Développement : L'urgence d'un Etat développementiste en Afrique

L??appel est de la Commission économique pour l??Afrique et l??Union africaine qui publient un rapport économique sur le continent en 2011.«Rapport économique sur l??Afrique 2011. Gérer le développement: Le rôle de l??Etat dans la transformation économique». A lui seul, le titre du rapport de la Commission économique pour l??Afrique (Cea) et l??Union africaine (Ua) est déjà indicateur de ce que l??Etat occupe une place centrale dans le document. Un Etat que les deux institutions appellent de tous leurs voeux, à opérer une mutation à la fois politique, idéologique et structurelle. L??idée étant, in fine, de devenir un «Etat développementiste».

A ce stade, il convient d??élucider le concept même d?? «Etat développementiste». Les auteurs du rapport convoquent à cet égard la définition de l??inventeur de ce concept, Chalmers Johnson, qui l??utilisa le premier pour décrire la croissance «phénoménale» de l??économie japonaise au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Selon lui, rapportent la Cea et l??Ua, «au coeur du miracle économique du Japon il y a un «Etat rationnel planifié», un Etat développementiste qui a été capable de dynamiser, soutenir activement et promouvoir le développement économique au Japon».Le rapport qui dresse en outre un tableau des performances économiques des Etats africains en 2010 avec de façon globale une consolidation de la reprise de la croissance économique passée de 2,3% en 2009 à 4,7% en 2010, décline les conditions d??une accélération de cette croissance. Au premier rang de ces conditionnalités, figure l??avènement de cet Etat développementiste, dont les caractéristiques ont été dessinées.Une économie extravertieD??abord la définition d??une vision de développement censée fixer une planification rigoureuse des politiques sociales et économiques «indissociables». A cette aune, l??Etat du Cameroun, qui achève la 2ème année de la mise en oeuvre de son Document de stratégie pour la croissance et l??emploi (Dsce), gagne de bons points. Le document, issu de la vision 2035 du gouvernement, fixe le cap, définit les objectifs à atteindre de même que les stratégies sectorielles à mettre en oeuvre. La politique élaborée, reste maintenant à la mettre en oeuvre. Ce qui, pour le Cameroun, est loin d??être évident??Moins bons sont cependant les points de l??Etat camerounais à l??aune de la diversification de l??économie nationale, retenue par la Cea et l??Ua comme l??une des marques de l??Etat développementiste. Il suffit d??observer la structure des exportations du Cameroun pour s??en convaincre. Rendue publique en août 2011, la balance de paiement 2010 de l??Etat camerounais indiquait en effet que les cinq premiers produits exportés ont représenté 78,7% de la valeur totale des exportations en 2010. Il s??agit des huiles brutes de pétrole (36,5%), le cacao en fèves (15,8%), le bois et les ouvrages en bois (11,5%), les carburants et lubrifiants (12,8%), le coton brut et la banane fraîche (2,1% chacun). Des produits bruts ou un peu moins en somme, signes d??une économie largement extravertie et donc extrêmement vulnérable aux chocs exogènes. Le Dsce l??a par ailleurs confirmé, avec des contributions respectives de 0,02% et de 0,78% à la croissance entre 2003 et 2007, les secteurs secondaires et primaires auraient pu faire mieux??Au confluent de la question de la diversification de l??économie, est celle de l??émergence d??une classe d??entrepreneurs ou de capitaux nationalistes, que tout Etat développementiste se doit de soutenir. Là aussi, l??Etat camerounais a de gros efforts à faire. La dernière note de conjoncture de la Caisse autonome d??amortissement (Caa) relative à la dette publique du Cameroun établit celle-ci à 1711 milliards FCfa, dont 590 milliards francs Cfa de dette intérieure. Soit un peu plus 5% du Pib. Trop important, estiment des experts, et donc particulièrement fragilisant pour les petites et moyennes entreprises et industries locales.Les autres caractéristiques d??un Etat développementiste élaborées par la Cea et l??Ua sont nombreuses: Autonomie de l??Etat, capacité institutionnelle de l??Etat, dirigeants compétents et légitimes, paix, stabilité??Mais déjà une certitude: ce concept qui est largement responsable du «miracle» économique asiatique, sera bientôt, la nouvelle mauvaise conscience de nos gouvernants.
 

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