Cameroun – Révélations – Prison centrale Kondengui: Une ex-codétenue affirme avoir eu des relations sexuelles avec Marafa H. Yaya :: Cameroon

Emprisonnée dans le cadre d’une affaire de faux et usage de faux, elle a été blanchie et libérée par la justice au mois de septembre 2013. Elle aura passé 25 mois de détention à la prison centrale de Yaoundé. Là-bas, elle a vécu des moments difficiles. Entretien avec Odette. Bonjour Odette
Bonjour

Dans quelles conditions arrives-tu en prison ?
J’ai été accusée par un individu dans une affaire que je ne connaissais pas. Lorsque j’ai su qui était derrière, tout de suite, j’ai compris qu’il s’agissait d’un règlement de compte. J’ai été embastillée d’Août 2011 à Septembre 2013 à la prison centrale de Yaoundé. En fin de compte, la justice m’a signifié un non-lieu au terme d’une information judicaire de 25 mois.

Comment étiez-vous traitée en prison ?
C’était très rude à mon arrivée. Je faisais face à des traitements inhumains. Une traque morale et psychologique était exercée sur moi. Mais lorsque j’avais compris qu’il faut être disciplinée, c’est-à-dire se laisser aller sans aucune résistance, alors les geôliers devenaient gentils avec moi. Dans notre quartier 5 féminin, je fus la plus discipliné et c’est ainsi que tout le monde m’appréciait.

Lorsque tu dis qu’il faut se laisser pour qu’on soit gentil avec toi qu’est-ce que cela veut dire exactement ?
Quand tu arrives en prison, tu penses que c’est encore la vie de chaque jour, non. En ce moment précis, tout a changé. C’est un autre monde et une fois que tu es là-bas, pour éviter la torture, il faut entrer dans le système contre ta volonté. Dans le cas contraire, vous connaîtrez une torture psychologique et physique. Pour nous les femmes, c’est grave.

A propos comment les femmes sont-elles traitées ?
Une fois que tu es là-bas, ton corps ne t’appartient plus. La moindre résistance te coûte la torture. J’ai vécu cela à mon arrivée et ensuite, j’ai été obligée de me laisser aller.

Cela signifie qu’à tout moment tu étais disponible pour des rapports s*e*xuels ?
Je ne voulais pas. Mais pour éviter la torture, je le faisais. Mais il arrivait des moments que je déclarais que mon organisme est « saturé » (rires) afin qu’ils m’évitent.

Qui étaient ces gens qui entretenaient des rapports s*e*xuels avec toi ?
Certains geôliers et les prisonniers politiques.

Certains prisonniers politiques ?
Oui

Comment cela était-il possible ?
Je vous comprends mais il faut savoir qu’en prison, tout est possible. En fait un soir, nous étions déjà endormis aux environs de 00h30, un geôlier dont je préfère taire le nom m’a demandé de le suivre. J’avais très peur car c’était la première fois que ces fous me réveillaient à une heure aussi tardive de la nuit. Mille questions traversaient mon esprit. Quelques temps après, je constatais qu’il me dirigeait vers le quartier 13 bis qui n’était autre que celui des prisonniers politiques Yves Michel Fotso et Marafa Hamidou Yaya.

A quoi as-tu pensé à ce moment ?
J’étais bouleversée et je ne comprenais rien. J’avais peur et j’ai posé la question au gardien de prison qui m’y conduisait de savoir ce qui se passait. Il s’est arrêté un moment et m’a répondu : « as-tu déjà rencontré une haute personnalité dans ta vie » ? Je lui ai répondu par la négative. Il m’arrêta par la main et dit : « ma chérie, je n’ai pas un bon salaire, je vis plus de mes transactions nocturnes, l’une des personnalités que tu vas rencontrer m’a donné beaucoup d’argent pour lui rendre un service, un service que toi aussi tu dois donner. Ensuite, je veillerai pour que tu sois bien traitée dans ta cellule jusqu’à ta sortie de prison. N’oublie pas que tu es la plus belle et la plus intellectuelle des prisonnières. Beaucoup d’argent t’attend ». J’ai imposé mon refus à tout ce qu’il m’a dit, et il m’a promis une torture morale et physique, alors j’ai cédé. Il m’a conduit vers Marafa, lorsque je suis entrée dans la cellule de Marafa, je l’ai trouvé calme. Nous avions dialogué longtemps par rapport à l’actualité, à son incarcération. Il m’a posé beaucoup de questions sur ma vie et ma présence à Kondengui. Ma situation l’avait beaucoup choqué. Il a décidé de m’aider avant que sa sentence ne soit prononcée.

Vous n’avez pas eu des rapports s*e*xuels ?
Non, pas cette nuit-là, nous avons beaucoup échangé. J’ai compris que Marafa ne voulait pas me considérer comme une prostituée, mais comme une amie qu’il pouvait à tout moment rencontrer. Et je fus la seule des prisonnières à entretenir des moments intimes avec lui, jusqu’au jour de son transfèrement pour le Sed. Ce qui est vrai, c’est que j’ai eu des rapports s*e*xuels forcés avec Marafa. Il avait chargé un monsieur de s’occuper de moi s’il lui arrivait quelque chose.

Qui était ce monsieur ?
Pour rien au monde, je ne vous donnerai des précisions.

Pourquoi devait-il s’occuper de vous ?
Il avait pour mission de veiller sur moi en prison et de me remettre 5 millions de francs Cfa, lorsque je sortirais de prison. Mais malheureusement, je n’ai reçu que 2 500 000 FCFA.

C’est la raison pour laquelle tu as décidé de parler ?
Pas vraiment, il n’y a pas eu de contrat, ni de contrepartie, Marafa m’avait tout simplement fait une promesse. Je veux tout simplement dire que cet homme est gentil. Je l’ai côtoyé, il n’est ce qu’on pense, il n’est pas homos*e*xuel. Il m’avait dit que ses détracteurs l’exposent comme un promoteur de l’homos*e*xualité, pour que le peuple camerounais qui est contre ce fléau, se détourne de lui. En réalité, il a un très grand penchant pour les femmes. Peut-être personne ne va me croire, mais c’est une réalité, je ne veux pas tout simplement entrer dans les détails.

Tu as connu Yves Miche Fotso ?
Pas vraiment, mais il était le prisonnier le plus surveillé de la prison. Il a aidé beaucoup de prisonniers.

Es-tu toujours en contact avec Marafa ?
Non, je voudrais lui rendre visite mais ce n’est pas facile.

Comment passes-tu tes journées ?
Grâce à l’argent que Marafa m’a donné, j’ai recommencé les voyages pour Dubaï. Je suis une femme d’affaires célibataire avec un garçon de 08 ans.

Tu regrettes avoir fait certaines choses en prison ?
Vous savez lorsque vous êtes en prison, c’est comme si vous êtes sur une autre planète, loin de la terre. Et vous êtes parfois obligé de faire certaines choses sinon vous pouvez mourir.
Je regrette beaucoup certains actes que j’ai posés mais si je ne le faisais pas, je ne serai peut-être plus vivante aujourd’hui.

Tes affaires marchent bien ?
Oh oui, l’argent que j’ai reçu de Marafa m’a permis d’augmenter mon capital et j’ai bien le bénéfice aujourd’hui.

La prison t’a aidée alors ?
A quelque chose malheur est bon.

Tu souhaites repartir en prison ?
Non (rires aux éclats) pas du tout. Jamais de la vie (rires).

Marafa te manque ?
Un peu.

Source : Thièrval

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *