Cameroun – Discours: Paul Biya fait le bilan de la réunification

Présidant hier à la place de l’indépendance de Buea les manifestations du cinquantenaire, le Chef de l’Etat a revisité la trajectoire du pays ces 50 dernières années.
C’est en revêtant la tunique de maestro de circonstance que le Chef de l’Etat a clos son allocution hier à la place de l’indépendance de Bongo Square Buea, à l’occasion de la célébration du cinquantenaire de la réunification. Paul Biya entonne l’hymne national après avoir poussé un ouf de soulage-ment. «Nous voici donc enfin à Buea, pour célébrer le 50ème anniversaire de notre réunification. Comme les Anglais disent, mieux vaut tard que jamais», indique-t-il. La ville qui fut tour à tour capitale du Cameroun sous la colonisation allemande, du Southern Cameroon et du West Cameroon, après une longue période de préparation de cet événement, a donné l’occasion au Chef de l’Etat de dresser le bilan de la marche du pays depuis les indépendances jusqu’à nos jours.

Après avoir salué, sans les nommer, les pères de la réunification, le Chef de l’Etat a questionné le chemin parcouru ces 50 dernières années. «Durant les cinquante dernières années, nous n’avons pas eu la vie facile. A une douloureuse guerre civile a succédé une sévère crise économique. (…) le peuple camerounais a fait montre d’un courage exceptionnel et a déjoué les pronostics les plus pessimistes», relate le Chef de l’Etat. Après cette narration, il fait le bilan chiffré de l’évolution du pays dans les secteurs de l’éducation, la santé, l’économie, les infrastructures, la démocratie et le progrès social.

Au moment de l’indépendance et de la réunification, énumère Paul Biya, c’est-à-dire après 70 ans d’occupation étrangère, 3% de Camerounais seulement étaient scolarisés, il n’y avait pas une seule université. «Aujourd’hui, notre taux de scolarisation, selon l’Unicef, est de 90%. Nous avons construit 15 123 écoles primaires, 2413 collèges et lycées. Et nous avons bâti huit universités», jubile-t-il. Quant à l’accès aux soins de santé, le Cameroun comptait 555 formations sanitaires en 1960. Ce chiffre est aujourd’hui de 2 260 structures dont 1920 centres de santé intégrés, 14 hôpitaux régionaux, 164 hôpitaux de district, etc., avec une nette amélioration de l’espérance de vie passée de 40 ans en 1960 à 52 ans aujourd’hui.

Parti de 621 kilomètres de routes bitumées en 1960, y compris les voiries, le Cameroun, selon le Chef de l’Etat, compte aujourd’hui près de 5200 kilomètres de routes bitumées voiries non comprises. L’on peut aussi brandir 21 aéroports dont quatre internationaux, un port fluvial présenté comme le plus important de la Cemac, un port maritime en construction. La création de l’emploi et des richesses à travers la mise en place d’un secteur privé dont les hommes ont participé à la création de milliers d’entreprises, est une victoire que le président affiche fièrement.

Mais à ce bilan élogieux, les hommes poli¬tiques répondent par un questionnement et des critiques. «Il est bon de dire que pour cette année 250 000 emplois sont à créer pour la jeunesse; je félicite d’ailleurs Paul Biya pour cela. Mais, on ne peut pas créer de l’emploi si on n’industrialise pas assez le pays», souligne John Fru Ndi, Président du Social democratic front. Pour ce qui est de la célébration en elle-même, le leader du Sdf indique qu’il y a une distorsion de l’histoire. «Nous célébrons les 53 ans de notre réunification et non les 50 ans. Et puis, comment peut-on parler de réunification sans voir les figures des pères de la réunification. Pendant le défilé, encore moins pendant son discours, je n’ai pas vu les figures d’Endeley, de Tandem Muna, d’Ahidjo, d’Anyangwe, de John Ngu Fonda et les autres. On est passé à côté du thème de cette célébration à mon avis. On n’a l’impression que Biya parlait de sa politique plutôt que de tout ce qui tourne autour de la réunification», tranche Fru Ndi.

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