la Bicec dans le pays. Ce mot d’ordre de grève va s’étendre sur trois jours. Le mouvement de protestation s’effectuera en effet en deux phases. La première phase va du lundi 10 au mercredi 12 juin 2019. La deuxième, du 24 au 26 juin 2019. L’arrêt du service est observé durant les jours de grève de 8 h 30 à 13 h 30 dans l’ensemble du réseau Bicec.

Imbroglio autour de cession de la Bicec

D’après des témoignages, les employés revendiquent aussi le non-paiement d’une prime promise par la Bicec dans le cadre de la cession de la banque au groupe marocain Banque centrale populaire (BCP). Cette cession est supposée avoir été faite alors qu’une procédure de protestation reste pendante au tribunal de première instance (TPI) de Bonanjo à Douala.

En effet, deux avocats au barreau du Cameroun (Michel Janvier Voukeng et Guy-Alain Tougoua), ont déposé une requête, le 4 octobre 2018, aux fins d’être autorisés à assigner en référé d’heure à heure, les dirigeants de la Bicec, de BPCE, la Commission des marchés financiers (CMF) et la Commission bancaire des États de l’Afrique centrale (Cobac). La première audience s’est tenue le 12 octobre 2018. Joint par téléphone, Me Michel Janvier Voukeng, dit n’avoir pas été informé d’aucune finalisation de la transaction.

Dans leur exposé des motifs, ces avocats reprochent à BPCE l’entrée en « négociations exclusives », avec le groupe marocain en vue du projet de cession de ses participations en Afrique. Me Michel Janvier Voukeng et Guy-Alain Tougoua arguent que la Bicec étant l’un des fleurons de l’industrie bancaire du Cameroun, « l’exclusion des nationaux tant personnes physiques que morales du processus de sa cession est une violation grave de principes constitutionnels et de droit public et privé en vigueur au Cameroun ». « Cet ostracisme est particulièrement proscrit par les règles de droit applicables aux multinationales. », ajoutent-ils. Les requérants sollicitent la réforme du processus initié par le BPCE, du moins en ce qui concerne la Bicec, voire sa suspension.

En dehors de la procédure judiciaire pendante au tribunal de première instance à Bonanjo, les deux avocats camerounais opposés à la vente exclusive de la Bicec au marocain BCP ont également sollicité l’intervention, le 12 octobre 2018, de la Commission nationale de la concurrence (CNC). « Conformément aux dispositions de la loi relative à la concurrence, la Commission entend mener les diligences nécessaires afin de s’assurer que l’opération de concentration concernée sera menée dans le strict respect des dispositions prévues par la législation en vigueur en la matière », répond le CNC, le 13 novembre 2018. Depuis lors, la cession de la Bicec, détenue à 68,5 % par BPCE, à BCP est dans le brouillard.

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