Cameroun – Carburant et Gaz Domestique: Désaccord entre l’Etat du Cameroun et les bailleurs de fonds





Les institutions financières internationales demandent au Cameroun de procéder à une nouvelle hausse des prix, et menacent de ne plus aider le pays si ses dirigeants ne s’exécutent pas. De son côté, le gouvernement camerounais campe sur sa position.[pagebreak]La plupart des Camerounais rencontrés estiment que certains syndicats et autres associations de consommateurs n’ont pas intérêt à aller contre les décisions des pouvoirs publics de réajuster les prix des produits pétroliers raffinés à la pompe. Pour ces nombreux Camerounais, il n’est pas normal qu’au moment où le gouvernement mène déjà un bras de fer avec les bailleurs de fonds en soutenant les flambées des prix, que ce soit encore les mêmes compatriotes qui, sur le plan local, comptent projeter le spectre des grèves, pour embraser le pays. Car, il faut le dire, c’est à un véritable duel auquel se livrent en catimini, les bailleurs de fonds et le gouvernement camerounais, depuis des années. En effet, malgré le réajustement des prix du litre de supercarburant qui est passé de 569 à 650 Fcfa, et celui du gasoil de 520 à 600 Fcfa ainsi que celui de la bouteille de gaz domestique de 12,5kg, de 6000 à 6500 Fcfa, les bailleurs de fonds trouvent à redire.
Le Fonds monétaire international (Fmi), la Banque mondiale (Bm)… exigent, en réalité, que le supercarburant soit vendu au moins à 820 Fcfa le litre, le gasoil à 760 Fcfa le litre, le pétrole lampant à 450 Fcfa le litre et le gaz domestique à 8000 Fcfa. Position que ne partagent pas les autorités camerounaises qui sont quant à elles, décidées à ne pas se plier, quoi qu’il en soit, aux exigences des institutions financières internationales. L’alibi est tout trouvé pour l’Etat. Selon les autorités de Yaoundé, le réajustement des prix des carburants et du gaz domestique «répond à la nécessité de prendre en compte l’augmentation continue des cours du pétrole sur le marché international et de réduire la charge toujours plus forte sur le budget de l’État, de la subvention des prix du carburant qui prive la communauté nationale des ressources nécessaires à la réalisation de nombreux projets sociaux, éducatifs et infrastructurels.» Traduction: la hausse du prix des carburants et du gaz domestique était donc inévitable. Ce d’autant plus que l’Etat du Cameroun investit déjà énormément en termes de subventions des produits pétroliers. En effet, et selon des chiffres crédibles, le prix du baril de pétrole depuis 2008 n’a cessé de grimper sur le marché international. Et de 2008 à 2013, par exemple, la prise en charge en matière de subvention, a coûté plus de 1200 milliards de Fcfa aux caisses de l’Etat, et 157 milliards de Fcfa pour les six premiers mois de l’année en cours. Pour la seule année 2011, le niveau desdites subventions était de 323 milliards Fcfa, soit près de 14% du budget de l’État et environ 60% de la masse salariale de la fonction publique. En se référant cette fois au budget de l’Etat de l’année en cours, on comprend que les fonds alloués pour la subvention des prix des produits pétroliers sont énormes. Pour des analystes, cet argent pourrait bien servir à boucler plus d’un projet structurant. Avec un tel pactole, soutiennent-ils, le Cameroun aurait parachevé les 10 projets d’envergure. On pense notamment au Port en eau profonde de Kribi, phase 1 (244 milliards de Fcfa), la construction de 1500 logements sociaux (33,5 milliards de Fcfa), les stades de Bafoussam et de Limbe (17,870 milliards de Fcfa), l’hôpital gynéco-obstétrique de Douala (3,7 milliards de Fcfa), l’autoroute Yaoundé-Nsimalen (48 milliards de Fcfa), l’adduction d’eau de Douala, phase Il (50 milliards de Fcfa), la construction de l’autoroute Yaoundé-Douala (250 milliards de Fcfa), la réhabilitation du barrage de Lagdo (38 milliards de Fcfa), la construction de la Ring Road (200 milliards de Fcfa), ainsi que l’adduction d’eau potable à partir du fleuve Sanaga phase I (200 milliards de Fcfa). Une façon de dire que tout cet argent affecté à la subvention des produits pétroliers peut être consacré aux projets dont l’utilisation va profiter aux Camerounais, sans recourir à un quelconque endettement. «Il n’est donc pas normal que le Cameroun emprunte de l’argent auprès des usuriers de Bretton Woods pour son développement, alors que dans le même temps, l’Etat dépense des centaines de milliards de Cfa pour subventionner les produits pétroliers. Au final, ce sont les Camerounais qui paient la note», pense un observateur. Dans l’esprit du récent communiqué du gouvernement, il fallait donc tenir compte de la situation actuelle du secteur des hydrocarbures aussi contrastée qu’incertaine sur le marché mondial (quand on sait, il faut le dire, que le Cameroun importe le pétrole brut pour être raffiné à Limbe, à la Société nationale de raffinage (Sonara), le brut camerounais n’étant pas de très bonne qualité, et surtout, n’étant assez adapté aux installations de la Sonara) et dans le même temps atténuer les nouvelles charges qui pourraient en découler. Raison pour laquelle, il est prévu dans un avenir proche, quelques mesures dont une réduction de 50% du montant de l’impôt libératoire, de la taxe de stationnement et de la taxe à l’essieu, la revalorisation des salaires des agents publics et le début immédiat des concertations paritaires, en vue de la revalorisation du Smig.

Mission du Fmi.
Dans un communiqué de presse n° 12/181 du 17 mai 2012, le Fmi recommandait déjà de réévaluer la politique en matière de subvention aux carburants. Une mission du Fmi, dirigée par Mario de Zamarôczy ayant séjourné au Cameroun du 2 au 16 mai 2012 pour mener à bien les consultations de 2012 au titre de l’article IV, s’était justement penché sur la question. Après avoir rencontré le Premier ministre, Philemon Yang, le ministre secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, le ministre des Finances (Minfi), Alamine Ousmane Mey, le ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), Emmanuel Nganou Djoumessi, plusieurs autres ministres, le directeur national de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), des hauts responsables et représentants du secteur privé, du monde du secteur privé, du monde syndical, des organisations de la société civile et des partenaires au développement, la mission Zamarôczy va préconiser une taxation du diesel, auquel, les classes aisées ont davantage recours pour leurs automobiles, notamment les gros 4×4

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