Cameroun – 08 mars 2018: Non mesdames, ce n’est pas une fête !

Je me demande ce que les femmes vont encore nous sortir cette année. Oui, car je dois vous dire qu’elles nous ont déjà tout montré, celles-là.
Tenez, mardi dernier une femme qui essayait de voler un kaba du 8 mars a échappé de justesse à la justice populaire au marché Acacia à Yaoundé (c’est sa victime qui l’a sauvée en la cachant dans sa boutique). Jusqu’aujourd’hui, beaucoup de femmes perçoivent encore la célébration de la journée internationale de la femme comme l’occasion de fêter, de se laisser aller à certains débordements qu’elles reprochent aux hommes la plupart du temps.

La fête du pagne
Quand on parle de 8 mars, dans la tête de nombre de Camerounaises, il s’agit avant tout de pagne. Pour une Camerounaise, la réussite de la célébration de la journée internationale de la femme dépend en grande partie de sa possession ou pas d’une tenue cousue avec le fameux pagne. Posez-leur la question en route, dans les marchés, dans les bureaux, ou bien partout ailleurs où vous les trouverez. Elles vous le diront, le pagne ; le pagne avant tout. Celles qui n’ont pas de pagne se sentent diminuées, moins femmes que les autres.
En réalité, le port du pagne n’est pas une mauvaise chose en soi. Ce qui dérange, c’est que le pagne semble plus focaliser l’attention des dames qu’autre chose. Pourtant, il y a des moments où j’aimerais bien que ces dernières n’aient que le pagne en tête. Car elles ont une autre obsession : les hommes.

Tout faire comme les hommes
Ces jours-ci sur les ondes, il n’est pas rare d’entendre les femmes dire, comme s’il s’agissait d’une découverte qu’elles font tous les 8 mars, que ce qu’un homme peut faire, elle peut le faire mieux que lui. Je ne sais pas si je pourrai un jour comprendre cette fixation que les femmes font sur les hommes. Ce qu’elles oublient c’est que les femmes et les hommes ont des problèmes différents, et que ce n’est pas en voulant singer les hommes qu’elles résoudront les leurs.
On n’a jamais vu un petit garçon être excisé ou bien envoyé en mariage à 8 ou 10 ans. En revanche, une petite fille aura beau essayer de pisser debout, elle courra le risque d’être excisée ou bien mariée trop tôt – dans certaines régions du monde, bien entendu.
Je demeure convaincu que les femmes en font plus que les hommes. Et je continue à penser qu’elles devraient se battre pour améliorer leurs conditions de vie, pour avoir des salaires qui correspondent au travail qu’elles abattent (sans le comparer à celui des hommes), pour avoir accès à l’éducation (sans vouloir le faire parce que les garçons le font).
À toujours vouloir faire comme les hommes, chères femmes, vous donnez l’impression que l’homme est votre plafond, et que s’il n’existait pas, vous ne pourriez rien faire de vous-mêmes. Quand vous réclamez le même salaire que l’homme, au lieu de réclamer un salaire qui équivaut à la tâche que vous accomplissez, vous donnez l’impression de ne vous définir qu’en fonction des hommes.

Ce n’est pas une fête !
Une journée internationale n’est pas une fête. Certaines femmes semblent l’oublier. C’est une journée qui devrait symboliser les efforts qui ont été faits par la gent féminine pour améliorer les conditions de vie de celles d’entres elles qui subissent encore certaines injustices dans certaines zones du monde.
Le 8 mars devrait être le jour où les femmes réfléchissent à des projets qui permettront aux jeunes filles de s’instruire. C’est ce jour-là que les dames devraient prendre des initiatives, des engagements pour défendre bec et ongles leurs filles qu’on donne en mariage trop tôt. Le 8 mars devrait être la journée qui permet aux femmes de réfléchir sur leur bien-être, et prendre des résolutions dans ce sens.
Cette année, j’attends, j’espère. Mais j’ai le sentiment que, cette année encore, elles voudront imiter les hommes. J’ai bien peur que cette année encore, leur fête se limite à défiler et à boire des bières jusqu’à n’en plus pouvoir – comme les hommes. J’ai le sentiment que demain, le dehors sera plein de pagnes du 8 mars, les bars remplis, les bouteilles vidées. Et je prévois déjà que dès le 9 mars, les choses continueront comme avant, comme si de rien n’était, en attendant la prochaine « fête » du 8 mars.

Publié pour la première fois le 7 mars 2015 dans Le Petit Écolier par willfonkam

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