Il a déclaré se rendre au Soudan.
Le sujet de l’heure dans la région de l’Extrême-Nord tourne autour du premier adjoint au maire de Darak, Goura Youssouf. A-t-il oui ou non rejoint la secte Boko Haram ? Les faits.[pagebreak] Le 20 octobre 2014, il est attendu au cabinet du préfet du Logone et Chari en compagnie du receveur municipal de la commune de Darak, Anselman Kemane. Les deux hommes sont à couteaux tirés et le receveur municipal dit recevoir de Goura Youssouf des menaces. Le chef de terre, Albert Mekondane Obounou, souhaite donc tirer l’affaire au clair.
Et rappeler les uns et les autres à l’ordre. Ce n’est pas la première fois que les deux protagonistes sont convoqués par le patron du département… Sauf que Goura Youssouf ne défère pas à la convocation du préfet. Il lui envoie néanmoins un message téléphonique (SMS) pour justifier son absence dans lequel, selon des sources introduites, il déclare être malade. Jusque-là rien d’anormal.
Le lendemain 21 octobre 2014, les rumeurs vont bon train sur le ralliement de l’adjoint au maire de Darak à Boko Haram. L’affaire est même évoquée le même jour au cours de la réunion de sécurité qui se tient tous les mardis dans le Logone et Chari. Tout s’enchaîne le 22 octobre 2014, avec ce qui s’apparente au dernier SMS de Goura Youssouf au préfet du Logone et Chari. A en croire des sources qui en ont pris connaissance, l’adjoint au maire affirme qu’il existe un complot tramé contre lui.
Et que parce qu’il ne pouvait pas se défendre des accusations portées contre sa personne, il a préféré se rendre au Soudan. Le militant du Rdpc conclut son texto par un «Que Dieu bénisse le Cameroun». Depuis lors, Goura Youssouf n’est plus joignable. A-t-il finalement pris le chemin du Soudan comme il l’a laissé entendre ? Beaucoup en doutent. Plusieurs sources dans les arrondissements de Darak, de Hilé Alifa et de Fotokol affirment qu’il a rejoint la secte Boko Haram. «Il a été accueilli par ces terroristes à Daboré-Nigeria», affirme une source à Fotokol.
En tout cas, les services de sécurité comme bon nombre d’hommes politiques du département laissent désormais entendre que Goura Youssouf est passé de «l’autre côté». Ils fondent leur argumentaire sur l’inexistence du prétendu complot ourdi contre sa personne sur lequel Goura Youssouf fonde sa disparition. «Il a été convoqué par le préfet dans le règlement d’une affaire administrative. A moins qu’il n’ait pensé qu’il avait été démasqué, ce qui justifierait sa fuite précipitée puisque ses deux épouses sont toujours dans le département», affirme une source policière.
Jusqu’à sa fuite, le conseiller municipal de Darak était catalogué comme un proche du richissime homme d’affaires Woubri Ramat, lequel fait la pluie et le beau temps dans cette unité administrative. Sa silhouette n’était pas non plus étrangère aux populations du Logone et Chari. Et pour cause, pendant longtemps, il a usé la «ligne Fotokol-Kousseri» avec une Peugeot 504 berline. Un métier de transporteur qu’il n’avait jamais totalement abandonné, même après sa désignation comme premier adjoint au maire de Darak aux lendemains des élections municipales de 2013.
Depuis cette disparition spectaculaire, les forces de sécurité et de défense ont redoublé de vigilance dans l’arrondissement de Darak, déjà en proie à des incursions de la secte Boko Haram, notamment à Darak-centre et à Naga. Il s’agit de mettre la main sur d’éventuels complices. En tout cas, pour les forces de sécurité, Goura Youssouf, âgé d’une quarantaine d’années, est un dangereux terroriste.
