Mondiaux de judo: la camerounaise naturalisée francaise, Gévrise Emane remporte la seule médaille d’or de la France

La Franco-camerounaise Gévrise Emane vient de décrocher ce vendredi le titre de championne du monde de judo chez les – de 70kg à Astana.
À 33 ans, Gévrise Émane n’a rien perdu de son explosivité légendaire pour s’offrir son 3e sacre mondial, vendredi à Astana, qui place cette championne exceptionnelle dans les meilleures dispositions à un an des Jeux de Rio. La France se languissait d’entendre La Marseillaise au Kazakhstan. Il aura fallu attendre le 5e jour de compétition et la belle performance d’Émane en moins de 70 kg, accompagnée sur le podium par sa jeune compatriote Fanny Estelle Posvite, en bronze.
La Française d’origine camerounaise a mis 14 secondes pour s’imposer en finale face à l’Espagnole Maria Bernabeu qui, au passage, lui a éraflé la cornée à l’œil gauche. Émane s’est laissée tomber au sol, la tête entre les mains. Le salut réglementaire à l’adversaire, le salut avant de quitter le tapis et c’est un saut de joie dans les bras de sa coach Cathy Fleury. Les deux femmes sont restées longuement front contre front et le coach a glissé à la nouvelle championne qu’elle faisait partie des grands de l’équipe de France, avec ses trois titres mondiaux. « C’est énorme. Je suis hyper contente, je pense aux Jeux. Je me dis qu’aller chercher un titre olympique, ce n’est pas impossible en fait », a dit Émane, encore des larmes dans les yeux, et qui a apporté à la France sa 5e médaille à Astana.
Rien que pour les Jeux
Les défis, Gévrise Émane connaît. Et les exploits aussi. Elle a glané son premier titre mondial en 2007 à Rio, en moins de 70 kg. Huit ans après, elle s’offre le deuxième titre dans la catégorie, qu’elle a quittée durant quatre ans, le temps de réaliser une performance incroyable, en moins de 63 kg.
Jamais en judo un athlète qui a performé dans une catégorie décide ensuite de s’aligner dans la catégorie en dessous. Le chemin est toujours d’aller dans celle qui est supérieure pour ne plus avoir à subir les régimes imposés avant les compétitions pour être au poids. Mais Gévrise Émane, elle, l’a fait. Et en 2011, elle devient championne du monde en – 63 kg. Personne dans l’Histoire n’avait réussi telle folie. Aux Jeux olympiques en 2012, elle a glané le bronze. Mais la championne voulait l’or, alors elle a décidé de repartir.
D’abord, elle a choisi d’en finir avec ses études. Gévrise est aussi ce que l’on appelle une tronche. Elle a préparé son professorat de sport, qu’elle a eu en fin d’année dernière. Après les Jeux, elle pourra travailler auprès des directions régionales ou être détachée auprès des fédérations.
Ensuite, c’est le retour en – 70 kg. « C’était aussi l’une des conditions. S’il fallait que je me saigne pour être au poids, non merci ! Quitte à ce que ce soit ma dernière année, autant que ce soit avec plaisir », dit-elle. Ayant à cœur de prouver qu’à 30 ans, on n’est pas fini dans le sport, elle s’est entraînée dur, n’a rien lâché, tout en profitant de la vie, fidèle à sa philosophie. « Je veux faire encore les Jeux, il n’y a que ça qui compte. Ce qui est vraiment moteur aujourd’hui, c’est d’aller chercher le seul titre qui me manque », répète-t-elle.
Elle aura dans son sillage Posvite, qui, à 23 ans, a décroché sa première médaille. Audrey Tcheuméo (- 78 kg), championne du monde en 2011, est passée à côté du rendez-vous, battue en match pour la 3e place.

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