Vers un probable conflit entre l'Hexagone et le Cameroun? :: Cameroon

Le Cameroun qui a une réputation sur le double plan international et diplomatique de «pays sans problème», en raison de son flegme à la limite de l’effacement va-t-il entrer lui aussi dans le cycle infernal des pays africains que la convoitise des grandes puissances installe souvent dans le trouble et l’instabilité ? Plaise à Dieu que cela n’arrive jamais, mais quelques signes précurseurs dévoilés par les derniers développements de la crise politique qui sévit en République Centrafricaine laissent à penser que les choses peuvent ne pas toujours aller dans le sens souhaité. C’est ainsi que sont appréhendées quelques informations fusant ça et là, émanant quelques fois de sources dont il est difficile de douter de la fiabilité, sur un probable désaccord larvé entre l’hexagone et le pays du « Char des dieux », au sujet d’une possible installation d’une base militaire française au Cameroun. De Préférence dans le Septentrion, apprend-on.

Cette éventualité ne serait pas pour plaire à Yaoundé, qui depuis l’indépendance, et nonobstant les accords de défense secrets ou officiels passés avec la France s’est toujours montré très sourcilleux sur la question : des consultants et autres experts français en techniques et politique de défense au Cameroun, oui, mais une base militaire comme au Tchad, au Gabon, à Djibouti ou même en Rca, non ! Telle a toujours été en tout cas la position du Cameroun, et c’est même l’un des points à mettre à l’actif de nos dirigeants dont on décrie pourtant les nombreuses compromissions avec l’ancienne puissance tutrice au détriment du peuple. Et il semble que les autorités camerounaises veulent que la France s’en tienne à cela. Sans plus.

Le Cameroun veut sa vraie indépendance, la France résiste?
Sauf que, du moins selon nos sources, la France évoquerait les récentes incursions itératives des rebelles centrafricains à l’Est du Cameroun qui ont fait de nombreux dégâts matériels et humains et les tout aussi récents enlèvements de citoyens français sur notre sol par de présumés éléments de la secte Boko Haram pour appuyer sa volonté « d’aider en permanence » le Cameroun en installant ses militaires ici. Ce qui inquiète d’autant les Camerounais qu’ils savent quel rôle le 43ème Bataillon d’Infanterie de Marine des Troupes Françaises stationnées en Côte d’Ivoire (plus connu sous son acronyme 43ème BIMA) a joué dans ce pays pour la déstabilisation de 2002 à 2011 du régime de Laurent Gbagbo.

C’est à juste titre donc que les partisans du président Biya qui ont conscience du fait que les contestations tantôt bruyantes, tantôt timorées de l’opposition après chaque consultation populaire font peser une plus ou moins lourde hypothèque sur la légitimité du régime de Yaoundé, craignent que « l’aide » militaire française d’une telle nature ne soit qu’un tremplin pour permettre à la France de régler son compte aux dirigeants Camerounais qui manifestent de plus en plus leur volonté de rompre avec la pesante tutelle du pays de François Hollande. Une volonté de se démarquer qui se matérialiserait par l’option prise depuis un certain temps de renforcer la coopération entre le Cameroun et des pays asiatiques comme la Chine dans de nombreux domaines dont les travaux publics, l’exploitation pétrolière, l’acquisition d’aéronefs…

L’idée avancée aussi par certains que le Cameroun puisse recourir à la Chine dans le cadre de sa politique de défense apparaitrait aux yeux de la France comme une manière d’agiter le torchon rouge à la face d’un taureau. Et comme partout ailleurs, où la France croit avoir établi un pré-carré, Paris entendrait reprendre le contrôle de la situation. Or en pareille occurrence, rien n’est exclu.

Démenti formel mais non officiel
Ces informations qui nous ont été fournies par des sources crédibles ont cependant été démenties par une source militaire elle aussi crédible, qui affirme qu’il n’en a jamais été question : « Le gouvernement a accepté que le Cameroun serve de base arrière à la force militaire qui devait intervenir en RCA, parce que la guerre civile centrafricaine commençait déjà à avoir de sérieuses répercussions sur notre pays, au risque d’engager le Cameroun dans une guerre contre les Centrafricains qui auraient été interprétée par l’opposition armée, c’est-à-dire les rebelles, comme une ingérence dans leurs affaires intérieures » a expliquer notre interlocuteur qui a bien sûr requis l’anonymat.

Et d’ajouter « Ce ne sera pas le cas si c’est une force multinationale à laquelle participe le Cameroun participe bien sûr, qui vole au secours de la Centrafrique pour arrêter le carnage qui est en train d’y sévir. Mais en dehors de ce coup de main que nous avons accordé aux forces françaises, dans l’intérêt bien entendu du Cameroun qui peut y gagner dans le cadre de la sécurisation du trafic routier sur le corridor Douala-Bangui, il n’a même jamais été question que la France envisage seulement d’installer une base militaire au Cameroun ».

On peut bien rétorquer à notre général que la France dispose en RCA, à Bangui notamment, de plus de 1200 soldats qui y sont dans le cadre de l’opération de soutien de la mise en place de la première force multinationale africaine en Centrafrique (FOMUC) de la CEMAC, et de bien d’autres forces et que les soldats de l’opération Epervier (plus de 1000 hommes) sont encore stationnés au Tchad qui donne aussi un accès plus facile à la Centrafrique, que la France n’aurait pas eu besoin de recourir à la base arrière Cameroun. Mais peut-être faut-il s’en tenir à ses explications.

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