Une page méconnue de l’histoire politique camerounaise refait surface, jetant une lumière crue sur la gouvernance d’antan. Comme le rapporte 237online.com, un récit saisissant tiré du livre “Une décennie avec le Président Ahidjo” de Samuel Eboua, ancien Secrétaire Général de la Présidence, révèle la fermeté implacable du premier président camerounais face à la corruption.
La chute brutale d’un ministre pris la main dans le sac
Le 6 décembre 1977, le ministre de l’Éducation Nationale Bernard Bidias à Ngon se retrouve dans l’œil du cyclone. Accusé d’avoir détourné des fonds destinés à l’implantation de l’Université de Technologie, il fait face à la colère froide d’Ahmadou Ahidjo. “C’est un voleur, ce gars !”, s’exclame le président, décidé à faire un exemple.
Des larmes de crocodile qui n’émeuvent pas Ahidjo
La scène qui s’ensuit est digne d’un drame shakespearien. Le ministre, convoqué par Ahidjo, ressort de l’entretien en larmes, suppliant Samuel Eboua d’intercéder en sa faveur. Mais le président reste inflexible : “Ce sont des larmes de crocodile. Je vais le révoquer.”
La foudre présidentielle s’abat en 48 heures
En moins de deux jours, le sort du ministre est scellé. Ahidjo, dont la patience était pourtant légendaire, agit avec une rapidité foudroyante. Le 7 décembre, Adamou Ndam Njoya est nommé à la tête du ministère de l’Éducation Nationale, marquant le premier départ d’un ministre depuis la formation du gouvernement de 1975.
Un message clair à la classe politique
Cette révocation éclair envoie un signal fort à l’ensemble de la classe politique camerounaise. Comme le souligne Eboua, “rien et nul ne peut être à l’abri des foudres de l’Olympe, dès lors que les intérêts de l’Etat sont en jeu”. Une leçon qui résonne encore aujourd’hui.
La corruption d’hier et d’aujourd’hui : un gouffre vertigineux ?
Ce récit soulève une question brûlante : comment sommes-nous passés d’une époque où un ministre était limogé pour 600 000 francs détournés à une ère où, selon certains observateurs, “les gens volent des milliers de milliards et narguent impunément le bas peuple” ? Cette évolution interroge sur l’effritement des valeurs morales au sommet de l’État.
L’héritage d’Ahidjo : une intransigeance perdue ?
La fermeté d’Ahidjo face à la corruption contraste vivement avec la perception actuelle de l’impunité des élites. Cette anecdote historique ne manquera pas de faire réfléchir sur l’évolution de la gouvernance au Cameroun et sur la nécessité d’un retour à plus de rigueur dans la gestion des affaires publiques.
Cet épisode de l’histoire camerounaise nous rappelle que la lutte contre la corruption n’est pas un combat nouveau. Il soulève des questions cruciales sur l’évolution de la moralité publique et la responsabilité des dirigeants. Alors que le Cameroun fait face à des défis économiques et sociaux majeurs, l’exemple d’Ahidjo pourrait-il inspirer un renouveau dans la gouvernance du pays ?
Par Ngono Atangana, chroniqueur politique et historique