Albert Kouinche, figure montante du paysage politique camerounais, vient d’être propulsé au sommet de la hiérarchie du RDPC dans la région de l’Ouest. Nommé le 25 mars par Paul Biya au comité central et à la tête de la délégation permanente du département Koung-Khi, l’entrepreneur d’Express Union s’impose désormais comme le successeur officiel du défunt milliardaire Victor Fotso. Cette ascension fulgurante révèle les nouvelles dynamiques de pouvoir qui secouent la région, alors que des tensions internes menacent cette succession contestée par certains héritiers du patriarche.
Bataille d’influence et fortune : les dessous d’une nomination stratégique
La nomination de Kouinche n’a rien d’anodin dans ce département stratégique. Ce choix a surpris de nombreux observateurs qui misaient plutôt sur Madeleine Tchuenté, ministre de longue date et membre titulaire du comité central. « J’ai prévenu chacun de nos militants, ce ne sera absolument pas facile, nous nous devons de mouiller le maillot », confie le nouveau patron du RDPC local, conscient des défis qui l’attendent.
L’homme aux traits austères n’est pas un novice en politique, malgré sa réticence initiale à s’y engager. Après avoir refusé une investiture aux législatives de 2007, cet ancien employé du Crédit foncier du Cameroun a finalement rejoint l’Assemblée nationale en 2013, marquant le début d’une ascension construite loin des projecteurs.
Sa proximité avec Jean Nkuete, secrétaire général du comité central, et Philippe Mbarga Mboa, figure incontournable du régime, a indéniablement pesé dans la balance. Mais c’est surtout son statut de « fils spirituel » de Victor Fotso qui cristallise aujourd’hui toutes les tensions.
Ce compagnonnage entre les deux hommes, bien que contesté par certains membres de la famille Fotso, semble avoir été déterminant. « Kouinche participait à toutes les réunions politiques, sociales et même souvent familiales que Fotso organisait », révèle un responsable local du RDPC, soulignant l’étroitesse de leurs relations.
La controverse a atteint son paroxysme lors de la succession à la mairie de Bandjoun, quand Kouinche a initialement soutenu David Kengne au détriment de Nicky Love Fotso, fille du défunt patriarche. Cette prise de position lui a valu l’hostilité tenace de Laure Toukam Fotso, administratrice des biens familiaux, transformant la politique locale en véritable guerre des clans.
Pendant que les querelles politiques font rage, l’homme d’affaires n’oublie pas ses racines entrepreneuriales. Son nouveau projet, un complexe agro-industriel sur les berges de la Dibamba à Douala, témoigne de cette double casquette qu’il assume pleinement.
Parviendra-t-il à unifier les différentes factions du RDPC dans l’Ouest camerounais, tout en préservant l’héritage politique de Victor Fotso dans la région ?