Cameroun – Parc immobilier de l’Etat: La Présidence arrache «l’immeuble de la mort» à la CNPS

La Cnps vient d’achever les travaux de cet édifice qui fait désormais la fierté de la capitale. L’immeuble devait être géré à 50% de parts respectives entre l’Etat du Cameroun et la CNPS.[pagebreak] Curieusement, le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh vient de sommer le Dg de la Cnps, Mekulu Mvondo de remettre les clés de cet immeuble à l’Etat.
La Cnps vient d’achever les travaux de cet édifice qui fait désormais la fierté de la capitale. L’immeuble devait être géré à 50% de parts respectives entre l’Etat du Cameroun et la CNPS. Curieusement, le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh vient de sommer le Dg de la Cnps, Mekulu Mvondo de remettre les clés de cet immeuble à l’Etat.
Ces derniers jours, on parle beaucoup d’élections de délégués du personnel à la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps). Certes. Mais aussi davantage de l’affaire du désormais ancien «immeuble de la mort». Le gros édifice immobilier localisé au centre-ville de Yaoundé et qui était à l’abandon depuis plus de 20 ans, vient d’être achevé. Il se dresse flambant neuf sur ses 18 étages et fait la fierté de la capitale camerounaise. Il s’agit d’un building de quatre bâtiments en champignons gradés, bâtis sur 3 hectares, avec un sous-sol occupant 1600 m2, contenant 750 bureaux, et un parking pouvant recevoir 275 véhicules. Le coût de travaux estimé au départ à 13 milliards, 631 millions, 532 952 Fcfa, s’élève désormais, à la fin des travaux entièrement financés par la Cnps, à plus de 16 milliards Fcfa, selon des sources proches de la Cnps.
La construction de cet immeuble ministériel faisait partie des grands travaux initiés par le président Paul Biya au début de son magistère au sommet de l’Etat. Il était question de doter des départements ministériels des édifices modernes. Le terrain acquis à l’endroit où se trouvait l’ex-office de la loterie nationale, a vu s’élever dès l’année1985, un immense bâtiment au cœur même de la ville de Yaoundé. Mais, la crise économique qui vient s’abattre sur le Cameroun va plonger les travaux dans la léthargie. Rendu néanmoins au début des années 90 à une hauteur de son achèvement, l’immeuble sera abandonné aux diverses intempéries au point de servir de repaire à des brigands. D’où le nom négatif de «immeuble de la mort» qui lui aura été donné.

Mafia autour d’un édifice
Plusieurs tentatives de réhabilitation seront initiées. Le ministère de l’Habitat et du développement urbain a même tenté une reprise en main des travaux. Mais en vain. Jusqu’à ce que dès 2006, troublé par le retard considérable pris dans l’achèvement des travaux, et tenant compte des divers atermoiements, la présidence de la République du Cameroun initie une mission d’évaluation avec pour objectifs entre autres, de définir le coût exact susceptible de permettre la fin des travaux et surtout d’envisager une solution pérenne de clôture du chantier.

Entre temps, de multiples offres d’achats de l’immeuble encore inachevé se sont même présentées. On parle ainsi d’une offre formulée par le roi du Maroc, qui aurait proposé d’acheter l’immeuble. Tout comme la Coordination de la mission économique tunisienne aurait elle aussi avancé une proposition d’achat.

Le Dg de la Cnps convoqué
Mais, les hautes autorités camerounaises préfèrent une solution camerounaise dès début 2010. C’est ainsi que le directeur général de la Caisse nationale de la prévoyance sociale, Alain Olivier Mekulu Mvondo Akame est convoqué à la présidence de la République, précisément au secrétariat général. Dans les pourparlers que le Dg de la Cnps va avoir avec le secrétariat général de la présidence de la République, des sources bien introduites indiquent qu’il y a l’offre d’achèvement des travaux de construction de «l’immeuble de la mort», sur la base d’une compensation de la dette de l’Etat du Cameroun vis-à-vis de la Cnps. Mais Alain Olivier Mekulu Mvondo Akame, se réfère au préalable au Conseil d’administration de la Cnps. Ledit conseil se réunit, mais malheureusement rejette à l’unanimité le deal proposé par la présidence de la République, sous le motif logique qu’une telle entreprise n’entre pas dans les missions de la Cnps. Et ceci même si l’Etat du Cameroun doit environ 160 milliards Fcfa à la Cnps.

Mais la présidence de la République du Cameroun revient à la charge non seulement en expliquant au conseil d’administration de la Cnps le bien-fondé de cet investissement, mais aussi en formulant une offre de gestion de l’immeuble après achèvement des travaux. Celle-ci s’élève à 50% de revenus de l’immeuble pour l’Etat du Cameroun, et 50% pour la Cnps, jusqu’à épuisement de la dette de l’Etat due à cette entreprise d’Etat. Un accord est ainsi signé le 4 mai 2010. La Cnps entreprend donc de financer les travaux d’achèvement de cet immeuble. A coup d’épreuves d’ailleurs. Puisqu’un grave litige va opposer la Cnps à la Communauté urbaine de Yaoundé, au cours des travaux. Dans ses idées, Gilbert Tsimi Evouna, le délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé, ordonne sans préavis, la destruction de la centrale de générateurs, construite dans cet immeuble au cours des travaux de réhabilitation, sous le prétexte que ladite centrale pourrait exploser au passage du cortège présidentiel. Le litige sera néanmoins géré de manière citoyenne entre les deux institutions. Et les travaux de réhabilitation du désormais ancien «immeuble de la mort» vont s’achever pratiquement en fin 2013.

Alors qu’on attend depuis l’inauguration officielle de cette impressionnante bâtisse, le 31 mars 2014, le Dg de la Cnps est convoqué à la présidence de la République du Cameroun. Là, il s’entend intimer l’ordre par le ministre secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh de remettre l’entièreté des clés du nouvel immeuble à l’Etat du Cameroun pour usage public. Ledit immeuble va entièrement accueillir les départements ministériels qui n’ont pas de logis. Pour des raisons d’Etat, l’accord signé avec la Cnps qui a financé les travaux d’achèvement de construction de cet immeuble sont ainsi rendus de fait caduc par la volonté d’un secrétaire général de la présidence de la République qui dit agir sur haute instruction du chef de l’Etat. Fin de l’histoire.

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