Un jugement qui choque, une mémoire collective bafouée.
L’Association Kwemtche et Radio Bansoa Université (RBU) dénoncent vigoureusement la décision du Tribunal de Première Instance de Dschang dans l’affaire Penka Michel, qu’elles qualifient de « verdict politique, biaisé, injuste et colonial ».
« Ce verdict est une insulte à la mémoire d’un patriote et un coup porté à la vérité historique », déclare le Pr Soh Charles, président de l’Association Kwemtche.
Pourquoi cette décision judiciaire provoque-t-elle autant d’indignation ?
⚖️ Cameroun – Un jugement sous tension à Dschang
Le juge Minlang Eba’a Valentin a ordonné la suspension immédiate du film documentaire « Penka Michel, toponymie controversée d’une circonscription administrative », ainsi que l’interdiction de toute diffusion télévisée, radiophonique ou numérique.
Le réalisateur Soh Charles et ses partenaires sont désormais sommés de retirer leurs productions de toutes les plateformes, sous peine d’une astreinte quotidienne de 500 000 FCFA.
Pour les mis en cause, cette décision « porte atteinte à la liberté de création et au devoir de mémoire ».
« On cherche à étouffer la vérité historique et à effacer la douleur des victimes de cette époque », déplore l’un des membres de RBU, présent lors de l’audience.
Le verdict repose, selon le ministère public, sur le caractère “dangereux” du film, jugé susceptible de “déstabiliser l’ordre public”.
🔥 Mémoire historique ou censure politique ?
L’association Kwemtche estime que cette décision « résulte davantage de pressions politiques que d’un raisonnement juridique ».
Selon le communiqué signé à Bansoa le 7 octobre 2025, le procès viserait à faire taire les voix qui évoquent les blessures du passé colonial et à protéger les descendants de figures compromises pendant la période de l’indépendance.
« La justice devient le bras armé du négationnisme postcolonial », peut-on lire dans le texte, qui accuse le tribunal de Dschang de vouloir « servir de bouclier à ceux qui refusent d’assumer les crimes d’hier ».
L’affaire a pris une tournure encore plus controversée lorsque le ministre délégué Jean de Dieu Momo a publiquement soutenu les plaignants avant même le verdict, évoquant les “héros méconnus” de la guerre d’indépendance.
🧠 Une bataille pour la mémoire nationale
Pour Soh Charles, le procès dépasse la simple question juridique :
« Il s’agit de refuser au Cameroun de regarder son histoire en face, avec ses zones d’ombre et ses cicatrices. »
Plusieurs observateurs y voient un dangerux précédent pour la liberté de création et la recherche historique au Cameroun.
Le documentaire incriminé, diffusé depuis avril 2025, retrace le rôle de Penka Michel, figure controversée liée à la période de la décolonisation, et questionne les récits officiels du pouvoir sur la résistance locale.
Les associations promettent de faire appel, tout en maintenant la diffusion des travaux à l’étranger.
« L’histoire ne se juge pas ; elle se raconte », conclut un communiqué lu à Radio Bansoa FM.
🕊️ Une question d’honneur et de vérité
L’affaire Penka Michel soulève des enjeux profonds : la liberté d’expression, la mémoire des résistances et la place du colonialisme dans le récit national.
Entre les partisans du silence et ceux du devoir de mémoire, le Cameroun semble à la croisée des chemins.
L’histoire de Penka Michel doit-elle être enterrée par les tribunaux ou débattue par les historiens ? Le débat ne fait que commencer.




