Lors de sa visite au Cameroun, le Sénateur des français d’étrangers Jean Yves Leconte aura réussi d’après ses informations à faire plier l’échine à Laurent Esso, principal torpilleur de l’affaire depuis la Présidence de la République lorsqu’il était encore en poste comme Secrétaire General de ce côté.[pagebreak]L’on sent désormais la pression s’inverser dans cette affaire. La France plus qu’au parfum de toute l’affaire désormais attend dans quelques jours le verdict du Tribunal Criminel Spécial dans le cadre de l’inculpation de son ressortissant Lydienne Yen Eyoum.
Lors de sa visite en terre camerounaise, le sénateur Jean Yves Leconte s’exprimant devant la presse nationale n’y est pas allé du dos de la cuillère pour expliquer de fond en comble la situation déjà connue dans cette affaire. Fustigeant l’Opération Epervier qu’il estime être aveugle, le sénateur français aura réussi à faire bouger plusieurs lignes après un entretien avec Laurent Marie Esso, Ministre Camerounais de la justice et garde des sceaux. Dans ses propos une assurance à peine dévoilée sur l’issue de l’Affaire Lydienne Eyoum qui se poursuit au Tribunal Criminel Spécial.
Le Sénateur Français qui n’a pas voulu frontalement insinuer qu’en haut lieu de la République Française, cette affaire retient une attention particulière comme celle de Michel Thierry Atangana qui aura poussé dans ses derniers retranchements le Chef de l’Etat qui, par la signature d’un décret de commutation de peine a voulu se sortir d’un piège déjà tendu par la France. En quintessence voici les propos de Jean Yves Leconte en visite au Cameroun : « En tant que sénateur des français, je suis toujours préoccupé par la situation de Lydienne Eyoum. C’est la raison de mon passage cette fois-ci à Yaoundé. Si je suis allé plus loin dans ce dossier c’est parce qu’à force de l’étudier j’ai mes convictions dessus.
Vous avez aussi évoqué la situation de Monsieur Foumbi que je ne connaissais pas avant. Mais que l’ambassadrice a évoqué lors de notre audience avec le Ministre de la justice. Lors de celle-ci le Ministre Laurent Esso a remis une lettre à l’ambassadrice qui confirme les possibilités d’une démarche pour étudier la situation sanitaire de Monsieur Foumbi. Je pense donc que de ce point de vue la situation de ce compatriote qui est actuellement effroyable car j’ai vu quelques photos et lu quelques analyses et confirme qu’il est dans l’impossibilité d’être conscient, de prendre la parole pour se défendre étant constamment inconscient. J’ai compris qu’il a besoin d’être soigné.
Je crois que ce qui a été fait hier (lors de l’audience avec Esso Laurent) dans le cas de Foumbi donne de bons espoirs.
Pour refaire un passage par la France, je préciserais qu’il a été voté à l’Assemblée Nationale une loi sur la lutte contre la récidive et l’application des peines en France. Parmi cette réforme, il y a la volonté affirmé de faire en sorte que la prison soit un outil utile pour la société c’est-à-dire que c’est un individu qui a fauté dans la société et doit passer par la prison ; le cas échéant il ne faudrait pas que les prisonniers soient victimes de cette prison qui devrait les rééduquer et les réinsérer dans la société. C’est l’objectif de cette loi. Je préciserais que nous sommes en train d’envisager de limiter l’usage de la prison aux peines les plus lourdes. Ensuite permettre à la détention préventive d’être encadrée et surveiller à chaque fois par un juge des libertés et de la détention. Je reviens sur ce sujet parce que lors de nos débats cela est le plus souvent revenu. Lorsque j’arrive à la prison de Yaoundé et que je vois sur le tableau 4 000 prisonniers, 3 999 personnes sous écrous exactement dont 2 749 prévenus donc non condamnés et 1 099 condamnés définitivement et 125 plus 45 qui sont en appels ou en cassation, je dis voilà par rapport au débat que nous avons eu en France. Si je passe par là je dirais également que Lydienne Eyoum est en prison en détention préventive depuis 4 ans. J’ai vu à la prison de Yaoundé des gens qui sont aussi détenus depuis plusieurs années en détention préventive par exemple un jeune qui est rentré mineur et qui jusqu’aujourd’hui n’est pas jugé. Voilà ces préoccupations qui ne voudraient accuser quiconque. En venant ici (Cameroun) rencontrer Lydienne Eyoum c’est un choc.
En rappel, les arguments qui ont été donnés dans son cas à savoir le dépôt de plainte en France qui a été validé par le Cour de cassation en France et fera l’objet d’une commission rogatoire pour détention arbitraire. Compte tenu du fait qu’elle est détenue depuis plus de 18 mois en détention dans une prison. Je rappelle que l’état de détention arbitraire avait été confirmé pour le cas de Michel Thierry Atangana et que le code de procédure pénal camerounais ne laisse aucun doute sur la question car Lydienne Eyoum est aussi en détention hors des délais prévus. De ce point de vue, il y a une base à la démarche qui a été engagée en France. J’ai aussi évoqué la lettre que l’actuel Ministre de la justice avait envoyée lorsqu’il occupait les fonctions de Secrétaire General de la Présidence de la République qui confirme la possibilité d’engager une instruction et de mettre en détention préventive l’ancien Ministre des Finances (Polycarpe Abah Abah ndrl) et Mme Eyoum Yen Lydienne. J’ai posé la question au Minjustice sur la marge de manœuvre qu’avait la justice ou s’il suffisait seulement d’un tel courrier venant de la Présidence de la république. Au-delà de ça, j’observe une chose qui m’étonne aussi car j’ai compris que cette opération a été lancée dans le cadre d’une opération épervier de lutte contre la corruption. Mais l’Epervier est aveugle parce qu’en réalité de quoi s’agit-il ? Mme Eyoum Yen Lydienne était au service du Ministère des Finances défendant les intérêts du Cameroun et de son Etat vis-à-vis d’une banque en l’occurrence la Société Générale. Elle a fait son office pour défendre les intérêts du pays. Dans son travail, elle a obtenu la saisie de la part de la justice du Cameroun qui a considéré comme légitime la démarche. Il y a eu ensuite un arrangement à l’amiable validé à posteriori en défaveur de l’Etat camerounais. Je ne vois en quoi on peut le lui reprocher. En tout état de chose, ce qu’elle a fait en permettant à l’Etat d’obtenir plus de moyens que la décision permettant de casser par la volonté de ceux qui aujourd’hui l’ont mis en détention provisoire, est louable. Donc en parlant dans son cas de lutte contre la corruption au regard de son incarcération, j’ai du mal à comprendre. Elle a défendu les intérêts de l’Etat et si l’on avait laissé faire, l’Etat du Cameroun aurait plus de moyens. Quant à la question des honoraires et c’est là où il y a lueur d’espoir, chaque corps lorsqu’il est attaqué se défend, la justice camerounaise aussi ; alors dans le cadre de l’affaire du port autonome de Douala par exemple la Cour Suprême a été très claire en donnant un arrêt sur les poursuites envers les avocats sur les questions d’honoraires en indiquant qu’il ne pouvait constituer un crime de détournement. Donc, cet arrêt de la plus haute juridiction de l’Etat, protège la justice parce qu’elle protège les avocats. C’est une lueur d’espoir parce que si une telle décision la plus haute juridiction s’applique dans le cas du Port autonome de Douala, il en va de soi que tous les espoirs soient permis. »
Les juges du tribunal criminel spécial auront-ils le courage de condamner Lydienne Eyoum après un tel argumentaire ? Dans tous les cas, pour les français désormais, inévitablement la culpabilité de leur ressortissante saute aux yeux et devrait à partir des arguments en leur possession permettre une relaxation. Dans l’attente du verdict dans les prochains jours du côté du TCS, l’espoir vient de remplir la maison des proches de Lydienne Eyoum Yen. Affaire à suivre.