Cameroun – Akok-Bekoé: Obouh Fegue chasse les récupérateurs à ses obsèques :: Cameroon

L’ex-Dg de la défunte Société nationale des eaux du Cameroun (Snec) n’a pas souhaité le bling bling politico-mondain à son enterrement.[pagebreak]«Je ne veux ni couronne(s), ni gerbe (s) de fleurs, ni décoration(s) à titre posthume, ni témoignages…» Le patriarche des patriarches des Etenga n’est pas mort en silence, comme le loup d’Alfred de Vigny. Anyu Etenga a parlé. Non sans clairement indiquer la manière dont il souhaitait que ses obsèques se déroulent.
L’homme qui a contribué, pendant près de trois décennies, à l’approvisionnement en eau potable des Camerounais, a été enterré samedi dernier à Akok-Bekoé (le rocher des pygmées), village de l’arrondissement de Bikok, département de la Mefou et Akono, qui l’a vu naître le 6 octobre 1935. L’ancien directeur général de la Société nationale des eaux du Cameroun (Snec) avait souhaité des obsèques sobres et rapides, néanmoins dépouillées de mondanités inutiles et de larmes de crocodile.

L’homme décède, tranquillement, le 1er mars 2014 à 4h du matin à son domicile de Yaoundé, Clément Obouh Fegue exige auparavant, d’être enterré dans les 48 heures auprès de ses parents, hors de sa somptueuse résidence. Et, d’après le testament lu pendant les obsèques, le patriarche a confié ses dernières volontés à son épouse, Félicité, née Mboa Anaba, une brave et dynamique Mvog Ada, à qui les Etenga ont publiquement dit «merci», pour toute l’affection franche leur illustre fils pendant sa longue et difficile maladie. A elle, Clément Obouh Fegue avait demandé d’offrir à manger et à boire à tous ceux qui viendraient à son enterrement.

Prise par le temps, la désormais Mme veuve Obouh Fegue s’est agenouillée devant la dépouille. Pour la prier de lui accorder le temps nécessaire pour mieux organiser cet enterrement. Le corps de Clément Obouh Fegue avait, le même 1er mars 2014, été transporté à l’hôpital général de Yaoundé. Ici, il a été embaumé et mis en bière et de nouveau ramené pour être exposé en son domicile, sis au quartier Elig-Essono, avant son transfert à Akok-Bekoé. Entre-temps, le très regretté Anyu Etenga aura, vendredi dernier, eu droit à une messe en la cathédrale Notre Dame des Victoires de la capitale, avec des témoignages sincères tels ceux de l’ancien directeur général adjoint de la Snec, le sénateur Kémayou, qui était par ailleurs présent à Akok Bekoé; le message de l’un de ses anciens camarades du Lycée Leclerc, le général Pierre Semengue, empêché et lu par son fils, le message du couple Hayatou, empêché et lu par leur fille. Au village natal, le moment le plus émouvant aura été, sans conteste, la lecture du testament et de l’autobiographie du disparu, qui aura tout préparé. M. Obouh Fegue n’aura, dans ses dernières volontés, donné aucune chance aux guignols de s’offrir en spectacle devant sa dépouille. Celui qui aura été de longues années durant au service de son pays n’a visiblement été traité qu’avec très peu d’égards par les pouvoirs publics.

Ainsi du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), son parti qu’il a servi avec honneur et abnégation. Ainsi des nombreux risques pris au plus fort des villes mortes et autres troubles sociopolitiques du début des années 90. Ainsi de ses moments difficiles avec la «justice» de son pays.

Ingratitude. Combien sont-ils, ces personnes (amis et proches) qu’il a aidées pendant ses années fastes et qui n’ont jamais daigné lui rendre la moindre visite pendant sa maladie? Combien sont-ils, ses alter egos encore en fonction ou en vie qui lui ont soutenu pendant ses moments difficiles et qui étaient présents soit à la cathédrale Notre Dame des Victoires, soit au village? Combien sont-elles, des élites du département qui ont contribué à l’organisation des obsèques? Combien sont-ils, ces frères et fils Etenga qui lui ont témoigné leur solidarité? Combien sont-elles, ces élites de la Mefou et Akono avec lesquelles il cheminait et qui se sont rendues à son chevet? Combien sont-ils, ceux des Camerounais qui l’avaient abusé? Pourquoi l’Etat n’avait envoyé pas un représentant à Akok Bekoé comme c’est généralement observé? Clément Obouh Fegue tire sa révérence sans égale-ment que ceux à qui il avait prêté de l’argent et autres biens matériels le lui aient rendu.

Quelques personnalités sont toutefois venues lui rendre un dernier hommage. Il y avait en bonne place, le secrétaire général (Sg) du Comité central du Rdpc, Jean Nkuete, venu apprend-on, «à titre personnel» au nom de son amitié avec le défunt et a qui les Etenga disent merci. Et, c’est sans doute la présence du Sg sur la place des cérémonies, qui aurait fait fléchir le comité d’organisation des obsèques, qui in fine, a accepté la lecture publique du message de condoléance du Comité central du parti au pouvoir, délivré publiquement par le chargé de mission, sa majesté Charles Atangana Manda et dont la délégation, conduite par le Ministre Philippe Mbarga Mboa, neveu des Etenga et particulièrement affecté pour la circonstance, pour avoir été proche et ami du défunt. La délégation était constituée, en dehors du ministre lui-même et du président de section Rdpc de la localité, l’ancien député Florent Etoundi Ayissi, très actif dans l’organisation; les autres membres de la délégation n’étant que du menu fretin, dont la plu¬part, apparemment, faisaient leur baptême du feu en la matière à Akok Bekoé.

Présents surtout à Akok Bekoé, ce samedi pour célébrer Anyu Etenga à côtés des rares fils, filles et élites de la Mefou et Akono (Pr Jean Tabi Manga, le Sénateur Laurent Nkodo, Députée Marie Rose Nguini Effa, Sa Majesté Jean Savio Mbarga Awoumou, Mboudou Côme), le patriarche des Etudi, le Pr Laurent Serge Etoundi Ngoa, Ministre des Petites et moyennes entreprises, de l’économie sociale et de l’artisanat; Marie Claire Nana, Dg de la Sopecam; le Pr Joseph Mbédé, un Etenga de la Mefou-Afamba; l’ambassadeur itinérant, Roger Milla, l’un des meilleurs footballeurs africains de tous les temps, lui aussi venu honorer celui qui aura tant soutenu le football camerounais; l’intellectuel Laurent Mbassi, venu de la Lékié,…étaient visibles…

Si le décès du patriarche était connu de tous les Camerounais, ou presque, le programme de ses obsèques, par contre, n’avait en réalité, suffisamment pas été communiqué. A se demander comment la marée humaine observée samedi dernier, Akok-Bekoé, a pu être possible. En effet, plus de 5000 personnes, venues de tous les coins du Cameroun, mais aussi de l’extérieur, étaient là, malgré la Journée internationale de la femme (Jif). L’oraison funèbre quant à elle, a été célébrée par Mgrs Atanga et Amara, entourés d’une vingtaine de prêtres, tous des Etenga, assimilés ou accompagnés. Un fait qui n’est pas passé inaperçu: le fils aîné de Clément Obouh Fegue, Yann Clément Obouh Fegue et le dernier né issu du dernier lit, allaient main dans la main.

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