Cameroun – Toilettes publiques à Yaoundé: un impératif

L’une des principales tares de la capitale, est la rareté de toilettes publiques.
Il n’est donc pas étonnant de constater que beaucoup d’usagers se soulagent à tous vents sans hygiène aucune. 237online.com Ces toilettes publiques quand il en existe, sont le cauchemar des usagers. Cuvette sale, germes infectieux et autres bactéries donnent des sueurs froides et poussent à recourir à différentes techniques pour ne surtout pas entrer en contact avec la lunette des toilettes. Au centre-ville, il vaut mieux ne pas avoir envie de faire ses besoins. Le spectacle est courant à Yaoundé: une femme accroupie derrière une voiture stationnée pour assouvir un besoin pressant, un adulte, braguette ouverte et sans pudeur qui se soulage contre un poteau électrique. Il y’ a un manque criard de toilettes publiques dans la capitale politique du Cameroun. La conséquence en est que les mares d’eau, les murs de maisons, les abords de commissariats, les caniveaux… sont pris d’assaut comme compensation aux véritables toilettes. C’est à peine si l’on dénombre plus de quatre toilettes publiques en plein centre urbain. Les plus connues sont celles du Boulevard du 20 mai et de l’Hôtel de ville. Il est presqu’impossible de trouver un autre espace aménagé par la communauté urbaine de Yaoundé ou par les mairies d’arrondissement pour permettre aux populations de se mettre à l’aise. Un employé de la communauté urbaine qui a préféré garder l’anonymat confie «Les toilettes publiques disponibles sont très mal utilisées, les chasses d’eau se cassent rapidement parce que tirées trop fort ». Aussi, ajoute-t-il : «malgré ces difficultés, les toilettes publiques aujourd’hui gérées par des privés, fonctionnent normalement ». Quand bien même, avec beaucoup de chance, on en trouve une, l’état vétuste des lieux laisse parfois sans voix. «Ce n’est pas bien propre. Il n y ‘ a pas suffisamment d’eau. Bonjour les maladies » confie Sylvie, commerçante au marché du Mfoundi. Beaucoup de Camerounais sont exposés à l’horreur sanitaire, et l’entretien est abandonné depuis des lustres aux dangereux microbes. En plein cœur de la ville, plusieurs rues baignent dans les urines et répandent une odeur nauséabonde. Pour emprunter certaines routes, les piétons sont parfois obligés d’arrêter systématiquement leur respiration quelques secondes pour éviter les odeurs. L’usage des toilettes publiques n’est pas gratuit. Pour se soulager d’une diarrhée pressante, il faut débourser une somme de 100Fcfa, 50Fcfa pour uriner et 200Fcfa pour prendre un bain. Le passage de certains clients est désolant. «Ils n’ont aucune notion d’hygiène », nous dit une gérante d’une toilette publique. Malgré toutes les mesures de propreté prises, certains clients n’arrivent toujours pas à s’y conformer. A côté de la Cathédrale, une toilette publique brille par son manque d’entretien. « C’est terrible, si tu as un besoin pressant, tu risques de le faire sur toi parce qu’il faut faire souvent la queue à cause de la forte demande », dénonce un usager très courroucé. Au Marché Central, un commerçant explique : « les toilettes publiques sont trop éloignées de mon magasin et je ne peux laisser ma marchandise sans surveillance pour aller me soulager ».

Ça urge!
A Yaoundé, il est plus courant de posséder un téléphone portable, que d’avoir un accès direct à des toilettes garantissant une bonne hygiène. L’absence des toilettes publiques amène les populations à trouver des endroits lugubres dans la nature pour se mettre à l’aise. Au quartier Essos comme à Mini ferme par exemple, où la prolifération sauvage des bars et des snacks bars est en hausse, cette scène est omniprésente. C’est pour cette raison que les rigoles accueillent à tout moment, des urines souvent bien chaudes et jaunes des disciples de Bacchus. Egalement, certains sites au niveau de nos carrefours, sont pleins d’immondices qui s’accumulent et s’amoncèlent, attirant des essaims de mouches. 237online.com Il s’en suit des nuisances olfactives causées par les puanteurs nauséabondes qui s’en dégagent. Sur le plan sanitaire, c’est la catastrophe. Chaque jour, les personnes éliminent des matières fécales et des urines de leurs corps. Ces déchets contiennent souvent des germes pathogènes et peuvent constituer un danger pour la santé publique s’ils sont déposés à découvert sur le sol ou dans l’eau. En effet, les bactéries contenues dans les matières fécales sont transportées par l’eau, la nourriture, le sol, les doigts, les mouches, pour entrer dans le corps humain où elles finissent par causer des maladies comme la diarrhée, le choléra, la dysenterie et les vomissements. Il y’a donc urgence à doter Yaoundé et même toutes les villes du Cameroun, des toilettes publiques en qualité et en quantité. De plus, faire des toilettes publiques une priorité de santé publique est un impératif. Toutefois, les responsabilités doivent être partagées entre les autorités municipales et les usagers qui, véritablement manquent de civisme, et de sensibilisation sur le bien-fondé de laisser la toilette propre après chaque passage. Aussi, faire disparaître cette méthode archaïque qui consiste à écrire le long d’un mur : «interdit d’uriner» et d’accéder au modernisme.

Stéphane Elanga

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