Cameroun: le WWF accusé de fermer les yeux sur de « graves abus » commis sur les Pygmées





Les Pygmées sont régulièrement victimes de « graves abus » de la part de brigades anti-braconnage « soutenues et financées » par le Fonds mondial pour la nature (WWF) dans le sud-est du Cameroun, a dénoncé lundi une ONG de défense des peuples indigènes.[pagebreak]Les Pygmées Baka « sont illégalement expulsés de leurs terres ancestrales au nom de la conservation (de l’environnement, ndlr), la plus grande partie de leur territoire étant transformée en +zones protégées+, dont des zones de chasse au trophée », affirme Survival International dans un communiqué.

« Plutôt que de s’en prendre aux puissants individus qui se cachent derrière ce braconnage organisé, les gardes forestiers et les soldats poursuivent les Baka qui pratiquent une chasse de subsistance », poursuit l’ONG.

« Le ministère camerounais des Forêts et de la Faune, qui emploie les gardes forestiers, est financé par le WWF qui apporte également à ces derniers une assistance technique, logistique et matérielle », poursuit l’ONG, affirmant que « le WWF continue de leur apporter son soutien bien qu’il ait été prouvé que les brigades anti-braconnage ont bel et bien violé les droits des Baka ».
Les Baka « accusés de braconnage risquent la détention, les coups et la torture. Ils font état de nombreux morts parmi eux suite à ces expéditions punitives », soutient Survival International.
D’autre part, l’ONG affirme avoir constaté une dégradation de l’état de santé des Baka et l’augmentation de maladies comme le paludisme et le sida dues « à la perte de leur territoire et de leurs ressources ».

« La forêt appartenait aux Baka mais ce n’est plus le cas. Nous circulions dans la forêt au gré des saisons mais maintenant nous avons peur de le faire. Pourquoi ont-ils le droit de nous interdire de pénétrer dans la forêt? Nous ne savons pas vivre autrement. Ils nous battent, nous tuent et nous obligent à fuir et à nous réfugier au Congo », a affirmé un Baka, cité dans le communiqué de Survival International.
Contacté par l’AFP, le WWF Cameroun a indiqué qu’une « enquête indépendante » était en cours pour déterminer la véracité de ces accusations.

« Nous sommes préoccupés car nous apportons notre soutien financier à la lutte anti-braconnage, mais cela n’inclut évidemment pas la violation des droits humains », a assuré le directeur de la conservation à WWF Cameroun, Rolf Sprung.

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