Cameroun – Opération épervier : Vamoulké s’explique sur les droits de retransmission de la Can 2010

Alice Nkom et Amadou Vamoulké

L’ancien directeur général apporte des précisions depuis hier sur les procédures d’acquisition par la Crtv des droits de retransmission des compétitions sportives, notamment la Can 2010 en Angola.

Avec un air serein, Amadou Vamoulké est assis dans le box des accusés ce 31 mai 2021. L’ancien directeur de la Crtv tient entre ses mains une paperasse. Ce prévenu s’appuie sur ces papiers pour répondre aux questions de Me Antoine Pondi, son avocat. C’est le début de son audition par ses conseils (examination in chief). Ce haut cadre de l’administration camerounaise en détention provisoire depuis juillet 2016 est en train de justifier les procédures d’acquisition des droits de retransmission par la Crtv des matches de la Coupe d’Afrique des Nations (Angola 2010) et plusieurs matches amicaux. Dans le rapport audit que le tribunal criminel spécial s’est appuyé pour inculper Amadou Vamoulké, il a été retenu un certain nombre de dysfonctionnement à l’instar du blanchiment et détournement en coaction d’environ 870.982.380FCfa, une somme destinée à un partenaire étranger pour l’acquisition par la Crtv des droits de retransmission des matches. Le rapport d’audit soumis au tribunal criminel spécial accuse Vamoulké de n’avoir pas fait un appel d’offres pour la retransmission des matches « Tirer un pareille conclusion dans un rapport laisse entendre qu’il y avait plusieurs coupes d’Afrique des nations en 2010. La Can est une compétition organisée par la Caf. L’argent a été viré dans un compte qui nous a été communiqué par le partenaire de la Caf. Les pays comme le Sénégal, l’Angola, la Côte d’Ivoire ont dépensé plus que le Cameroun. La personne qui bénéficie des droits de retransmission peut les commercialiser en sachant qu’il en détient le monopole », a expliqué Amadou Vamoulké.

Après plus de trois heures d’interrogatoire du prévenu, cette deuxième affaire pour Amadou Vamoulké a été renvoyée au 3 juin 2021 à 9h. Dans le cadre de cette affaire, deux avocats français ont pris part le 28 mai 2021 à l’audience du tribunal Criminel Spécial (Tcs). Me Epstein et Me Chouai sont ces deux conseils français venus renforcer l’équipe de défense. Me Alice Nkom, l’avocat d’Amadou Vamoulké a affirmé que les deux confrères de nationalité française sont venus à l’audience avec quatre jugements rendus par les tribunaux français contre l’expert désigné par la Crtv pour auditer sur la gestion de l’entreprise sous l’ère Vamoulké (2005-2016). L’expert « non assermenté », désigné par la Crtv avait été interdit d’exercer en France. Ce rapport d’audit est la seule pièce utilisée par l’accusation pour inculper Amadou Vamoulké dans le cadre de la deuxième affaire. « Le Cameroun étant lié avec la France par une convention judiciaire, une décision rendue dans les juridictions françaises est valable au Cameroun ».

Le 25 mai 2021, plusieurs organisations de la défense des droits de l’homme à l’instar du réseau des défenseurs des droits de l’homme en Afrique Centrale (Redhac), de Reporters sans frontières (Rsf) et Media Defence ont signé une pétition pour la libération de Vamoulké. Ces organisations dénoncent un harcèlement judiciaire dont Amadou Vamoulké est victime depuis son interpellation. Sa défense ne cesse de s’étonner du fait que leur client est maintenu en détention alors que les différentes pièces à charge fournies par le ministère public dans le cadre de la première affaire ont été rejetées. L’ancien directeur de la Crtv est inculpé par le Tcs pour deux affaires.

Prince Nguimbous

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