Cameroun – Fret terrestre: El Hadj Oumarou Dandjouma épinglé par la CONAC

L’arnaque et la corruption sont les modes de gestion en cours au sein du Bureau de gestion du fret terrestre. C’est le constat fait par la Commission nationale anti-corruption (CONAC).
Le rapport de la Commission nationale anti-corruption n’y est pas allé du dos de la cuiller au sujet du mismanagement au Bureau de gestion du fret terrestre (BGFT). « C’est [le BGFT] un Etat dans un Etat !», commente le Pr Francois Anoukaha, vice-président de la Commission nationale anti-corruption (CONAC), et coordonnateur de la rédaction du rapport 2013 présenté hier 25 novembre au cours d’une cérémonie officielle à Yaoundé. Les agents du BGFT sont accusés, d’installer, à côté des check-points conventionnels, d’autres points d’arnaques pour dépouiller les transporteurs routiers.
Voici ce que note le rapport sur l’état de la corruption au Cameroun en 2013 au sujet du BGFT: « Dans les check-points, le long des corridors conventionnels ou non, les agents du BGFT règnent en véritables maîtres absolus. Si les ‘ frais de visa’ de la Lettre de voiture ne sont pas versés, ce document n’est pas visé et la cargaison peut-être immobilisée pendant plusieurs jours sous le regard impuissant des agents des Douanes et autres forces de maintien de l’ordre». C’est moins la Lettre de voiture que sa délivrance qui est également mise en cause ici.
La Lettre de voiture est un document contractuel entre expéditeur, transporteur routier et destinataire, qui harmonise les conditions générales de transport pour les transports routiers internationaux, particulièrement dans le domaine des documents exigibles et de la responsabilité du transporteur, ceci dans le but de faciliter les transports routiers et les échanges internationaux. La CONAC a relevé au cours de ses investigations «le chantage » qui devient « le mode opératoire pour fixer de façon arbitraire les tarifs de transport ». Le but de la manœuvre étant de « charcuter un bon pourcentage au profit des responsables du BGFT », le tout avec la complicité du Sntrc, un syndicat des transporteurs routiers.

10.000 FCFA par check-points
En l’absence du document, les agents du BGFT procèdent à l’immobilisation de l’engin. La CONAC rapporte ce « cas flagrant », où quatre camions tchadiens ont été immobilisés à Bonis, par Bertoua « pendant plusieurs semaines». « Ces agents du BGFT n’ont pas plié malgré l’intervention de la direction générale des Douanes à Yaoundé ». Ce n’est qu’après paiement de la «rançon» que les camions ont été libérés, note le rapport. La CONAC révèle par ailleurs, que de Douala-Yassa à Garoua-Boulaï, on dénombre, pas moins de 42 postes de contrôle « qui constituent 42 postes illégaux de péage (arnaque) ». Les agents du BGFT, avec la complicité de ceux de la Douane, délestent de 10.000 FCFA tous les transporteurs routiers sur les 29 postes qui existent entre Garoua-Boulaï et Maroua. Les agents du BGFT et de la Douane « apprécient les surcharges et infligent eux-mêmes les amendes qu’ils exigent aux transporteurs ». Le tout sans aucun reçu…
La CONAC rappelle que d’après la convention de la Conférence des Nations-Unies pour le commerce et le développement (Cnuced) du 08 juillet 1965, dont fait partie le Cameroun, le BGFT est chargé de la répartition du fret. Il a entre autres missions : la répartition des frets de 40% aux transporteurs camerounais à destination de la Rca, et de 35% pour ceux qui vont au Tchad. Le BGFT fixe les tarifs minimums obligatoires, et assure le respect des quotas de fret avec les pays limitrophes du Cameroun. Mais le constat de la CONAC est sans appel : « Toutes ces dispositions et bien d’autres de la même dynamique sont ostensiblement floués aux pieds par les responsables du BGFT », à la tête duquel trône El Hadj Oumarou Dandjouma.

Ludovic AMARA

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