Le directeur général de la Crtv a été auditionné vendredi dernier par un juge d’instruction.[pagebreak]Le 27 mars dernier, le directeur général (Dg) de la Cameroon radio television (Crtv), était face à Mme Annie Noëlle Bahounoui Batende, juge d’instruction au Tribunal criminel spécial (Tcs). L’objet de l’audition n’est pas officiel, mais tout porte à croire qu’il est relatif à la gestion de la redevance audiovisuelle entre 2005 et 2006. Le Dg de la Crtv est poursuivi pour un détournement présumé de 2,8 milliards Fcfa. Des sources soutiennent que, n’eût été la « jurisprudence Bapès », le patron de la Crtv aurait été placé en détention provisoire vendredi à la prison de Kondengui. Face à l’insistance de la juge d’instruction, le procureur de la République aurait requis l’avis de la chancellerie, qui elle-même s’en est ouverte au président de la République.
Joint au téléphone hier, Amadou Vamoulké s’est plutôt montré serein. Il reconnaît avoir été entendu vendredi dernier. « Pendant 15 minutes» seulement. Le Dg de la Crtv poursuit : «Un journaliste a affirmé sur une radio que mon épouse est allée se mettre à genoux devant le commissaire pour que je sois libéré. D’autres m’ont annoncé menotté et enfermé à Kondengui ». Sur ses capacités managériales et de gestionnaire, l’ancien directeur général de l’Imprimerie nationale estime être « un exemple ».
Amadou Vamoulké ajoute : « J’ai à cœur la fortune publique. Je crois que partout où je suis passé, ma gestion n’a souffert d’aucun reproche. Avoir pris la Crtv où elle était à notre arrivée, la faire fonctionner aujourd’hui, avec le niveau de sympathie qu’elle a dans le cœur des Camerounais, avec seulement la moitié des ressources qu’elle avait avant est une preuve de la rigueur dont nous faisons montre», tranche-t-il.
Redevance
Le directeur général en veut pour preuve les récents classements des différents sondages faits sur l’audimat camerounais, qui classent la Crtv en 3ème position à Douala, et en 2e position à Yaoundé. Pourtant, hormis le dossier de la redevance audiovisuelle, le patron de la Crtv est aussi dans la ligne du Tcs du fait de la gestion des fonds de la régie publicitaire de cette entreprise, en l’occurrence la Cameroon marketing and communication agency (Cmca).
L’ex-directrice de cette agence, Antoinette Essomba, en détention préventive au même titre que l’ancien Dg de la Crtv, Gervais Mendo Ze, serait à l’origine des ennuis judiciaires de l’actuel Dg de l’office. L’ancienne responsable de la Cmca a reçu du Dg Vamoulké en début d’année 2006, une délégation de signature lui permettant d’engager toute dépense inférieure ou égale à 5 millions de Fcfa. Des dépenses problématiques auraient été effectuées avant d’être validées par la directeur général.
Pour ce qui est du feuilleton de la gestion des fonds issus de la redevance audiovisuelle à la Crtv, il ne ferait que commencer. Il se dit que le ministre Abah Abah, déjà condamné par le Tcs à 25 ans de prison sur un autre dossier, pourrait être cité comme témoin, en sa qualité de ministre de l’Economie et des Finances, au moment des faits, afin d’éclairer la justice sur ce sujet. Les fonds de la redevance reversés à la Crtv ont déjà notamment entraîné Jean Marie Akono Ze (maire d’Awae au moment de son arrestation) à Kondengui.
Quant à Amadou Vamoulké, il avait déjà fait l’objet d’une première audition le 17 février 2015. Dans l’hebdomadaire Kalara N° 086 du 23 février 2015, le Dg déclarait : « J’ai été inculpé pour avoir procédé en coaction avec mon prédécesseur [Mendo Zé] et le trésorier payeur général de Yaoundé, au gonflement de l’enveloppe de la redevance audiovisuelle reversée à la Crtv au cours des exercices 2005 et 2006».
Georges Parfait Owoundi
