Cameroun : Cavaye Yeguie Djibril, l’inamovible président de l’assemblée nationale reconduit

CAVAYE YEGUIE DJIBRIL

32 ans de règne sans partage, un record de longévité qui interroge

C’est une nouvelle qui ne surprendra personne dans le landerneau politique camerounais. Comme le révèle en exclusivité 237online.com, votre site d’information de référence, Cavaye Yeguie Djibril a été reconduit à la présidence de l’Assemblée nationale, fort de 143 votes en sa faveur sur 156. Un plébiscite sans appel pour celui qui règne sans partage sur l’institution depuis 1992, après y avoir été adoubé par le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti au pouvoir. Un record de longévité qui force le respect, mais qui soulève aussi des interrogations sur le renouvellement de la classe politique camerounaise.

51 ans de vie parlementaire : Retour sur un parcours hors norme

Pour comprendre ce destin d’exception, il faut remonter plus d’un demi-siècle en arrière. C’est en effet le 7 juin 1970 que Cavaye Yeguie Djibril fait son entrée à l’Assemblée législative du Cameroun. Un premier pas qui marque le début d’une longue et remarquable carrière parlementaire. Élu député de l’Union nationale camerounaise (UNC) en 1973, il gravit patiemment les échelons, occupant les fonctions de questeur du bureau de l’Assemblée nationale de 1973 à 1983, puis de 3ème vice-président de 1983 à 1988. Après une courte pause, il revient en force en 1992, et s’installe dans le fauteuil de président, qu’il n’a plus quitté depuis.

L’homme du président, l’allié indéfectible du RDPC

Cette longévité exceptionnelle, Cavaye Yeguie Djibril la doit en grande partie à sa loyauté sans faille envers le RDPC et son président national, Paul Biya. Homme de confiance du chef de l’État, il a su se rendre indispensable, faisant de l’Assemblée nationale un bastion inexpugnable du parti au pouvoir. Une allégeance qui lui vaut le soutien indéfectible de la majorité présidentielle, mais qui lui attire aussi les critiques de ceux qui voient en lui le symbole d’une Assemblée sous contrôle, simple chambre d’enregistrement des décisions de l’exécutif.

Un bilan contrasté : Entre stabilité institutionnelle et inertie démocratique

Comment, dès lors, évaluer le bilan de ces 32 années de présidence ? Les partisans de Cavaye Yeguie Djibril mettent en avant la stabilité institutionnelle qu’il a su incarner, dans un pays où la vie politique est souvent mouvementée. Ils saluent son expérience, sa connaissance fine des rouages parlementaires, sa capacité à bâtir des consensus. Mais ses détracteurs, eux, dénoncent une Assemblée sclérosée, figée dans des rituels immuables, peu encline au débat contradictoire et à l’initiative parlementaire. Une inertie qui, selon eux, contribue à affaiblir la vitalité démocratique du pays.

La question qui fâche : Quid du renouvellement de la classe politique ?

Au-delà du cas Cavaye Yeguie Djibril, c’est la question du renouvellement de la classe politique camerounaise qui se pose avec acuité. Avec un président de la République au pouvoir depuis 1982, un président de l’Assemblée nationale inamovible depuis 1992, et de nombreux caciques solidement installés dans leurs fiefs électoraux, le paysage politique camerounais donne parfois l’image d’un monde figé, où les alternances sont rares et les nouveaux visages peinent à émerger. Une situation qui ne peut qu’alimenter la défiance des citoyens envers leurs représentants, et nourrir le sentiment d’une démocratie confisquée.

Vers une assemblée plus ouverte et plus représentative ?

Face à ce constat, de nombreuses voix s’élèvent pour appeler à une Assemblée plus ouverte, plus représentative de la diversité de la société camerounaise. Cela passe par des réformes institutionnelles, comme la limitation du nombre de mandats ou l’introduction d’une dose de proportionnelle, mais aussi par un changement de culture politique, valorisant davantage la compétence, l’initiative et le renouvellement. Un défi immense, qui ne pourra être relevé sans une prise de conscience collective et une volonté politique affirmée.

En reconduisant Cavaye Yeguie Djibril, l’Assemblée nationale a choisi la voie de la continuité et de l’expérience. Mais elle ne pourra faire l’économie d’une réflexion en profondeur sur son rôle et son fonctionnement, si elle veut regagner la confiance des citoyens et peser dans le débat démocratique. 237online.com, votre média citoyen engagé, suivra avec attention et impartialité les prochains développements de cette institution cruciale pour l’avenir du Cameroun. Car c’est au cœur de l’hémicycle que se joue, en grande partie, la qualité de notre vie démocratique.

Par Christelle Nana pour 237online.com

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