C’est en motivant la signature de l’arrêté qui relève le Secrétaire général (Sg)de l’Assemblée nationale de ses fonctions que la lumière est faite sur un pan du feuilleton chaotique de deux semaines pour évincer l’ex député du Nkam.
En premier lieu, on comprend que Cavaye Yeguie Djibil n’a jamais choisi ou soutenu la présence de Gaston Komba à ce poste. Il le dit clairement aux membres du Bureau présents à la réunion du 12 février dernier que c’est le choix de Paul Biya et non le sien. « J’ai été amené à saisir le chef de l’Etat pour lui dire clairement que je ne travaillerai plus, que nous ne travaillerons plus avec l’intéressé. C’est pourquoi le principal ordre du jour de cette réunion du Bureau est de relever monsieur Gaston Komba de ses fonctions de Secrétaire général de l’Assemblée national, dans l’attente de la nomination d’un nouveau Sg, de notre Chambre. Vous le savez très bien, que c’est le chef de l’Etat, qui nous l’avait proposé et nous l’avons élu », a-t-il indiqué avec une once de regret dans la voix. En présentant ainsi ses récriminations à l’endroit de celui qui est désormais son ex collaborateur, on comprend que le président de l’Assemblée nationale(Pan) remet en quelque sorte à Paul Biya son « colis » qui lui serait devenu gênant ou encombrant.
C’est même là, semble-t-il, le point central de rupture entre les deux hommes, car à l’évidence si les bruits propagés çà et là ont fait état de 800 millions de Ffca volés, le Pan ne franchit pas le pas et se remet aux questeurs pour établir la lumière sur sa gestion, alors même qu’il est déjà relevé de ses fonctions. « Après le contrôle de routine, effectué par les questeurs, la gestion financière du Secrétaire général est catastrophique et chaotique avec une gabegie sans précédent qui exige que des comptes soient rendus, que messieurs les questeurs, messieurs les premiers questeurs, que vous nous rendiez-compte de la gestion de monsieur Komba », a assené le patriarche de Tokombéré.
Acte d’affront
En deuxième lieu, on s’étonne en écoutant les propos de Cavaye. Lui qui, pendant deux années se félicitait du travail abattu par le Sg de l’Assemblée, lui qui mettait en exergue le travail élogieux de Gaston Komba, on se demande ce qui s’est passé en un laps de temps pour que les rapports si cordiaux entre les deux hommes se détériorent aussi rapidement. « Aujourd’hui, monsieur Komba est devenu un opposant. Nous ne pouvons plus travailler avec lui. Je voulais vous dire pour le déplorer, que l’image de l’institution et de son chef est écornée et traînée dans la boue chaque jour qui passe par le seul fait d’un fonctionnaire irrespectueux, méprisant et véreux qu’on avait cru utile d’aider en son temps en le repêchant d’une élection législative perdue où il a été littéralement battu sur le terrain, pour le hisser à ce poste », s’émeut Cavaye.Komba, aux yeux du Pan est devenu un opposant.
Opposant politique ? Opposant à la personne ou aux directives du Pan ? Ou bien tout simplement un empêcheur de tourner en rond ? Une certitude qui laisse entendre que la brouille viendrait d’un rapport difficile entre les deux hommes sur ce point donné, est apportée par les qualificatifs très peu emprunts de courtoisie sur le Sg : « irrespectueux, méprisant et véreux ».Tout un sommaire d’inimitiés. Plus loin, excédé visiblement d’un acte d’affront, ou d’irrespect de son ex collaborateur, le Pan indique faussement qu’il a été littéralement battu aux élections législatives de février 2020 dans le Nkam. En réalité, Gaston Komba n’avait pas été candidat à ces élections.
En troisième lieu, on peut s’interroger sur la démarche cavalière avec laquelle le Pan procède pour débarquer le Sg. La réunion du Bureau s’est tenue alors que les membres n’avaient pas connaissance des points inscrits à l’ordre du jour. Dans le communiqué de convocation du 9 février 2022, on peut y lire que l’ordre du jour sera communiqué séance tenante. Bien plus, c’est le seul Pan qui parle et ne cède aucune place aux débats, se contentant tout juste de lancer à ses collaborateurs. « Je vous demande d’épargner d’autres détails et non des moindres, je vous propose donc de relever purement et simplement monsieur Komba Gaston de ses fonctions de Sg de l’Assemblée nationale pour faute lourde. Si vous n’y trouvez aucune objection et si vous en avez convenance, je procède à la signature de cet arrêté du Bureau séance tenante. D’autres nominations suivront ipso facto afin d’assainir définitivement notre Chambre. L’Assemblée nationale n’a jamais vécu une pareille situation », lance-t-il avant de procéder sur le champ à la signature de l’arrêté relevant le Sg de ses fonctions. La messe est dite ! En deux minutes, le patron de l’administration de l’Assemblée est évincé.
