Cameroun – Essimi Menye: un incompris à l’abattoir

Si l’on s’en tient aux articles de presse de ces derniers temps, Lazare Essimi Menye est simplement l’incarnation du diable.
On associe son nom à toutes sortes de grandes et petites combines, à toutes les malversations, on le couvre de tous les péchés de la terre. On l’a jugé et déjà condamné durement. On en oublie presque ce principe élémentaire: tout accusé est présumé innocent tant qu’il n’a pas été déclaré coupable. Cela vaut pour Al Capone comme pour le citoyen Tartempion. Cela vaut aussi pour Essimi Menye. Ceux qui l’accablent aujourd’hui oublient tous les services qu’il a pu rendre à ce pays. Les gens ont la mémoire courte. Personne ne se souvient plus que ministre des Finances, M.Essimi a donné une impulsion déterminante au monde des affaires en assurant les paiements réguliers des factures. Il l’a fait sans verser dans des «camerouniaiseries» du style 30% de pots de vin. Ancien des institutions financières de Bretton Woods, Essimi Menye a apporté clarté et rigueur financières au MINFI. Pourtant l’affaire n’était pas simple puisque les habitudes ont la peau dure. Les affaires de corruption sont légion aux Finances. Essimi Menye n’a pas tué l’hydre de la corruption, mais le mal a singulièrement diminué quand il était aux affaires. Il a aidé les retraités en donnant corps à la décision de faire payer la moitié du salaire en attendant la pension.
Auparavant, dès qu’un fonctionnaire ou un agent public prenait sa retraite, on lui coupait les vivres. Carrément. S’en suivait alors une période de disette, de mendicité. Certains agents en mouraient.
Le ministre Essimi a voulu par ailleurs sauver une banque, donc l’épargne des citoyens. On lui en a voulu comme si l’argent dégagé tombait dans sa poche.
On lui doit aussi la relance de Camair co alors que le ministre des Transports d’alors Bello Bouba ne faisait que mâcher la kola en buvant du thé.
À l’agriculture, M. Essimi s’est investi corps et âme. Il a lancé l’agriculture de 2e génération‐ Il a prêché par l’exemple. On l’a vu, manches retroussées, bottes aux pieds sillonner les champs encourageant ici ou là les agriculteurs. C’était une véritable machine à idées. Il rêvait de transformer et de conserver le manioc et tant d’autres produits locaux. Il était tout entier occupé à impulser l’agriculture camerounaise et n’avait ni le temps ni l’envie de se mêler aux petites batailles de positionnement. La politique pour lui signifiait faire quelque chose qui aide le pays à avancer, poser des actes pour le développement. Ce n’était pas les crocs en jambe, les intrigues, les coups bas. Il a sans doute intégré cette phrase qu’on prête à Martin Luther King: si tu dois être un balayeur sois un excellent balayeur de telle sorte qu’un jour, on dise de toi, ici a vécu un excellent balayeur.

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