Cameroun – Bras de fer: L’huile végétale Jadida continue de mijoter

L’Anor exige l’arrêt de la publicité autour de ce produit, la Coppeq, elle, s’appuie sur la validité de son certificat de conformité pour poursuivre sa campagne. La Coppeq, société importatrice de l’huile de soja Jadida produite par la tunisienne Medoil (filiale de Poulina Group Holding), a publié par voie de presse hier, un communiqué dans le but, dit-elle, d’éclairer la lanterne de l’opinion publique et des consommateurs de ses produits autour de ce qu’elle considère comme « une campagne d’intoxication et de désinformation sagement orchestrée par certaines personnes » sur cette huile végétale, et « dénonce ce complot visant à détruire la marque historique Jadida », autant qu’elle rassure tous les consommateurs sur la bonne qualité de ses produits. C’est que, en date du 05 février dernier, l’Agence des normes et de la qualité (Anor), a signifié par correspondance aux responsables de la Coppeq Sarl de suspendre la publicité autour du produit Jadida dans tous les médias nationaux, car elles incluent « des affirmations susceptibles d’induire les consommateurs en erreur (…), ce qui les expose sur le plan de la santé aux dangers liés non seulement à une mauvaise interprétation de ces publicités mais surtout à une mauvaise utilisation » de ces produits. L’Anor reconnaît dans cette lettre que le certificat de conformité de l’huile de soja Jadida délivré le 06 juin 2014 à la Coppeq l’a été « malgré les non-conformités jugées mineures par les experts ayant travaillé sur le dossier au regard des résultats des analyses effectuées ».
Cette même Anor qui, le 13 janvier 2013 (soit plus d’un an plus tôt), avait écrit aux ministres du Commerce et de la Santé publique pour les rassurer de ce que cette huile était conforme à la norme. Ce qui est à l’origine des pirouettes du bras séculier de l’Etat du Cameroun en matière de normes, c’est bien l’action engagée par l’Association des raffineurs d’oléagineux du Cameroun (Asroc). Qui avait réalisé une contre expertise ayant permis de déceler des indices de peroxyde et d’acide au-delà des prescriptions de la norme NC77 2002-03, Rév 1(2011) sur les huiles végétales enrichies à la vitamine A. Celle-ci prévoit en effet : « Une huile dont la teneur en acide a-linolénique est ≤ 2% est destinée à la cuisson et à la friture. Par contre, si cette teneur est ≥ 2%, cette huile est destinée à l’assaisonnement. De ce fait, l’étiquette portera respectivement la mention « huile de cuisson et de friture » ou « huile d’assaisonnement », comme l’expliquait récemment le secrétaire général de l’Asroc, Jacquis Kemleu Tchagbou, au cours d’un point de presse à Yaoundé.

Sérieux
Pour cette association, il n’est pas conseillé de cuire des pâtisseries avec l’huile de soja Jadida, qui contiendrait des substances cancérigènes. La Coppeq persiste et signe : « L’huile de soja Jadida est commercialisée dans plusieurs pays africains et occidentaux parmi lesquels : Le Sénégal, l’Angola, la Tunisie, la France, l’Espagne, les Usa, le Maroc, etc. ». Elle ne change pas sa position selon laquelle cette huile végétale régule le taux de cholestérol dans le sang, attenue le stress, accompagne fidèlement les végétariens et les végétaliens, est très efficace dans le traitement de l’eczéma et acné, diminue les risques de prostate, etc. Jusqu’à hier encore, la publicité sur l’huile de soja Jadida passait sur les antennes de la télévision nationale (la Crtv), en dépit des menaces de l’Anor d’annuler le certificat de conformité, entrainant ainsi la fin du droit de vente de ce produit sur le marché national et sous-régional. Une dizaine de jours après la sommation de l’Anor, les choses sont restées là où elles étaient avant le 05 février. A plus d’un titre, les méthodes de travail de l’Anor font problème. Cet organisme créé par le président de la République pour jouer le rôle de gendarme en matière de normes ne pas se lever un matin et affirmer qu’un produit commercialisé en territoire camerounais est conforme, et faire un revirement dans la soirée en révélant que le certificat de conformité a été délivrée en dépit des non-conformités jugées mineures par les experts ayant travaillé sur le dossier, après des dénonciations d’une association. Ça dénote un manque de sérieux de sa part, d’autant qu’il s’agit là d’un probable problème de santé publique. Les ministres de la Santé publique et du Commerce devraient y voir plus clair.

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