Cameroun – Hommage présidentiel aux soldats: Controverse autour du piratage du site de la présidence

Des zones d’ombre subsistent après la sortie du Mincom, qui accuse les hackers. [pagebreak]Lundi dernier, le site internet de la présidence de la République a fait croire, avec image à l’appui, que le chef de l’Etat, Paul Biya, avait personnellement présidé le 06 mars dernier à Yaoundé, la cérémonie d’hommage aux soldats camerounais tombés sur le champ d’honneur. La levée de boucliers sur les réseaux sociaux et dans les médias a poussé le service de la communication de la présidence à retirer en catastrophe cette image. Un retrait suivi mercredi d’une sortie du ministre de la Communication (Mincom), pour indiquer que l’information n’émanait pas de la présidence, mais qu’elle est le fait des pirates informatiques. «La fausse nouvelle attribuée au site officiel de la présidence de la République résulte d’un grossier montage photographique, qui est l’œuvre d’un pirate informatique entré par effraction sur le ledit site, et sans doute mû par la volonté de porter atteinte à l’honneur et à la dignité du chef de l’Etat, de nos forces de défense et de sécurité et de la nation camerounaise tout entière», peut-on lire dans le communiqué officiel posté sur le même site d’information. L’hypothèse du piratage est partagée par des experts en sécurité informatique et par les administrateurs des sites web. Ce d’autant plus que les hackers ont déjà sévi sur des sites d’institutions d’envergure au Cameroun et dans des pays technologiquement très avancés. « La possibilité que le site de la présidence ait été traqué est évidente à 80%. Les pirates sont capables de tout. En plus, produire une pareille image est la chose la plus basique pour les hackers. Maintenant, pour réussir à introduire cette image, il faut entrer dans le compte administrateur. Les hackers avaient, si la thèse du piratage est validée, le mot de passe. Une fois dans le compte, le pirate a pu effectuer les mêmes opérations que le webmaster », argumente Serge K., administrateur de sites web. L’autre élément qui justifierait le passage des hackers sur le site évoqué est l’apparition instantanée de cette image sur les réseaux sociaux. «L’intention était manifestement de nuire. Puisque le site de la présidence ne poste pas habituellement ses liens dans les réseaux sociaux, notamment Facebook », soutien Delphin N., un ingénieur informatique. « Une fois que le hacker a pris le contrôle d’un site, il faut immédiatement arrêter ledit site, pour éviter une éventuelle attaque cybernétique», renchérit Serge. K. Zèle Cet expert qui fait généralement face à ces hackers indique que la solution n’est pas de suspendre le site. « Il faut le plus rapidement possible identifier la menace avec des codes de sécurité d’urgence mis en amont par l’administrateur. Une fois la menace localisée, il faut simplement la supprimer et protéger le site », conclut le webmaster. Cela dit, ce n’est pas la première fois qu’un photomontage est posté sur le site de la présidence de la République. On en souvent enregistré, sur le même site, à l’occasion des déplacements du chef de l’Etat ou des activités présidentielles. Des observateurs pensent dès lors que le webmaster (employé à la présidence), qui a monté l’image du chef de l’Etat, incliné devant des cercueils, n’a simplement pas mesuré les conséquences de sa démarche ou alors l’a fait par simple zèle. L’enchaînement des faits (changement du titre de l’article puis retrait de l’article du site) tend à démontrer le sursaut désespéré devant le flot de réactions indignées. Bien plus, l’on peut se demander pourquoi le site n’a pas arrêté de fonctionner, alors que, comme indiqué plus haut, la première précaution à prendre dans le cas d’espèce, c’est d’agir ainsi, « pour éviter une éventuelle attaque informatique ». Le timing dans la réaction du gouvernement, qui a attendu que la presse écrite se saisisse de l’affaire, est également à questionner. A la vérité, le communiqué de Issa Tchiroma n’est pas assez robuste pour le clore le débat sur ce dossier.

Viviane Bahoken

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *