Le vote, en Afrique, sans exclusive, est d’abord ethnique, et pas du tout éthique.
Feindre de l’ignorer fait partie des falsifications du moment. Ce n’est pas parce que vous êtes parti faire un meeting à Mokolo (Extrême-Nord), cher à mon coeur, que les Moundangs ou les Kirdis vous donneront un blanc-seing.
Paul Biya a l’arme absolue: la machine administrative. C’est imparable et « au dessus, c’est le soleil », comme le dirait l’humoriste français de père camerounais Dieudonné Mbala Mbala. Au-delà de tout ça, les hommes politiques camerounais ne maîtrisent point les forces en présence, encore moins le peuple. Un petit decryptage en dessous vous fera du bien..
L’élection présidentielle se gagne au Centre-Sud-Est et au Grand-Nord. Ni le Nord-Ouest et l’Ouest, ni le Sud-Ouest et le Littoral ne pèsent. C’est un constat et non une vue de l’esprit. Ceux qui vous disent le contraire vous mentent outrageusement…
Le Grand-Nord, chasse-gardée du pouvoir en place, n’en déplaise aux esprits chagrins, compte 2 500 000 d’électeurs sur les 6 500 000 inscrits. Excusez du peu. Prenons l’Ouest, que je maîtrise de Bafang à Bafoussam, en passant par Foumban et Dschang. Savez-vous qu’il n’y a pas plus de 400 000 électeurs inscrits dans cette région aujourd’hui sur les listes électorales comme hier lors des précédentes élections ? Ceci explique les scores perpétuellement médiocres d’un Adamou Ndam Njoya. Sur ces inscrits, Paul Biya compte plus de la moitié des potentiels électeurs…
Les leçons de 1992 retenues, par quelle alchimie un candidat autre que Paul Biya peut gagner ? Peut-être par une opération du Saint-Esprit…Donc, ceux qui passent leur temps à vous dire qu’ils peuvent gagner ne comprennent rien à la geopolitique camerounaise et à la géostratégie du pouvoir camerounais…
Allain Jules Menye
