Malgré la Covid-19 qui a impacté sur son organisation, les Ravy 2021 a mobilisé une vingtaine d’acteurs du domaine du 30 juin au 3 juillet à Yaoundé.
Christian Etongo a livré samedi en clôture des Ravy, une performance édifiante sur la Covid-19 au musée la Blacktitude. Dans celle-ci, il s’interroge déjà sur la vie après la pandémie au regard du bouleversement causé par la crise sanitaire tant dans les rapports humains que dans ceux de l’homme avec la nature. « Portons les masques/Quand tombent les masques » est une pièce interactive dans laquelle le public participe à l’invitation de l’artiste. La thématique de cette performance, jouée dans plusieurs festivals cadre avec le thème des Ravy ou Rencontres d’arts visuels de Yaoundé.
Cette 7eme édition interroge sur la notion des « Mouvements » liées au contexte sanitaire actuel. Les Ravy 20121 sont « spéciales », explique le commissaire d’exposition Landry Mbassi, directeur artistique des Ravy. Sensibiliser les populations sur les mesures barrières mais surtout, montrer la résilience des artistes locaux, qui ne cessent de se réinventer en empruntant de nouvelles voies esthétiques et plurielles.
«L’édition 2021 de RAVY s’inscrivait de façon factuelle comme une édition spéciale du fait de la pandémie, mais aussi effectivement, de ce que la pandémie a créé comme incidence. Les douze artistes sont un choix logique parce que vous savez que les déplacements sont devenus très complexes avec la question de la pandémie. Et donc, nous avons voulu faire une édition au format réduit en prenant davantage l’élan pour l’édition prochaine », précise Landry Mbassi.
Grâce Dorothée Tong, ( peinture), Leuna Moumbimboo, (peintureTally Mbok (peinture et performance), Alioun Moussa, (peinture) Yvon Ngassam ( installation), Jean-David Nkot, ( peinture), Zak Ndam ( sculpture), Arnold Fokam ( peinture) et Dissake Dissake ( picto sculpture) ont donné à voir la diversité de leur pratiques artistiques ainsi que leur manière d’ attirer le regard de l’homme sur les problèmes actuels. Ils participent à une exposition collective sur « Mouvements et contre mouvements » au Cipca.
Le quartier Mozart à Mvog-Mbi a accueilli la conférence de presse du 29 juin, le débat d’idée sur la contribution de l’art aux crises sociales et sanitaires et un live performance de Keulion, body painter de talent, il est un des plus doués de sa génération et fait partie de ceux qui ont remis cet art au goût du jour. Keulion travaille sur le corps. Mais il est aussi très à l’aise sur d’autres supports. Pour sa performance au Quartier Mozart, il a donné de magnifiques couleurs à la scène de cet espace culturel.
L’un des objectifs des Ravy, organisé par « Les Palettes du Kamer », collectif d’artistes travaillant à Yaoundé, est d’amener le public à comprendre les nouvelles esthétiques artistiques. Selon Landry Mbassi, depuis 7 éditions, les Ravy ont contribué à une meilleure connaissance des disciplines comme l’art performance.« L’impact sur le spectateur, c’est qu’on a pu aujourd’hui amener le public à entrer dans le champ de ce que la performance représente en termes de discipline artistique », explique le commissaire d’exposition content également que cet impact se ressent aussi sur la consommation des œuvres d’art.
« Les gens sont de plus en plus demandeurs et savent qu’une œuvre d’art coûte de l’argent et qu’un artiste au-delà de ce qu’il fait, par exemple dans le cadre d’une exposition, a aussi besoin des personnes qui peuvent passer des commandes pour la réalisation d’un portrait ou d’un dessin. La demande est réelle, car dès que le public a vu quelque chose, il a tout de suite des idées. Certains disent parfois avoir des idées sans trouver des artistes à mesure de les reproduire. Donc au-delà des œuvres, très souvent contemporaines pour certaines personnes, il y a des commandes qui peuvent être faites. Des portraits, des pots de fleurs, etc. On peut dire que c’est avantageux à la fois pour les artistes et pour le public qui apprend à consommer progressivement l’art ».