Cameroun: Quand 20% de perte d’énergie favorise les délestages

Les consommateurs d’énergie électrique rencontrés, le 23 mai dernier dans la capitale économique, avouent n’accorder que très peu d’intérêt aux consignes encourageant l’économie d’énergie au Cameroun.
Malgré la campagne initiée ces derniers temps par le concessionnaire du service public d’électricité au Cameroun, les mauvaises habitudes résistent. Pourtant, selon Energy of Cameroon (ENEO), éteindre la lumière quand on quitte une pièce ou les appareils en veille, dégivrez régulièrement les congélateurs et autres réfrigérateurs etc., sont autant de gestes simples qui doivent rythmer le quotidien des consommateurs. Seulement, très peu d’entreprises et ménages respectent lesdites consignes. Au quartier Akwa à Douala, Jeff Motassi, patron d’une PME qui emploie une dizaine de personnes, a mis ses appareils (ordinateurs, climatiseurs, etc.,) sous tension. Des lampes à incandescences brillent en plein jour et l’aire conditionnée frigorifie les lieux. « La piece n’est pas bien éclairée et aérée. Si je n’allume pas tout ce dispositif, la vie serait impossible ici », explique-t-il. En effet, les lampes des locaux de son entreprise restent allumées plus de 08 heures par jour, apprend-on. Pourtant, Jeff bien connait les consignes d’économie énergie électrique ; mais les ampoules économiques et autres gymnastiques des interrupteurs ne le motivent pas. « Je sais que si je veux payer une facture d’électricité à moindre coût, je dois utiliser rationnellement l’énergie. Je sais aussi qu’il faut éteindre dans les pièces inoccupées etc. Mais toute cette gymnastique me fatigue », confie-t-il. Selon une étude récente de la Banque Mondiale, 2/3 des entreprises camerounaises citent l’énergie comme une contrainte et évaluent à environ 5% de leur production, les pertes liées à l’instabilité du service électrique. Toute chose qui, cependant contraste avec les habitudes de consommation des uns et des autres. « Je n’ai pas trop l’habitude d’économiser l’énergie. Je fais mille choses à la fois, et il m’arrive très souvent d’oublier d’éteindre et de débrancher les appareils», essaye de justifier le patron de la PME. Pendant que certaines entreprises luttent encore avec leurs vieux démons, d’autres font par contre des audits énergétiques internes (secteur par secteur) et obtiennent des résultats plutôt satisfaisants. C’est le cas de l’entreprise parapublique Camtel qui, dans une correspondance adressée à ENEO et dont Le Quotidien de l’Economie a reçu une copie, montre une réelle économie d’énergie effectuée en son immeuble siège à Yaoundé en 2012. Cette année-là, l’entreprise avait alors réalisé une économie de 22 566 KWh sur sa consommation mensuelle ; la faisant passer de 200 445 KWh/mois à 177 879KWh/mois. Selon les experts, 10 à 20% de l’énergie électrique est gaspillée par les consommateurs. Et d’après la même source, cette énergie ainsi gaspillée peut immédiatement servir à alimenter en électricité un autre secteur sans interruption. Cela pourrait, apprend-on, aider considérablement à lutter contre les déles. D’après ENEO, le tages. Cameroun a une capacité installée d’environ 1 237 Mégawatts (MW), tandis que la croissance de la demande en électricité est de 7,5% par an. 237online.com Ce qui n’empêche pas que l’on enregistre 85 000 nouveaux clients qui sont connectés au réseau électrique chaque année. Soit un besoin en capacité supplémentaire de 800MW à 1000 MW, pour les cinq prochaines années. L’énergie étant essentiellement hydroélectrique, le réchauffement climatique ne favorise pas non plus sa production. L’économie d’énergie apparaît donc comme une solution importante pour résorber le déficit en énergie

Ruth Estelle Belinga

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