Cameroun: La Présidence ordonne une enquête sur le clash entre le préfet et le sultan

Une mission a été dépêchée à Mora pour entendre les différents protagonistes.
24 heures après la publication le 12 novembre 2015 par votre journal, d’un article sur le bras de fer qui oppose le préfet du Mayo-Sava, Babila Akaou, au Sultan de Wandala, Boukar Alhadji Yerima Brahim, au sujet de la liste controversée des chefs traditionnels de 3e degré de l’arrondissement de Mora, la présidence de la République a immédiatement réagi en demandant des éclaircissements. Selon nos informations, c’est le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, qui est monté lui-même au filet. Il a demandé au gouverneur de la région de l’Extrême-Nord de lui faire toute la lumière sur le clash entre l’autorité administrative et le chef traditionnel de premier degré.
Midjiyawa Bakari, absent de la région, a dépêché immédiatement à Mora, le 13 novembre 2015, une mission conduite par son inspecteur des services régionaux, François Franklin Etapa. Toute la journée du 13 novembre 2015, la délégation a entendu entre autres le préfet du département, le souspréfet de l’arrondissement de Mora, le maire et le sultan. «Quand la délégation est arrivée, elle s’est d’abord rendue à la préfecture. Les membres de la délégation ont entendu le préfet dans son bureau. Ensuite, ils sont allés à la mairie où surplace, ils ont recueillis des informations auprès du maire qui maîtrise bien la situation qui oppose le préfet au sultan. C’est par le sultanat que l’équipe a achevé son travail à Mora. Les membres de la délégation ont entendu le sultan. Ce dernier leur a remis tous les documents qu’il avait en sa possession au sujet du problème qui l’oppose au préfet», confirme une source proche de la préfecture du Mayo-Sava.
Selon nos sources, la mission de la délégation conduite par François Franklin Etapa était de recueillir le maximum d’informations et d’éléments au sujet du conflit qui oppose le préfet et le sultan de Wandala. «Le secrétaire général de la présidence de la République a été très réactif. Par ces temps d’insécurité, le manque de collaboration franche entre les deux personnalités peut être préjudiciable à la lutte contre Boko Haram. Si l’administration était aussi réactive que le secrétaire général de la présidence de la République, beaucoup de situations auraient déjà été réglées. Il a fallu que la presse évoque ce problème pourtant connu des autorités régionales depuis plusieurs jours, pour que les hautes autorités du Cameroun soient informées», glisse une autorité à Mora.
Il reste que la prompte réaction de Ferdinand Ngoh Ngoh, hautement saluée dans le Mayo-Sava, va susciter de l’espoir dans le petit monde de la chefferie traditionnelle de l’Extrême-Nord et même au-delà. Car les conflits gelés à la tête des chefferies traditionnelles ne manquent pas, et menacent chaque jour la bonne entente entre les populations. La situation s’est même aggravée, depuis que le chef de l’Etat a instauré un salaire pour les chefs traditionnels. «Dans chaque département de cette région, vous allez trouver des cas à couper le souffle. Certains villages ont deux chefs, tous deux ont des arrêtés préfectoraux en violation des textes. Vous en avez ceux qui ont des arrêtés datant d’après 1994, en violation des textes.
Le préfet du Mayo-Kani a destitué par exemple un chef dans l’arrondissement de Moutourwa, au prétexte qu’il est un sorcier alors que seul le ministre de l’Administration territoriale est compètent, et ce au vu d’un dossier disciplinaire… Dans le Mayo-Tsanaga, l’ancien préfet du département et l’ancien sous-préfet de Mayo-Moskota étaient partis nuitamment mener dans un village des consultations avec les notables Mozogo pour désigner un nouveau chef, en violation du bon sens. Nous implorons le bon Dieu pour que la sagesse continue de guider le secrétaire général de la présidence de la République et se penche sur l’ensemble des cas des chefferies traditionnelles dans notre région», a indiqué, au téléphone, un important lamido de la région qui regrette la grande corruption qui s’est emparée des autorités administratives dans la gestion des chefferies traditionnelles.

Jean Areguema

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