Cameroun – Balance commerciale: redresser la barre

Selon le Rapport de l’exercice 2013 sur la situation et les perspectives économiques, sociales et financières du Cameroun au premier semestre et en glissement annuel, le déficit commercial se creuse et représente désormais plus de 602 milliards de francs ; la couverture des importations par les exportations étant de 67,2 %. Une analyse rapide permet de constater que les importations des denrées alimentaires ont pesé lourd dans ce déficit, avec en première ligne le riz, la farine, le poisson, les huiles végétales. Hormis les équipements, le point commun entre tous ces produits c’est le fait qu’ils peuvent être produits localement si le Cameroun s’en donne les moyens. Si on peut se consoler du fait que l’actuel déficit est en retrait par rapport à l’année 2011 où il frôlait les 1000 milliards de francs, le niveau actuel reste tout de même préoccupant compte tenu des multiples exigences à remplir pour impulser une croissance durable à l’économie camerounaise et générer par ricochet des nouvelles richesses indispensables au financement des projets structurants déjà lancés ou en cours. Certes, on n’ira pas jusqu’à préconiser l’autarcie au moment où le Cameroun finalise le contrat de partenariat avec l’Union européenne dans un contexte de mondialisation galopante. Le volume du commerce mondial a triplé au cours des vingt dernières années, mais cette évolution a surtout profité aux pays industrialisés ou émergents dont l’offre des biens et services est plus importante en quantité comme en qualité. Pour tirer leur épingle du jeu, les pays pauvres doivent produire plus et mieux.
Dans tous les pays, l’équilibre de la balance commerciale est au centre des politiques macroéconomiques. A défaut d’être excédentaire, une balance commerciale équilibrée est un indicateur du dynamisme du secteur productif, de la capacité d’un pays à produire et exporter des biens et services pour mieux s’intégrer dans le commerce mondial. Le classement par la Banque mondiale des pays par l’importance du produit intérieur brut (Pib) fait clairement ressortir que les dix premiers figurent parmi les plus gros pays exportateurs de la planète. C’est dire que la capacité d’un pays à vendre à l’extérieur les fruits de son savoir-faire reste une donnée incontournable dans la richesse et l’émergence des nations. Adam Smith, le célèbre économiste anglais, reconnaissait lui-même le rôle-clé du commerce international dans le processus d’accumulation. Plus vous exportez et mieux vous gagnez les précieuses devises. Si l’état de la balance commerciale révèle certains dysfonctionnements de la structure économique globale, elle ne résume pas toutes les faiblesses structurelles. Une balance commerciale déficitaire ne signifie pas automatiquement qu’un pays est en situation de banqueroute. Cela veut dire simplement qu’il vit au-dessus de ses moyens. Des grandes puissances économiques comme la France, la Grande Bretagne ou les Etats-Unis sont depuis longtemps dans cette situation sans que les fondamentaux de leur économie soient menacés. Mais contrairement aux pays en développement, ces vieilles nations industrielles, à la pointe de l’innovation technologique, produisent des biens à très haute valeur ajoutée.
Première puissance économique de la zone Cemac, le Cameroun ne saurait se contenter de vivre en grande partie des importations. Il faut redresser la barre en résorbant le déficit. La fameuse théorie des avantages comparatifs nous apprend que dans un contexte de libre-échange, si un pays donné se spécialise dans la production pour laquelle il dispose de la meilleure productivité comparativement à ses partenaires, il aura plus de possibilités d’accroître sa richesse nationale. Partant de ce principe, le Cameroun semble présenter les meilleurs atouts. Riche de ses sols, de son sous-sol, de ses forêts, de ses immenses étendues d’eau, le Cameroun pourrait devenir à moyen ou à long terme, un acteur majeur dans la production des céréales, du poisson, de la viande, du textile, de l’aluminium, etc. Pourvu qu’il s’en donne les moyens en s’inspirant des « dragons » asiatiques, en densifiant les maillons d’un tissu économique tourné en priorité vers la conquête des marchés extérieurs.

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