Cameroun: Les ex-otages de Lagdo attendus au tribunal militaire

Le maire et ses compagnons d’infortune devront raconter les circonstances de leur enlèvement.
Le maire de Lagdo et ses 10 compagnons d’infortune, pris en otage dans la nuit du 19 au 20 mars 2015 à Garou-Boulaï et libérés dans la nuit du 08 juillet 2016 en République centrafricaine, sont convoqués devant le tribunal militaire de Garoua, le 7 septembre 2016. 237online.com Ils y sont attendus comme témoins du tribunal pour délivrer leur version des faits sur les circonstances de leur enlèvement. Un témoignage que le tribunal a jugé déterminant pour rendre son jugement dans l’affaire qui oppose le ministère public à Mohamadou Danlamy, principal accusé et 11 autres, tous soupçonnés d’avoir activement participé à leur enlèvement. L’audience de ce 3 août 2016 était préalablement consacrée à l’audition de deux témoins du tribunal, dont le chauffeur qui avait conduit le maire de Lagdo, Mama Abakaï, la veille pour Bertoua. Mais à peine ouverte, le président du Tribunal militaire de Garoua a fait remarquer à toutes les parties que l’affaire venait de connaître un rebondissement avec la libération des otages de Lagdo, principales victimes dans le dossier. Très vite, il suggère aux deux parties que les victimes soient convoquées devant la barre. Une suggestion qui arrangera tout le monde. «Nous sommes là pour rendre la justice et nous devons exploiter toutes les possibilités qui nous sont offertes pour le faire. La date du retour des otages à Lagdo n’est pas encore connue, mais nous pouvons renvoyer au mois prochain en espérant que d’ici là, ils soient tous revenus pour venir nous dire ce qui s’est passé», a lancé le colonel Kengni aux deux parties. L’affaire a été ainsi renvoyée au 7 septembre 2016 sans la certitude que les ex-otages aient préalablement regagné leurs familles. Selon une source au tribunal militaire, l’affaire pourrait connaître plusieurs renvois jusqu’à ce que les victimes soient disponibles pour venir témoigner. Dans le box des accusés, Mohamadou Danlamy, seul accusé qui comparait détenu, très détendu, avec un large sourire qui ne l’a pas quitté un seul instant, a profité de l’ambiance bon enfant pour demander au président du Tribunal militaire pourquoi il continuait à le maintenir en détention. Ce dernier, en guise de réponse, lui a simplement indiqué que le chef d’accusation qui lui était imputé l’expose à une condamnation à mort ou à perpétuité; ce qui exclut de fait une possibilité de liberté provisoire. Dans la salle d’audience ce mercredi 3 août 2016, il n’y avait pas un seul membre des familles des ex-otages. Eux qui avaient pourtant pris l’habitude de toujours assister aux audiences de cette affaire. «C’est normal et compréhensible. Le seul intérêt qu’ils avaient dans cette affaire, c’était de comprendre en quoi le procès pouvait influencer la libération de leurs parents. Le sort de ces accusés ne les intéresse pas beaucoup. Ils sont nombreux qui auraient fait comme eux. Mais seulement, je crains qu’ils ne remplissent à nouveau la salle d’audience le jour où leurs parents comparaitront», indique un greffier du Tribunal militaire. C’est le 8 janvier 2016, soit près de 10 mois après l’enlèvement de Mama Abakaï et ses compagnons, que l’affaire Mohamadou Danlamy a été ouverte au Tribunal militaire de Garoua. Dans le rôle des audiences de ce jour, on pouvait y lire qu’ils sont poursuivis pour «Complicité d’acte de terrorisme, intimidations de la population, provocation d’une situation de terreur, contrainte d’une victime à accomplir ou à s’abstenir d’accomplir, à adopter ou à renoncer à une position…». Dans la même période, une source proche du commissaire du gouvernement faisait cette affirmation : «Après plusieurs mois d’enquête et des témoignages, de graves soupçons pèsent sur ces hommes (accusés, Ndlr). Ils auraient notamment eu de nombreux contacts avec les ravisseurs avant et après l’enlèvement des otages. Ils ont notamment contribué à fournir des informations aux ravisseurs. La justice s’emploie maintenant à démontrer toute leur implication dans cette affaire». L’affaire des otages de Ladgo est donc loin d’être terminée.

INNOCENT BLAISE YOUDA

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