Cameroun – Pauvreté: Vivre de la mendicité à Yaoundé

Le chef de l’Etat vient de promulguer le nouveau Code pénal qui réprime la mendicité, Le Jour propose une immersion dans la vie de ces personnes qui vivent de la charité dans la capitale politique du Cameroun.
Baba Halidou, 63 ans est une personne à mobilité réduite : il est lépreux. 237online.com Pourtant, sa femme et ses 8 enfants attendent chaque jour qu’il joue son rôle de chef de famille. Pour y parvenir, il a trouvé une solution : la mendicité. Plus qu’une activité passagère, c’est pour lui un métier. Il arrive à « son poste » situé devant la Trésorerie de Yaoundé à 6 heures 30 et en repart à 22 heures. Ce choix est stratégique : beaucoup de gens y passent. Il demande de l’aide financière assis derrière une petite assiette disposée à cet effet. Sous la pluie ou le soleil, Baba mendie. « Il y a des jours où je peux avoir 3000 F.cfa, des fois plus ou même moins. Cet argent je m’en sers pour subvenir aux besoins de ma famille », explique-t-il. A quelque pas de lui, un autre mendiant, perclus, se déplace sur un patin à roulette. Il cible les automobilistes. Sa survie dépend de leur générosité. Il reste discret sur le montant de sa collecte journalière mais assure que cela lui permet de vivre. Comme eux, des dizaines de mendiants arpentent les rues de la capitale pour quémander leur pain quotidien. Et cela rapporte. C’est du moins l’avis de Marie Obono et ses deux enfants qui ont pris leur quartier en face du ministère de la Santé publique. Bâa Petel, 18 ans, ironise : « Si ça ne payait pas du tout, pense-vous que les gens seraient encore dans les rues à mendier ? Ils auraient trouvé autres choses à faire. » Plus loin au niveau de l’avenue Kennedy, d’autres mendiants regrettent que les Camerounais soient de moins en moins généreux. Vu le niveau de vie, ils affirment vouloir changer d’activités. La mendicité devient moins lucrative. D’autres l’ont compris. Pour s’en sortir, il faut se spécialiser. C’est ainsi qu’on observe de plus en plus dans la rue, des personnes qui, l’air bien portantes, se livrent à la mendicité. En général, ils posent un problème d’argent et sollicitent de l’aide. Les raisons évoquées varient : l’argent de taxi ou des médicaments à compléter, les enfants abandonnés à nourrir, etc. On se rend compte de la supercherie lorsqu’ en repassant à cet endroit on revoit la même personne qui repose le même problème à d’autres personnes. Les abords des hôtels de luxes sont aussi très prisés des mendiants. 237online.com Adams dit préférer cet endroit de la ville, car c’est un lieu pour riches et les dons sont importants. Le quadruple de ce qu’ils perçoivent ailleurs. Qu’adviendra-t-il de leurs activités aujourd’hui ? Le nouveau code pénal réprimande la mendicité au Cameroun. En son article 245, il est dit qu’est puni d’un emprisonnement de 3 mois à 3 ans de prison et une amende de 50 000 à 500 000 F Cfa celui qui, ayant les moyens de subsistance ou pouvant se les procurer par le travail, sollicite la charité en quelque lieu que ce soit. Tout mendiant ne sera pourtant pas exposé à des poursuites judiciaires. La loi prévoit des sanctions pour des personnes qui, « ayant les moyens de subsistance ou pouvant se les procurer par le travail, sollicite la charité en quelque lieu que ce soit. » ceci exclu les enfants mineures (moins de 18 ans). « Les enfants mineures ne sauraient faire l’objet des poursuites judiciaires parce qu’ils n’ont pas à se prendre en charge eux-mêmes. Si jamais un mineur se retrouve devant le tribunal, il bénéficiera des mesures atténuantes. Pour les vieux, ce ne sera pas pareil. On peut en effet travailler même après l’âge de la retraite », explique Me Keou, avocat au barreau du cameroun.

Younoussa Ben Moussa et Véronique Domga

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