Cameroun: 162 terroristes de Boko Haram neutralisés à Ngoshe

Issa Tchiroma Bakary, Ministre camerounais de la Communication et Porte parole du gouvernement à dressé ce 15 février 2016 à Yaoundé le bilan d’une opération spéciale menée à Ngoshe par les forces de défense et de sécurité du Cameroun.
Au cours d’une conférence de presse dans le hall de son département ministériel, il a précisé les contours de cette opération. La zone de Ngoshe est située en territoire nigérian, à une quinzaine de kilomètres de la localité d’Ashigashia dans la région de l’Extrême-Nord Cameroun. Nous vous livrons ici la totalité du propos liminaire du MINCOM.
Mesdames, Messieurs les Journalistes,
Je vous souhaite une chaleureuse bienvenue à cette rencontre à laquelle je vous ai conviée, pour vous entretenir sur les opérations spéciales que nos Forces de Défense et de Sécurité viennent de mener contre les unités du groupe terroriste Boko Haram dans , en collaboration avec l’État-Major des Forces Armées nigérianes.
Ces opérations qui se sont déroulées entre le 11 février 2016 au matin et le 14 février 2016 au soir, se situent dans le cadre de l’opération dite « ARROW FIVE» placée sous la bannière de la Force Multinationale Mixte regroupant les cinq pays de la ligne de front.  
Il ne vous échappe pas en effet que, littéralement défaites sur le terrain des opérations strictement militaires menées sans répit par l’Armée camerounaise, les hordes criminelles de Boko Haram ont opté au cours de la seconde moitié de l’année 2015, pour une tactique d’attentats suicides visant des populations civiles innocentes.  
Déjà au début de la même année, il avait été noté que, profitant d’incursions sporadiques sur le territoire camerounais, ces mêmes terroristes avaient entrepris d’enfouir des engins explosifs improvisés sur les itinéraires principaux des zones d’engagement de nos Forces de Défense, afin de mettre à mal leur mobilité au cours des opérations de combats.
Nos Forces de Défense et de Sécurité se sont donc mises à la recherche de solutions permettant de contrer ces modes d’actions d’un type nouveau, en relevant au moyen de renseignements précis, toutes sortes d’indices susceptibles de remonter le circuit de fabrication des explosifs utilisés par l’ennemi et d’anticiper sur leurs procédés de mise en œuvre.
Ce sont ces investigations qui ont permis de cibler la ville de Ngoshe au Nigeria, identifiée de façon formelle comme l’un des postes de commandement de Boko Haram abritant ses usines de fabrication de bombes et de mines. Ce poste de commandement servait également d’officine de lavage de cerveau et de formatage des adolescents utilisés comme des bombes humaines à l’occasion des attentats-kamikaze.
Une fois le renseignement consolidé, les Forces Spéciales camerounaises ayant obtenu l’aval du commandement nigérian, ont lancé l’assaut contre les positions de Boko Haram, avec à la clé, un important soutien de l’allié nigérian au plan du renseignement et de la coordination opérationnelle.
Au cours de cet assaut victorieux qui a engagé une expertise de très haut niveau de nos Forces Spéciales, 162 terroristes de Boko Haram ont été neutralisés, 4 usines de fabrication de mines artisanales démantelées, desquelles ont été récupérées 5 mines déjà prêtes à l’emploi, des centaines de contenants d’explosifs, des batteries, des cordons détonants, des vestes de kamikazes et divers objets rentrant dans le processus de déclenchement des explosifs.
Toujours à la faveur de cette offensive, un centre d’entrainement précédemment identifié a été rasé, deux véhicules de combat mis à feu, des armements de guerre saisis, dont deux mitrailleuses lourdes de 12,7 millimètres, trois mitrailleuses de 7,62 millimètres, un lance-roquettes de type RPG7, douze fusils d’assaut AK47, deux pistolets, plusieurs grenades, une mitrailleuse à gaz, des dizaines d’armes de traite et une centaine de fusils factices d’entraînement, des armes blanches, des uniformes militaires, plusieurs dizaines de boîtes de chargeurs et des milliers de munitions de différents calibres, ainsi que des groupes électrogènes, des moto-pompes et une centaine de motos.
L’opération menée par les Forces Spéciales camerounaises aura également permis la libération d’une centaine de personnes faites prisonnières par Boko Haram.  
15 otages camerounais dont sept membres d’une même famille, ont été libérés par nos troupes au cours de cette opération, et ramenés à l’intérieur du territoire national.  La famille dont il s’agit ici est celle de Monsieur  GARBA BELLO, comprenant le chef de famille lui-même, son épouse et leurs cinq enfants.
De nombreux otages de nationalité nigériane ont également recouvré la liberté grâce à cette intervention des Forces Spéciales camerounaises.
Malheureusement, l’opération menée, en dépit de son succès éclatant, aura coûté la vie à deux de nos valeureux officiers tombés sur le champ d’honneur, les armes à la main.
Il s’agit du Capitaine PIPWOH YARI Emmanuel et du Lieutenant-Colonnel KWENE EKWELE Beltus Honoré.
La mort du Capitaine PIPWOH YARI Emmanuel, est survenue le 11 février 2016 lorsqu’aux environs de 9h du matin, un violent accrochage a opposé nos Forces Spéciales aux terroristes de Boko Haram, qui s’étaient embusqués sur la route menant vers l’objectif de l’attaque camerounaise à savoir, la localité de Ngoshe.
Rendu à environ cinq kilomètres de cet objectif, la compagnie de tête des Forces camerounaises aux ordres du jeune capitaine, a donc dû faire face de manière fort héroïque à l’agression armée des terroristes de Boko Haram, détruisant deux véhicules ennemis montés d’armes lourdes, une quarantaine de motocyclettes et mettant hors d’état de nuire des dizaines de ces criminels.
C’est lors de cette bataille épique que le Capitaine YARI a reçu une balle ennemie, provoquant une blessure grave à la suite de laquelle il aura succombé.
Quant au Lieutenant-Colonnel KWENE EKWELE Beltus Honoré, sa mort est survenue alors que les opérations militaires étaient achevées dans la localité de Ngoshe entièrement conquise par nos Forces Spéciales.
Commis au convoiement des otages nigérians libérés à Ngoshe et à leur remise aux autorités nigérianes dans la localité voisine de Pulka, le Lieutenant-Colonnel KWENE EKWELE Beltus Honoré va être gravement blessé en même temps que quatre de ses hommes, après que  le véhicule  les transportant a sauté sur une mine posée par Boko Haram sur la route empruntée.
Les blessés seront immédiatement évacués par hélicoptère sur Maroua, puis transférés par un avion spécial de l’armée de l’air vers Douala.
C’est au cours de cette évacuation que le Lieutenant-Colonel KWENE va malheureusement rendre l’âme.
Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi de m’arrêter à présent sur ces deux officiers de nos Forces de Défense qui viennent ainsi de tomber sur le champ d’honneur, pour rendre hommage à leurs mémoires respectives et exprimer, au nom de Son Excellence Monsieur le Président de la République, Chef des Armées, la compassion de la nation tout entière et le réconfort de l’État à leurs familles si durement éprouvées.
Le Lieutenant-Colonel KWENE EKWELE Beltus Honoré était âgé  de 39 ans au moment de sa mort. Il venait d’être promu au grade de Lieutenant-Colonel, et ses épaulettes lui avaient été remises le 1er janvier 2016 lors d’une cérémonie solennelle présidée par  le Ministre Délégué à la Présidence chargé de la Défense, dans la localité de Kidji Matari, dans la région de l’Extrême-nord .
Le Lieutenant-Colonel KWENE EKWELE Beltus était un officier de renom, avec une force de caractère remarquable. Il était connu non seulement pour sa bravoure et son courage, mais également pour son sens pragmatique et son goût du dialogue, de la pédagogie et de la communication.
Titulaire du Diplôme d’Etat-major, le Lieutenant-Colonel KWENE était un officier d’artillerie pétri d’expérience ; une expérience éprouvée au gré des opérations de terrain au cours desquelles il s’est toujours illustré par une grande cohérence tactique, comme en témoigne son engagement dans la zone sud de l’opération Alpha où il a participé à plusieurs batailles épiques et repoussé plusieurs fois avec succès les assauts criminels de Boko Haram.  
Le jeune Capitaine PIPWOH YARI Emmanuel, diplômé de la promotion « Armée et Nation » de l’École Militaire Interarmes de Yaoundé, est lui aussi mort à la fleur de l’âge, à 31 ans seulement.  
Taillé dans le moule d’une rude et sélective formation à la lutte antiterroriste, le Capitaine YARI présentait déjà, 7 ans seulement après sa sortie de l’EMIA, des faits d’armes  patents et exceptionnels, tout d’abord dans la lutte contre le grand braconnage – dans le parc de Bouba-Ndjida notamment – puis dans le cadre de l’Opération Alpha, où il a servi et participé à plusieurs batailles emblématiques contre le groupe terroriste Boko Haram.
Qu’il s’agisse du Lieutenant-Colonel KWENE ou du Capitaine YARI, les particularités communes de ces deux hommes auront été tout au long de leur service sous le drapeau de la nation : l’engagement, l’altruisme, l’honneur et la fidélité à leur pays.
Leur sacrifice devra donc demeurer un exemple à suivre pour chacun de nous, tout comme celui que nous montrent l’ensemble de nos Forces de Défense et de Sécurité, glorieuses défenderesses de notre intégrité territoriale et des valeurs civilisationnelles de notre nation.
Au-delà de l’éclat que suscite cette énième mais ô combien décisive victoire – la victoire de Ngoshe – ce qu’il importe de retenir aussi, c’est la ferme détermination de Son Excellence Paul BIYA, Président de la République, Chef de l’État et Chef des Armées, à mener une guerre intrépide et sans relâche contre Boko Haram jusqu’à son éradication définitive sur le territoire national.
Ce qu’il faut aussi retenir, c’est l’écho que nos Forces de Défense donnent ainsi à la jeunesse camerounaise tout entière, au moment  même où elle célèbre le cinquantième anniversaire de la fête nationale qui lui est consacrée ; car c’est bien le jour même de ce Cinquantenaire de la Fête de la Jeunesse que nos Forces Spéciales ont entrepris de matérialiser une fois de plus leur engagement de fidélité et de loyalisme à l’égard de la patrie, en allant traquer l’ennemi jusque dans ses derniers retranchements, au cœur même de son centre de gravité. Pour la mémoire de nos valeureux soldats tombés pour défendre notre destin collectif, chacun de nous devra avoir à cœur de faire en sorte que le sang ainsi versé pour la patrie, soit celui du sacrifice suprême pour la sauvegarde de notre nation tout entière.
Au nom de la nation tout entière, le Président de la République, Son Excellence Paul BIYA, Chef des Armées, adresse ses sincères condoléances aux familles des illustres disparus. Il renouvelle lesdites condoléances aux familles de tous les membres de nos vaillantes Forces de Défense et de Sécurité tombés sur le champ d’honneur pour la défense de la République dans ce combat sans merci qu’elles mènent contre les forces du crime, du mal et de la barbarie.
Le Président de la République, Son Excellence Paul BIYA, Chef de l’État, Chef des Armées, vent debout, droit dans ses bottes et plus que jamais aux commandes de son peuple, exprime toute sa satisfaction aux Forces de Défense et de Sécurité camerounaises qui font honneur à notre emblème et à nos symboles, ainsi qu’à tous ceux qui refusent obstinément de ployer sous l’obscurantisme, la tyrannie et l’absolutisme de la pensée, tous incarnés par Boko Haram.
Le Chef de l’État donne l’assurance à toutes les Camerounaises et à tous les Camerounais, de même qu’à nos Forces de Défense et de Sécurité, qu’il ne ménagera aucun effort pour mettre à la disposition de notre Armée et de nos Unités de sécurité, tout ce qui s’avèrera nécessaire à la conduite victorieuse de leur mission, ainsi qu’à la préservation de notre intégrité territoriale, le triomphe de l’unité et la pérennité de la paix dans notre pays.
De même, le Chef de l’État renouvelle à tous les pays de la ligne de front directement engagés dans le combat contre Boko Haram et à l’ensemble des pays amis de la communauté internationale qui nous apportent leur appui dans le combat que nous menons contre l’idéologie éculée et le rétropédalage civilisationnel de cette horde criminelle, le ferme engagement du Cameroun à continuer de mener cette bataille sans répit, jusqu’à la victoire finale.
À nos Forces Armées et à nos Forces de Sécurité, je voudrais ensuite, et au nom du Gouvernement, dire que le peuple camerounais est fier d’elles, fier de leur bravoure, de leur loyauté, de leur patriotisme, de leur altruisme, de leur sens du sacrifice et de leur professionnalisme, grâce auxquels notre pays est aujourd’hui en passe de réduire au silence définitif, le dessein macabre et destructeur de la horde criminelle de Boko Haram.
Je ne saurais naturellement terminer sans vous dire, à vous Mesdames, Messieurs les Journalistes,  toute la reconnaissance du Gouvernement et de la Nation tout entière, pour l’excellent travail que vous n’avez de cesse d’abattre, en termes d’accompagnement et de soutien à l’engagement de notre pays contre l’agression injustifiée que nous impose le terrorisme incarné sur nos terres par Boko Haram.
Je vous demande donc de continuer dans cette voie et de rester vigilants, car une telle attitude vous honore et honore notre pays au plus haut point, puisqu’elle montre à suffisance comment les causes civilisationnelles et humanistes peuvent transcender toutes les différences et faire triompher les valeurs communément partagées par les peuples du monde, d’où qu’ils viennent et où qu’ils se trouvent.
Je vous remercie de votre aimable attention.

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