Cameroun: L’arrondissement de Bangangté n’a plus de chef de terre

André Joseph Eyebe Eyebe, sous préfet de l’arrondissement de Bangangté, est incarcéré à la prison centrale de Kodengui à Yaoundé depuis le 5 mai 2016 dernier, pour cause de corruption.
Cette situation cocasse étale aux yeux du monde, les anachronismes de l’administration camerounaise. 237online.com L’arrondissement de Bangangté, le territoire du président du Sénat, l’antre de la noblesse, de la dignité et de l’élégance est sans sous préfet depuis le 5 mai 2016 dernier. La cause, c’est que le sous préfet de Bangangté, Eyebe Eyebe André Joseph, a été incarcéré à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé, en compagnie de sept autres acolytes à priori et selon certaines indiscrétions, pour cause de corruption. Il serait reproché à ce sous préfet, sa gestion de l’indemnisation des riverains du port en eau profonde de Kribi entre autres, du temps où il officiait dans cette partie du territoire. La force publique voudrait avoir plus d’amples informations sur ce que sont devenus les 4 milliards de Fcfa débloqués par l’Etat du Cameroun pour cette indemnisation. Le Chef de terre de Bangangté, Eyebe Eyebe André Joseph, avant sa prise effective de commandement territorial le 25 avril 2016 dernier, occupait le poste de 1er adjoint préfectoral dans le département du Wouri à Douala. Il remplaçait à ce poste M. Gall Charles. Seulement, dix jours plus tard, il est pris et puis mis aux arrêts sans aucune autre forme de mesure, laissant son poste inoccupé. Cette situation ubuesque aurait pu être évitée si seulement, le ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation René Emmanuel Sadi, avait pris la peine de procéder à une véritable enquête de moralité de l’impétrant, avant de le proposer pour nomination. L’obligation de procéder à des enquêtes minutieuses, profondes et crédibles de moralité singulièrement du sous préfet de l’arrondissement de Bangangté, comme de toutes autres postulants aux hautes fonctions administratives constitue une sorte de tamis et de tri des candidats. A défaut, n’aurait il pas fallu le démettre de ses fonctions avant de l’arrêter, ceci afin de ne pas entacher l’honorabilité et la respectabilité des fonctions administratives et territoriales. 237online.com Le juge de l’opportunité de l’arrestation d’une haute autorité administrative encore en fonction, ne se trompe-t-il pas à défaut de se fourvoyer en opérant de façon cavalière de la sorte, d’autant plus que l’image de l’autorité mis en cause, comme de celui qui nomme et révoque sont ainsi trainés dans la boue. Parce que la forme n’est rien, tout devient rien sans cette forme.

UNE GESTION PATRAQUE DU PAYS
La gestion administrative de notre pays prend de l’eau depuis des lustres. Le clientélisme, la corruption, le népotisme, le favoritisme bref tous les maux en isme jonchent l’univers administratif de notre pays sous le Renouveau. L’opération  » Epervier  » qui consacre la lutte adéquate et sans relâche contre les bandits à col blanc et la corruption, charrie tout aussi des situations cocasses qui trainent des casseroles. L’honorabilité et la dignité des responsables administratifs accédant aux hautes fonctions publiques, piquent du nez. La morale qu’est sensée évoquer et préserver par la répression judicieuse et la condamnation ferme des détourneurs de la fortune publique, succombent hélas à l’idée du coup monté, du sensationnelle. Tout un gouvernement se retrouve à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé, sans que ça n’émeuve plus personne. L’ancien ministre des enseignements secondaires, feu Louis Bapes Bapes avait séjourné une journée entière dans cette prison, puis une fois sortie, il a réintégré son poste ministériel et le gouvernement sans qu’aucune leçon ne soit définitivement tirée. L’ex ministre de l’éducation de base Haman Adama avait passé plusieurs mois en prison avant d’être libérée après avoir restituée le corps du délit. Plusieurs ex directeurs de grandes sociétés d’état se sont vus embastiller étant encore en service. Nous citerons entre autres Nguini Efa de la Scdp, Charles Metouck de la Sonara, Iya Mohamed de la Sodécoton. Comme on le dit si trivialement au quartier que le poisson pourrit toujours par la tête, l’opération de lutte contre la corruption au Cameroun baptisée Opération épervier, déteint fortement sur l’image du système en place. La rigueur et la moralisation dont on connait le principal promoteur, le Président Biya pour ne pas le nommer, est en profonde perte de vitesse. L’opération épervier a fini par banaliser la prison. Y faire un tour n’effraye plus. L’ambiance de fin de règne qui prévaut visiblement, étale en filigrane une guerre de clans, de réseaux, et de lobbies. Le renouveau a fini par être comme un panier de crabes où les uns et les autres se marchent allègrement dessus. C’est la loi de la jungle, un véritable capharnaüm. Il y a peu, le PM Yang Philémon ci devant chef du gouvernement, avait instruis ses ministres de mettre à la retraite toutes les personnes atteintes par la limite d’âge conformément au statut de la fonction publique. Mais chose curieuse, le Chef de l’Etat dans un décret récent réorganisant le personnel de la préfectorale, a maintenu en fonction près de deux dizaines de préfets et assimilés pourtant atteint par la limite d’âge. Dans l’administration camerounaise, le départ à la retraite est à géométrie variable. Parce que c’est l’autorité administrative qui juge de l’opportunité d’enclencher l’action publique de répression ; et parce que cette administration ploie sous le coup des lobbies et des clans divers, l’opportunité de nommer puis de révoquer et / ou d’embastiller une autorité publique est aussi à géométrie variable n’obéissant à aucune logique crédible, en dehors du pouvoir discrétionnaire.

Eric V. YAKAM

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