Cameroun – Energie: Eneo annonce d’avantage des délestages

Des villes entières sont dans le noir depuis plusieurs semaines. Les coupures vont se poursuivre jusqu’en mi-juin.
Depuis bientôt quatre mois, Eneo, la société nationale d’électricité procède à des délestages dans diverses villes du Cameroun. Des quartiers entiers de Douala et Yaoundé, ainsi que l’arrière-pays subissaient ainsi des coupures, sans aucune explication.
Du moins, jusqu’à ce qu’un communiqué laconique d’Eneo vienne entériner la voie de fait le 27 mai 2015 : « A cause d’un épuisement sévère des stocks d’eau dans nos barrages réservoirs, le service électrique dans notre pays connaît en ce moment de fortes perturbations depuis le 23 mai 2015. Entre le 23 avril et le 26 mai 2015, nous avons enregistré sur la Sanaga, un déficit inhabituel de l’ordre d’un milliard six cents millions de mètres cubes d’eau, comparé à la même période de l’année dernière ».
Eneo prévient qu’au meilleur des cas, les délestages en cours dans le pays devront durer encore au moins trois semaines. Et pour cause, le niveau des eaux aux barrages de Songloulou et Edéa sont au plus bas ; ce qui entrainera des coupures d’environ 80 Mw de courant. L’entreprise n’invoque cependant pas les « effets salvateurs » de la centrale à gaz de Kribi, réputée être l’investissement phare de l’ancien actionnaire majoritaire Aes, qui a cédé ses parts à Actis, courant 2014. Or, à la même période en 2014, alors que les délestages avaient entrainé d’importantes pertes aux ménages et aux entreprises, Aes en négociation avec Actis affirmait qu’il n’y aura plus de délestages au Cameroun, en raison d’un important apport financier du fonds d’investissement britannique. Dans le communiqué rendu public le 27 mai, la société d’électricité a indiqué que « Eneo et les pouvoirs publics s’activent pour trouver des solutions ». Des cadres techniques d’Eneo contactés par Le Jour affirment que « le réseau tombe à un rythme inquiétant », et qu’aucune solution n’est envisageable pour le moment. En clair, « Eneo et les pouvoirs publics » ne font rien pour l’instant, et n’attendent qu’un retour des grandes pluies pour résorber la crise.
Les mêmes sources internes à Eneo parlent d’une augmentation considérable des pertes occasionnées par la dégradation du réseau de transport. En 2014, les pertes sur le réseau en question représentaient environ 33% de la puissance installée de 968 MW. Soit plus de 320 Mw. Au 15 février 2015, les experts estimaient les pertes à 38,5%, soit près de 370 Mw.
C’est cette dégradation du réseau de transport, couplée à la vétusté des équipements techniques dont les transformateurs qui explique en grande partie, les délestages actuels qui iront bien au-delà de la période de trois semaines indiquée par Eneo.

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