Cameroun – Post élections 2013: Paul Biya veut sévir sur les «rebelles» du Rdpc :: Cameroon

Le président national du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) a créé, le 5 décembre 2013, une commission de discipline chargée « de connaître des cas d’indiscipline relevés » lors des élections législatives et municipales du 30 septembre 2013.Le Rdpc sort le fouet. Et c’est par une attitude épistolaire de son premier dirigeant que le parti au pouvoir au Cameroun trace les contours de la menace qui plane sur les indisciplinés des dernières élections. Paul Biya a en effet créé par décision, une commission de discipline « ad hoc du Comité central » et nommé par une autre, analogue, ses membres. Celle-ci va statuer dès demain, date de son installation, sur les cas d’indiscipline relevées lors des élections.

Ladite commission devra connaître, a appris Le Messager de sources dignes de foi, des dizaines de cas d’indiscipline formellement signalés auprès du secrétaire général du Comité central du parti du flambeau ardent conformément aux articles 27, 31 et 32 de ses statuts. L’on se souvient qu’au terme du processus électoral dernier, le Comité central du Rdpc avait été inondé de plaintes formulées contre des militants du parti accusés d’avoir bravé les décisions des groupes Rdpc au sein des conseils municipaux notamment lors des élections des exécutifs municipaux (le cas de Nkongsamba III par exemple). Ou bien plus, de celles portant sur les contre-campagnes organisées par des militants frustrés de n’avoir pas été investis par la direction du parti au point de causer des mauvais scores par endroit ou d’écorner l’image du parti. En revanche, autant rien ne filtre, pour le moment, sur le mode opératoire précis de la commission, autant l’on ne sait pas si les travaux se tiendront en session ou en séquence et encore moins, si un temps précis est imparti à ses travaux ou simplement si ceux-ci se feront en fonction de la longueur des débats.

Article 2
Ce que l’on sait clairement par contre – et ce, à la lecture fidèle des statuts du Rdpc postés sur son site web – c’est qu’est constitutif de causes de traduction devant une commission de discipline du parti, « le fait par tout membre du parti de contrevenir aux objectifs du parti définit à l’article 2 des présents statuts ou de refuser d’appliquer les décisions prises par ses organes ». Si l’on s’en tient à la lettre et l’esprit des décisions de Paul Biya, c’est davantage la deuxième cause aboutissant à une faute disciplinaire qui est éprouvée dans les présents cas de figure : le refus d’appliquer les décisions prises par les organes du Rdpc. Selon les dispositions des mêmes statuts, les contrevenants encourent les sanctions suivantes : l’avertissement, le blâme, la suspension des fonctions (suspension individuelle à l’égard d’un membre, suspension collective à l’égard d’un organe de base), la dissolution d’un organe de base, la déchéance des fonctions, l’exclusion temporaire et plus grave, l’exclusion définitive.

Les mêmes textes suggèrent à l’entendement de leurs lecteurs que si l’on est rendu à l’étape des travaux de la Commission de discipline, c’est que les dossiers ont déjà été instruits par des délégués mais surtout que ses décisions ne sont pas susceptibles de recours, puisqu’il est un organe exceptionnellement créé pour connaître de faits et agissements précis. Les personnes incriminées pourraient, en tout cas, se faire assister par trois camarades de leurs choix, dans le cadre de leur défense, précise par ailleurs, la décision de Paul Biya.

Focal: Pour que règne… «la discipline du parti» !

A peine annonce a été faite de sa composition que de nombreuses questions fusent de toutes parts sur le casting et la structure de la commission Mafany Musonge, (du nom de son président).

Le sénateur du Sud-ouest et non moins chancelier des ordres nationaux est, en effet, à la tête d’une commission de onze personnes plus six rapporteurs. Le président qu’il est, est assisté de trois vice-présidents recrutés tous au sein du bureau politique du Rdpc. Ce sont dans l’ordre, Gilbert Tsimi Evouna, Mme Yaou Aïssatou, Ibrahim Talba Malla et le sénateur Francis Nkwain. L’on peut également noter que ces personnalités viennent des grands ensembles géographiques et culturels du Cameroun. Tout comme les membres que sont les ministres Jacques Fame Ndongo, Madeleine Tchuinté, Jean Pierre Fogui, Pierre Moukoko Mbonjo et les sénateurs Badel Ndanga Ndinga et Baba Amadou.

Seulement, ces hiérarques du Rdpc désignés pour juger les indisciplinés sont-ils toujours vêtus de toges immaculées ? Ce n’est pas sûr. Car les plaintes formulées parfois à la base (sans peut-être toujours avoir été formalisées) font d’eux les seigneurs de la discorde, germe des actes d’indiscipline aujourd’hui épinglés par le sommet du parti. Dans le Koung-khi, à l’Ouest, dans la Mvila, au Sud, dans la Vina, dans l’Adamaoua, dans le Nkam au Littoral ou encore dans le Mfoundi, au Centre, Certains juges disciplinaires du Rdpc sont parfois accusés d’avoir, par leur volonté d’imposer un tel proche parent ou ami ou même… soutien à la base au élections, favoriser leurs candidatures . Parfois par le jeu des investitures sans présélection par des primaires, le joker du manitou local a triomphé laissant sur le bas côté du chemin, celui qui incarne le vrai leadership local. Résultat des courses, y en a qui ont pris le maquis pour protester. Et ce, même en soutenant parfois l’adversaire… en ignorant les décisions des « organes du parti ». Ils en paieront certainement le lourd tribut. Surtout qu’ils seront jugés par les parrains de leurs tombeurs… pour que règne… la discipline du parti.

Mais une fois de plus, au Rdpc, comme hier au Sdf, à l’Upc etc., on se trompe encore peut-être de cible en s’occupant plus à corriger les effets que les causes. Un peu comme on le fait de plus en plus dans le marketing commercial où l’image de marque est fondamentale. Seulement, sait-on au sein du parti au pouvoir que contrairement au marketing commercial, le marketing politique s’appuie sur les éléments de fond comme la légitimité populaire, le véritable leadership afin que les entrepreneurs politiques… les vrais… ne prennent pas les vessies pour des lanternes ?

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