Cameroun – Rupture: L’affermage de l’eau sur le chemin de la renationalisation

Le ministre de l’eau et de l’énergie a reçu des instructions de la Présidence de la République pour ne pas renouveler le contrat de la Camerounaise des eaux (Cde), société de droit camerounais placé sous le contrôle d’un consortium marocain.
Alors que la Camerounaise des eaux vient encore de faire vivre un énième weekend sans eau dans la capitale camerounaise (le dimanche 18 juin 2017, ndlr), cette société chargée de la gestion de l’eau connaît ses dernières heures pour ce qu’il s’agit de l’affermage du précieux liquide. En effet, le contrat d’affermage de cette structure contrôlée par un groupe d’entreprises marocaines ne va pas être renouvelé par les autorités camerounaises. Un atelier organisé il y a quelques jours par Basile Atangana Kouna indiquait que la Camwater va reprendre cette opération.
Le ministre de l’eau et de l’énergie convie pour cette reprise dans les mains camerounaises tous les bailleurs de fonds à contribuer. « Notre souhait est de voir la communauté des bailleurs de fonds impliqués dans le financement du secteur de l’eau au Cameroun nous accompagner pleinement dans cette délicate opération », des propos du ministre relayés par Investir au Cameroun. Ce que l’on peut déjà envisager c’est la contribution de l’Agence française de développement (Afd), bailleur de fonds de longue date dans ce secteur et présente lors de l’atelier organisé par Basile Atangana Kouna. L’agence participait déjà par des financements directs à la politique de l’eau au Cameroun.
Depuis 2007, l’affermage dans le secteur de l’eau a été confié à la Camerounaise des eaux. Celle-ci a été créée en 2008 et est depuis lors placée sous le contrôle des marocains. Il s’agit notamment de l’Office national de l’eau potable (Onep), des entreprises telles que Medz, Delta Holding et du cabinet Ingema. Dix ans après la signature dudit contrat, les autorités camerounaises veulent « renationaliser » cet affermage en confiant sa gestion à la Camwater, également créée en 2008.
Pour certains, le non-renouvellement de ce contrat découle du flou entretenu par son actionnariat. Ce qui n’a pas permis une mise en œuvre efficace du programme de construction des infrastructures. A ce sujet, le directeur général de la Cde, Brahim Ramdane, cité par l’hebdomadaire Repères, avait révélé un déficit d’équipements de production. Ceci pour expliquer le manque d’eau potable tant dans les milieux urbains que ruraux.
Au moment  où la Camwater s’apprête à reprendre la gestion de l’eau, de nombreux Camerounais sont insatisfaits de la qualité de ce liquide. La quatrième Enquête nationale auprès des ménages (Ecam 4) vient de révéler que 44% des utilisateurs des services de la société nationale des eaux se plaignent de leur « mauvaise » qualité. Bien que ce chiffre soit en baisse (63% en 2007), l’enquête menée par l’Institut national de la statistique (Ins) vient davantage inquiéter sur le rapport qualité-prix dans ce secteur au Cameroun.
 
Cassandra Belobo, L’opinion

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