Cameroun – Sérail – Gouvernement: Paul Biya s’apprête à nommer un Vice-Président :: Cameroon

Le chef de l’Etat prépare un projet de loi modifiant la Constitution dans ce sens.
Sauf changement de dernière minute, comme on en vit régulièrement au niveau des hautes institutions depuis quelques années, la session parlementaire de mars 2014 devrait avoir comme principal menu, le projet de loi portant modification de la Constitution du 18 janvier 1996. Il devrait y être inséré une disposition portant création d’un poste de vice-président de la République. Ce second, a appris La Météo de sources très introduites, devrait alors assurer l’intérim en cas d’empêchement à la tête de l’Etat. Le vice-président serait alors l’homme en charge d’achever le mandant présidentiel, de préparer une nouvelle élection présidentielle à laquelle il ne pourra pas se présenter lui-même.

Cette nouvelle structuration verra ainsi un bouleversement sérieux des institutions, la Loi fondamentale actuelle disposant que «l’intérim du président de la République est exercé de plein droit, jusqu’à l’élection du nouveau président de la République, par le président du Sénat, et si ce dernier est à son tour empêché, par son suppléant suivant l’ordre de préséance du Sénat». Elle découle, selon les mêmes sources, du constat fait par Paul Biya lui-même du caractère quasi-inapplicable des mécanismes actuels de succession, qui pré¬voient (Article 6) que l’élection du nouveau président de la République doit impérativement avoir lieu 20 jours au moins et quarante 40 au plus après l’ouverture de la vacance.

En séjour dans son Mvomeka’a natal depuis le 10 janvier 2014, le chef de l’Etat n’a donc pas chômé. On indique ainsi qu’il a tenu deux importantes réunions dans ce sens en sa résidence de campagne, dont la dernière a eu lieu en fin de semaine dernière. Y prenait part juste une poignée d’hommes de confiance, à qui il a demandé de finaliser le projet de texte dans la plus grande discrétion. Du coup, la formation du gouvernement, attendue depuis la proclamation des résultats des élections législatives et municipales du 30 septembre dernier, a été renvoyée sine die.

On parle en ce moment, plutôt d’un séminaire dès ce jour à Yaoundé, pour amener les ministres actuels, à la lumière du discours du chef de l’Etat du 31 décembre, à travailler. Mais, ce séminaire aura-t-il encore lieu dès lors que le Pm est hors du pays depuis hier après-midi ? Philémon Yang représente en effet ce jour, à Bangui en Centrafrique, le chef de l’Etat à la cérémonie de prestation de serment de Catherine Samba-Panza, récemment élue présidente de transition.

C’est donc, note-t-on, la première fois que Paul Biya franchit décembre, après une échéance électorale, sans remanier l’équipe gouvernementale. Autrement dit, le temps n’est pas (ou plus) à la plaisanterie. Paul Biya étant visiblement cette fois déterminé à choisir lui-même, des hommes et femmes capables pour effectivement l’aider ‘à atteindre ses objectifs : les grandes réalisations.

Axe Nord-Sud

Mais, la discrétion souhaitée par Paul Biya a plutôt pro¬duit des effets sismiques au sein du sérail. Depuis lors, une bataille féroce oppose des camps constitués de ressortissants des deux aires culturelles du Cameroun, Il y a, d’un côté, des concitoyens anglophones, qui estiment qu’en toute logique, le pays ne peut se payer un président et son vice, tous francophones. Certains, indiquent des sources dignes de foi, agitent à nouveau de sérieuses menaces de la sécession, au cas où les francophones persisteraient à réclamer le poste.

Le Cameroun, rappelle-t-on, a déjà eu à expérimenter un tandem francophone-anglophone à la tête de l’Etat. En effet, lorsqu’Ahmadou Ahidjo s’arroge la présidence, dans les années 60, c’est John Ngu Foncha qui devient son second. Salomon Tandeng Muna occupa les mêmes fonctions une décennie plus tard, sous la République fédérale. C’est dire si des antécédents existent, dans ce sens. De l’autre côté, un camp constitué de natifs du Grand-Nord four¬bit également les armes, avec à sa tête l’actuel ministre chargé de Missions à la présidence de la République, Amadou Ali, qui ces dernières semaines, a montré de sérieuses prétentions pour la charge de Premier ministre. Face à la donne qui se dessine, il estime également que le poste a créer ne peut être destiné qu’a son auguste personne. Au nom du fameux «axe Nord-Sud», les tenants de cette thèse multiplient actuellement les manœuvres de positionnement et les pressions sur le chef de l’Etat, afin qu’il ne cède point à la tentation de sacraliser la logique «anglophone-francophone» à la tête de l’Etat. Aux dernières nouvelles, Paul Biya, au lendemain de deux rencontres confidentielles avec de très proches, a renvoyé ceux-ci à leurs occupations à Yaoundé et révise désormais seul et en toute conscience, ses notes. Mais, ne sait-on jamais, avec Paul Biya, les supputations sont interdites. Le sphinx ne finissant pas d’égarer son monde.

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