Cameroun: 13 sept 1958 – 13 sept 2017, Il y a 59 ans Um Nyobè était assassiné

Le décret présidentiel signé de Paul Biya le 27 juin 1991 fait de Ruben Um Nyobè, un héros national.
Une reconnaissance, certes tardive, mais tout de même significative. Pour que sa mémoire ne s’éteigne à jamais, plusieurs patriotes, parmi ceux qui se réclament héritiers de la lutte nationaliste pour l’indépendance du Cameroun, ne cessent de mener des actions éclectiques, notamment lors de la date (13 septembre 1958) commémorative de son assassinat par l’armée français, alors qu’il était au maquis dans la brousse de Libei Ligoï en plein département du Nyong et Kelle. Parmi ces initiatives, on peut citer l’excursion organisée par un consortium d’associations (Cpmc, Stand Up For Cameroon et autres) qui a conduit des dizaines de volontaires sur le chemin escarpé du lieu où Ruben Um Nyobe a été assassiné et au cimetière de l’Eglise presbytérienne d’Eseka où sa dépouille a été ensevelie dans le déshonneur. Cet énième pèlerinage a coïncidé avec la cérémonie d’inauguration du monument Um Nyobè que le député Upc, Robert Bapooh Lipot a élevé en pleine forêt de Libei Ligoï au lieu de son assassinat. Le 2ème monument élevé après celui que feu Augustin Frederick Kodock, alors Secrétaire général de l’Upc et ministre avait aussi été élevé à Eseka en 2009. Même si le monument de Libei Ligoï a été déposé sur une structure en béton d’une dizaine de mètres, pour ne pas être cachée par les grands arbres de cette forêt équatoriale, il reste que les observateurs portent déjà des critiques sur le choix du site. Estimant que ce monument de Ruben Um Nyobè est jeté dans la forêt où l’accès n’est pas facilement accessible et par ricochet, ne va permettre d’atteindre l’objectif escompté, celui d’être vu même au loin. Pour les proches du député Bapooh Lipot, il reste tout de même que ce monument va permettre de matérialiser à jamais le lieu de l’assassinat et permettre aux éventuels touristes d’avoir une bonne raison d’affronter le parcours rude qui y mène à son QG de clandestinité. Cette même critique est portée pour le monument que la Communauté urbaine de Douala a décidé de poser dans la ville de Douala, pour répondre positivement aux revendications de l’activiste André-Blaise Essama qui ne cesse de multiplier les actes de destruction sur les monuments du Maréchal Leclerc et du Soldat inconnu situés respectivement devant la poste centrale et la place de la République de Bonanjo. En effet, le Collectif Mémoire 60 dénonce le choix du carrefour Mobil Njo-Njo qui a été choisi pour y poser le monument de Ruben Um Nyobe,«Mpodol (porte-parole) que les progressistes africains présentent comme un leader nationaliste camerounais et précurseur des indépendances en Afrique francophone». Le Collectif Mémoire 60 tient cependant à noter que  : «  le lieu choisi Koumassi, Mobil Njo-Njo n’est pas du tout approprié…les lieux dédiés à la célébration des héros de la nation correspondent toujours aux places plus importantes des villes et villages », souligne les vices présidents M. Fossi et S. Wasnyo. Et d’ajouter : « en tant qu’authentique de la cause d’une Afrique libre, du Kamerun uni, par-delà les tribus et systèmes coloniaux, etc. Um Nyobè ne doit plus être ghettoïsé comme l’a déjà fait l’avenue qui porte son nom». Le quartier Nkongmondo qui est habité en majorité par les originaires de la même ethnie que Ruben Um Nyobé. Rappelons qu’il est né le 10 avril 1913, à Eog Makon par Boumnyebel, alors que le Kamerun était sous occupation allemande. En sa qualité de Secrétaire général de l’Upc (poste qu’il occupe de 1948 à 1958 à sa mort), Um Nyobè prononce, à la 4 ème Commission de l’Assemblée générale de l’Onu, le 17 décembre 1952, un discours mémorable dans lequel, il défend la cause du Cameroun, en présentant son plan pour la décolonisation et la réunification du Cameroun. Pour beaucoup, sa mort a probablement marqué la fin d’un très grand moment historique au Cameroun. Pour le sociologue du Laboratoire camerounais d’études et de recherches, Armand Leka Essomba, « Um Nyobè fut un patriote sincère ainsi qu’un nationaliste intègre. La haute idée qu’il avait du destin de son pays est appelée à inspirer encore pour longtemps ses descendants. Par descendants, je ne parle point du petit groupe de comédiens qui, depuis une vingtaine d’années, se disputent bruyamment et sans remord, sa dépouille politique, au risque de faire croire à la multitude que ce patriote africain serait la propriété privée d’un village ».

Mathieu Nathanaël Njog, L’essentiel du Cameroun

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