Cameroun – Douala : La mémoire d’un soldat renversé

Il s’agit en fait du monument d’un militaire français tombé au champ d’honneur pendant la campagne du Cameroun.
L’image est saisissante ce matin, de nombreux photographes ont envahi ce mercredi 26 août 2015, la place publique en face la poste centrale de Bonanjo pour filmer la statue renversée du Soldat qui fait le décor de cet espace de loisir aménagé par la communauté urbaine de Douala. Les photographies passent le marché ici. Passants et curieux veulent chacun avoir le souvenir de cet énorme objet noyé en partie dans l’eau au milieu des fleurs et des arbustes.
Le spectacle est encore plus captivant, en voyant la remorqueuse venir enlever avec empressement ce soldat qui a subi certainement la colère d’un citoyen. «Nous avons appris que c’est Essama qui a fait ce travail. C’est encore lui qui avait enlevé la tête de l’autre monument devant la poste centrale. C’est un gars extrêmement courageux et qui ne recule devant rien», laisse entendre un curieux qui a assisté au transport de l’effigie. Des propos bien confirmé par cet autre témoin qui a vécu la scène. «C’est hier (25/08/2015 ndlr) dans la nuit que nous avons vu monsieur Essama démolir ce monument avec une force d’hercule. Il s’en est allé sans inquiétude, en soutenant qu’il rend justice au peuple Camerounais», déclare, Vincent Atangana, visiblement très embarrassé.
Pour avoir le cœur net, nous avons par coup chance rencontré la personne incriminée. Et André Blaise Essama ne s’en cache pas. Dans une posture de défenseur des causes perdues, il est formel : «On est entré dans un système de gouvernance où on honore nos bourreaux et on déshonore nos héros. Il fallait que cela cesse. Je préfère comme tout camerounais voir la statue du lieutenant Ndonkeng, l’un des premiers officiers de l’armée camerounaise tombé au front dans l’Extrême-nord face à Boko Haram érigé à ce lieu…», déclare ce citoyen qui ne passe pas inaperçu dans la ville de Douala et qui dit continuer sa lutte tant qu’on n’aura pas valorisé ceux qui ont lutté ou qui continuent de lutter pour le Cameroun.
Pour avoir le cœur net, nous avons par coup chance rencontré la personne incriminée. Et André Blaise Essama ne s’en cache pas. Dans une posture de défenseur des causes perdues, il est formel : «On est entré dans un système de gouvernance où on honore nos bourreaux et on déshonore nos héros. Il fallait que cela cesse. Je préfère comme tout camerounais voir la statue du lieutenant Ndonkeng, l’un des premiers officiers de l’armée camerounaise tombé au front dans l’Extrême-nord face à Boko Haram érigé à ce lieu…», déclare ce citoyen qui ne passe pas inaperçu dans la ville de Douala et qui dit continuer sa lutte tant qu’on n’aura pas valorisé ceux qui ont lutté ou qui continuent de lutter pour le Cameroun.

«Nous avons demandé à la communauté urbaine de Douala depuis plus d’un an de nous indiquer tout simplement la place pour placer le monument de Um Nyobe. Nous sommes toujours sans suite. Alors que tout est prêt, on nous tourne comme des étrangers perdus dans un pays quelconque. Nous avons consenti des moyens financiers pour construire une immense statue de 2,10 mètres et 170 kilogrammes, fait en bronze et laiton qui souffre dans la nature. Les autorités communales foulent même au pied les prescriptions du président de la République qui a donné la possibilité au Camerounais de reconnaître ces héros de l’indépendance. Il faut donc qu’on agisse ainsi…», dit-il, avec une lucidité déconcertante.
On peut se demander comment un individu, apparemment récidiviste, a pu poser un tel acte à « la Place du gouvernement », au cœur du quartier administratif de la ville de Douala. Sans être inquiété.

Alphonse Jènè

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