Cameroun – Essindi Mindja: Son héritage à la nouvelle génération

Cela fait dix ans que l’humoriste de génie s’en est allé. Aujourd’hui, son œuvre survit grâce à ses fidèles disciples.
Cela aurait pu être une résurrection, s’il était véritablement mort. Du moins sur le plan artistique. Car le 20 juin dernier, lorsque Major Asse monte sur la scène de la Place Saint-Josué à Yaoundé après le 15 mai à Douala pour un spectacle hommage, Essindi Mindja était de nouveau parmi nous. Les grands succès de l’humoriste de regrettée mémoire repris ce soir-là par celui qui l’appelle son « père spirituel », en compagnie de Rosalie, l’épouse d’Essindi, ont soufflé un grand vent de nostalgie. Dix ans ont passé, mais sa voix à la radio, un de ses films revus avec plaisir ou un de ses spectacles diffusés à la télévision font tout de suite remonter à la surface les souvenirs de l’artiste de talent qu’il a été.
Si l’humour de cet enseignant d’histoire-géographie de formation faisait rire le Cameroun, l’Afrique et même le monde avec des sketchs comme « T’as pas chaud ? », « Gilbert », « Intello bar de warda », « Mbere kaki », son jeu d’acteur au cinéma dans des films comme « Fièvre jaune taximan » (1985),
« Chocolat » (1987) ou « Quartier Mozart » (1992) et ses prestations de comédien au théâtre n’ont pas laissé grand monde indifférent. Ses passions étaient diverses et toujours finement exécutées. Quand il s’éteint le 25 juillet 2005 à Paris des suites d’un cancer du poumon, son génie ne disparaît pas. Au contraire, il s’anime plus que jamais, éveillé par des jeunes artistes à qui il a tenu la main. Une décennie plus tard, sa femme et d’autres humoristes à la réputation grimpante, s’attèlent à conserver son œuvre. Certes, ils y mettent leur particularité, mais la plupart se rejoignent sur un point : Essindi Mindja, « le maître », leur a beaucoup apporté.
Pour Nana Ardo, Essindi Mindja est et restera l’un des classiques de l’humour camerounais et même africain. « Il m’a beaucoup marqué par la qualité de son œuvre. Et sa rigueur, son ingéniosité m’ont influencé. Beaucoup de comédiens humoristes sont approximatifs dans la représentation des personnages et dans la capacité à conter. Or ces deux aspects du jeu étaient les caractéristiques même d’Essindi Mindja », dit-il. Pour Valery Ndongo, Essindi Mindja lui a donné le courage de se lancer dans cette carrière. Comme il le dit, « le plus impressionnant dans son jeu c’était la subtilité avec laquelle il faisait ses mimiques et incarnait ses personnages. Il n’en faisait ni trop ni pas assez. J’ai surtout tiré beaucoup de conseils. Ayant fréquenté Essindi pendant six ans, de 1999 à 2005, j’ai compris à ses côtés tout le sérieux qu’il faut mettre dans ce métier ». Même parti, Essindi Mindja n’a pas fini de nous faire rire.

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