Cameroun: Le très discret époux de Mme Mboutchouang Rosette

C’est l’homme par qui Bandenkop sera le centre nerveux politique de l’Ouest ce week-end. Ce 25 février, tout ce que l’Ouest compte de hauts commis de l’Etat en activité ou rêvant de l’être etaient à Bandenkop à la faveur des funérailles de Mme Mboutchouang Rosette Marie dit Mefé Siligap.
A cette occasion, on aura connu son successeur selon la pure tradition Bamiléké dans laquelle les liens du mariage l’ont poussée. Des moyens importants de l’Etat ont été débloqués pour réussir cet évènement. Des élites de la région, qui ne ratent jamais une occasion de montrer qu’elles ont de l’argent se cotisent aussi pour accompagner « dignement » les funérailles de Mefé Siligap. A côté de la résidence de la défunte, les Bandenkop à travers leur comité de développement le Codenkwop, ont même érigé une statue à la mémoire de la défunte, ce qui s’ajoute au boulevard qui porte son nom à Bangou dont elle était maire. Bref, ça bouge beaucoup ces jours et certains vont peut-être oublier qu’il ne s’agit que d’une cérémonie privée qui n’aurait pas été possible si l’époux de la défunte ne l’avait pas voulu formellement. A la vérité, s’il avait à choisir, les funérailles de son épouse ne se passeraient pas comme on va le voir. Dès le départ, Ernest Mboutchouang est un homme très discret. Il a toujours été comme cela jusqu’à ce que les projecteurs de la célébrité ne le rattrapent. Il avait aimé une femme et ne demandait qu’à filer le plus anonyme des amours avec elle jusqu’à ce que le sort n’en décide autrement. Sa belle fille Chantal Vigouroux allait rencontrer sur son chemin le Président de la République. Ce dernier allait en faire son épouse, changeant du même coup son statut et celui de son épouse. Depuis lors, il ploie sous mille et une sollicitations qui sont autant de tourbillons qui le secouent. Tous les grands de l’Ouest qui ont voulu avoir les faveurs de la famille présidentielle ont tenté d’en faire un ami ou un partenaire d’affaires. Sans succès. Cela avait commencé au début des années 90 par les défunts Tchouta Moussa et Françoise Foning et cela continue aujourd’hui. Mais ceux qui ont réussi à leurs fins ne peuvent pas dire qu’ils sont passés par lui. Ce n’est pas son truc ! Les trafics d’influence, les facilitations en contact et autres  » relations publiques « , ce n’est pas son affaire. Lui, c’est la discrétion dans sa vie. On ne l’a jamais vu prononcer un discours en public. Il gère juste la célébrité de son épouse et celle de sa belle-fille qui le soutient avec le grand cœur qu’on connait. Lorsqu’il a fallu anoblir son épouse en avril 1994, il avait dans la foulée été élevé à la dignité de  » Sop Siligap  » pendant que sa femme était faite  » Mefé Siligap « . En le présentant à son épouse qu’il voulait rassurer, le chef Bandenkop avait alors dit dans son discours.  » Madame, n’ayez pas peur de celui que vous avez épousé, c’est un Bandenkop, village où chaque famille a plusieurs femmes qui viennent d’ailleurs. Et les Bandenkop sont des maris exemplaires qui se fachent une ou deux fois l’an quand c’est nécessaire.  » (Cf S.M.Feze Ngandjong Marcel dans Ouest Echos n° 10 du 26 avril 1995 page 4). Une présentation qui avait plu à Mboutchouang Ernest. En tout cas, c’est la seule fois qu’on l’avait vu rire en public. Lor des obsèques de son épouse, le monde entier l’avait vu tout éploré aux bras de la première dame du Cameroun et c’est elle qui le consolait de la mort de sa mère. Il se savait observé et n’avait pris aucune décision sur le lieu de l’inhumation de son épouse. Sa belle fille et le protocole d’Etat avaient décidé pour lui. Les funérailles de ce 25 février semblent donc une session de rattrapage pour sa belle fille et le protocole d’Etat qui s’investissent comme pour lui redonner une dignité que d’autres pensent qu’on lui a enlevée. Personne ne dira jamais ce que lui-même en dit. Il est la discrétion faite homme.

M.E.P.

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