Cameroun – Eric Benjamin Lamère: Il n’y a personne derrière la marche contre Boko Haram

Le membre du collectif des journalistes « unis pour la Cameroun », parle des ressorts et enjeux de la marche du 28 décembre contre Boko Haram.De quoi procède la marche que vous prévoyez d’organiser le 28 février prochain ?
Cette marche procède d’un constat tout simple. On s’est rendu compte que la guerre que mène le Cameroun contre Boko Haram posait un certain nombre de problèmes. Il y a des populations de la région de l’Extrême-Nord qui sont meurtries. On a des soldats qui sont engagés dans cette bataille, certains en payent même le prix de la vie. A l’observation, on a constaté que cette guerre semblait n’intéresser que les populations de l’Extrême-Nord. Le reste du Cameroun étant installé dans une sorte d’indifférence. Nous nous sommes dits qu’au-delà de notre mission quotidienne d’information, il fallait faire quelque chose pour attirer l’attention, pour sensibiliser les Camerounais sur le fait que ce que cette guerre ne concerne pas qu’une partie du Cameroun, mais tout le pays dans son ensemble. Puisque les répercussions vont se faire ressentir à tous les niveaux. Les Camerounais doivent donc se mobiliser quelque soit leur statut, car cette guerre est la leur.

Certains se demandent, pourquoi des journalistes endossent-ils un rôle qui est dévolu à d’autres acteurs sociaux?
Le journaliste est certes journaliste mais il est avant tout citoyen. Il est citoyen d’un Etat, d’un pays. Devrions-nous nous mobiliser ou ne devrions pas nous mobiliser ? Devions-nous laisser seulement aux personnes a priori qualifiée pour ce type de démarche ? La question se pose. On s’est dit qu’en face de l’indifférence quasi-généralisée que ce soit de la société civile ou de la sphère politique, nous pouvions en plus de notre casquette de journaliste, essayer de faire quelque chose, essayer d’alerter l’opinion sur le drame qui se vit dans l’Extrême-Nord. Sur les menaces qui pèsent sur le Cameroun. On sait que ce n’est pas tout à fait compatible avec la mission qui est la nôtre. Nous ne nous substituons pas à qui que ce soit. Nous sommes dans une démarche citoyenne parce que nous sommes avant tout des citoyens. Il y a comme une sorte de démission des acteurs, mieux qualifiés, mieux outillés pour porter ce type de démarche, il fallait sans doute faire quelques chose. Nous le faisons avec les faiblesses qui sont les nôtres, parce que ce n’est pas notre boulot mais, nous nous sentons interpelés.

Il se dit que vous êtes manipulés et instrumentalisés par les pouvoirs publics…
Nous avons entendu cette idée de manipulation. Il s’est même dit qu’il y aurait des officines derrière nous. Le collectif « unis pour le Cameroun » n’est soutenu par aucune organisation. C’est une démarche qui est tout à fait libre, ouverte à toutes les personnes qui se sentent interpelées par la cause que nous défendons.

On veut bien vous croire. Mais d’où viennent les financements ?
Les financements ne viennent de nulle part. Nous avons eu une idée, nous avons organisé une campagne de sensibilisation, et nous nous sommes fixés comme principe cardinal de ne percevoir de l’argent de personne. Le collectif ne reçoit pas de soutien financier. S’il y a des gens qui se sentent concernés par la cause que nous sommes en train de défendre, ils peuvent se manifester soit en offrant des t-shirts à ceux qui veulent marcher avec nous, soit en offrant des dons aux populations sinistrées ou en apportant un soutien qui leur paraît le plus appropriés aux soldats engagés au front. Le collectif n’a pas un compte bancaire pour recevoir l’argent. Nous nous sommes interdits de recevoir quelques francs de qui que ce soit pour l’organisation de notre marche. Nous avons créé un logo et des visuels qui sont libres de droit. Il y a personne derrière. Nous sommes un groupe de journalistes qui avons estimé que l’indifférence avait trop duré et qu’il fallait absolument mobiliser les gens, les conscientiser sur le fait que le Cameroun du Nord au Sud, et de l’Est à l’Ouest, est en danger. Il n’y a pas de soutien gouvernemental, ni des industries ou des milieux d’affaires derrière. Il y a une démarche citoyenne pour les bonnes volontés.

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