Cameroun – Nord-Ouest et Sud-Ouest: Le président de la République met en garde ceux qui compromettent le droit à l’éducation

Le président de la République a mis en garde ceux qui, dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, compromettent, d’après lui, le droit à l’éducation des élèves et des étudiants.
Si Paul Biya a enrobé son discours du 10 février d’une bonne couche de cajolerie, son propos a viré au pugilat dès qu’il est entré dans le bourbier de la crise anglophone. « Ainsi que j’ai eu l’occasion de le dire, chaque citoyen est fondé à exprimer son opinion sur tout sujet de la vie nationale et à observer pacifiquement un mot d’ordre de grève. En revanche, il n’est pas acceptable que l’on use de menaces, d’intimidations ou de violences pour obliger quiconque à adhérer à un mot d’ordre de grève », s’est agacé le chef de l’Etat. Et il n’en avait pas fini avec cette question qui a en effet gâché la fête à maints égards. « Il n’est pas non plus acceptable, que l’on prenne en otage l’éducation et l’avenir de nos enfants, dans le vain espoir de faire aboutir des revendications politiques. Si le droit de grève est légitime. Le droit à l’éducation l’est encore plus ». Le 11-Février, jour du vote qui a consacré le rattachement du Southerns Cameroon au Cameroun indépendant, a été choisi il y a 51 ans pour célébrer la jeunesse. En pleine revendications de toutes sortes de certains acteurs anglophones, y compris fédéralistes ou sécessionnistes, ce symbole a cristallisé une certaine agressivité car considéré comme une entorse à l’histoire. Le boycott de cette fête a donc été préconisé, à la suite du mot d’ordre de grève lancé dans les deux Régions anglophones depuis novembre 2016 et qui est relativement bien suivi. En effet, même si le mot d’ordre de ville morte continue de bénéficier d’un minimum de sympathie populaire, les parents souhaitent que leurs enfants retournent à l’école, mais doivent faire face à des campagnes d’intimidation et des menaces de représailles. D’où cette sortie présidentielle : « A l’instar de leurs frères et sœurs des autres régions, les élèves et les étudiants du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ont droit à l’éducation. Ils ont le droit de préparer sereinement leur avenir. L’Etat prendra donc les mesures, toutes les mesures qui s’imposent pour que l’exercice de ce droit soit respecté. » Cette mise en garde annonce sans doute un renforcement du dispositif sécuritaire dans les Régions anglophones, même s’il faut dire qu’une importante présence des forces de maintien de l’ordre n’a pas jusqu’ici permis de restaurer le statu quo ante. Le chef de l’Eta le sait, qui a sublimé le dialogue avec notamment la promesse de désigner «sous peu » les membres de la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme et vanté le bilinguisme. « Ces deux langues [l’anglais et le français, ndlr], de par l’ouverture qu’elles nous offrent sur le monde, représentent pour notre jeunesse et pour nous-mêmes une formidable richesse qui ne demande qu’à être exploitée. Elles constituent un précieux outil de communication pour les filles et les fils de notre pays. Elles ne sauraient donc devenir une pomme de discorde entre les Camerounais. »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *