CPI: Muhamad Buhari après Laurent Gbagbo?

Le président nigérian est accusé de crime contre l’humanité par des sécessionnistes biafrais.
A en croire le journal américain Newsweek, une plainte vient d’être déposée à la Cour pénale internationale (CPI) contre le président du Nigeria Muhamad Buhari. C’est précisément le vendredi 29 janvier dernier, alors qu’on en était au deuxième jour du procès à la Haye contre l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, accusé de crime contre l’humanité, entre autres, que cette plainte contre un autre chef d’Etat africain a été déposée à la CPI par l’avocat hollandais Goran Sluiter, spécialiste des droits de l’homme. Ce dernier ne faisait que représenter un groupe de 17 indépendantistes biafrais ayant pour meneur Nnamdi Kanu, promoteur d’une radio pirate appelée Radio Biafra. Nnamdi Kanu, qui croupit en prison depuis octobre dernier, est aussi le leader de «The Indegenious People of Biafra (IPOB)», une branche très active des sécessionnistes biafrais. «Depuis que Buhari est devenu président, la violence et des crimes contre les Biafrais se sont intensifiés au Nigéria», a déclaré Goran Sluiter quelques minutes après sa sortie des bureaux de La Haye. Au moment de l’arrestation de Nnamdi Kanu en octobre dernier, plus de 20 activistes avaient été tués alors qu’ils prenaient part à une manifestation publique.
Deux policiers nigérians avaient aussi perdu la vie en affrontant les militants de l’IPOB. Approché par Newsweek pour réagir par rapport à cette plainte fraichement déposée à La Haye contre Muhamad Buhari, Femi Adissa le porteparole du président Nigérian ne s’est risqué au moindre commentaire sur l’affaire. 237online.com Il a plutôt parlé du cas de Nnamdi Kanu et a affirmé que les tribunaux nigérians ont désormais sur leur table le dossier du sécessionniste biafrais. L’avocat des droits de l’homme hollandais, Goran Sluiter, de son côté, décrie l’impartialité de cette justice nigériane. «Le Nigeria est depuis longtemps sur la ligne de mire de la CPI», a déclaré l’hollandais avant de se dire confiant qu’avec le cas des sécessionnistes biafrais, plus rien ne va arrêter Fatou Bensouda au sujet du dossier nigérian. Selon Newsweek, du côté de la CPI, on ne s’est pas montré dans l’immédiat disponible à confirmer officiellement avoir reçu une plainte contre Muhamad Buhari pour crime contre l’humanité. «Une fois quʹune plainte est déposée à la CPI, le procureur peut décider dʹouvrir une enquête sʹil y a des preuves capables de démontrer que des crimes contre lʹhumanité ont été commis», souligne le Newsweek qui précise à la fin que: «le Nigeria est un signataire du Statut de Rome qui donne compétence à la CPI d’agir.» Entre Muhamad Buhari et le Biafra, ça n’a jamais été une histoire d’amour. Colonel d’armée à cette époquelà, Buhari dirige des troupes contre des sécessionnistes biafrais pendant la guerre civile qui bat son plein entre 1967 et 1970. A en croire de nombreuses sources, les troupes de Buhari ont, dans plusieurs villages, incendié des maisons où se trouvaient enfants, femmes et vieillards malades. Avec ça, Muhamad Buhari, pendant sa dernière campagne présidentielle, avait ouvertement dit qu’il ne comptait pas sur l’électorat du Biafra. Il a aussi dit qu’il ne regrettait pas ses états de service pendant la guerre civile. Mais les nouveaux sécessionnistes biafrais sont sur le sentier de guerre depuis le mandat de Goodluck Jonathan. Ils s’activaient alors de briser le paradigme qui fait osciller le pouvoir au Nigeria entre Haoussa et Yorouba. 237online.com Les analystes remarquent que depuis le retour au pouvoir de Buhari, l’activisme des sécessionnistes est monté d’un cran. «Buhari, de ce que nous avons vu jusquʹà présent, nʹa pas été le président de tous les nigérians. Il agit comme le président Nord uniquement dans un Nigeria pourtant uni. Cela étant, Buhari ne nous a donnés aucune raison de croire quʹil est venu pour garder le Nigeria unifié. Au contraire, le sentiment que nous avons, à travers ses actions et inactions, est quʹil est venu à creuser les écarts ethniques et diviser les peuples du Nigeria. Sous ce régime discriminatoire de Buhari, les plus touchés sont les Igbo que le président exclu volontairement du pouvoir», explique le journaliste Amanze Obi. Depuis la Hollande, où il coordonne les activités de l’IPOB, Ndubuisi Osuala a appelé à la reconnaissance pacifique du Biafra.

Célestin Ngoa Balla à New York

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