Cameroun – Administration territoriale: Le Minatd n’a plus le coeur aux nominations :: Cameroon

Le ministre Sadi

Après avoir mis en route les nominations des gouverneurs de régions, des préfets, et récemment des sous-préfets et de leurs adjoints, et des adjoints préfectoraux, le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, ne pense désormais plus qu’à s’occuper des missions dévolues à son département ministériel.[pagebreak]Il faut se rendre au bâtiment qu’occupe le ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation pour constater qu’il y a une certaine mutation. Du moins sur le plan physique. Il y a quelques années encore, le hall du Minatd était difficilement opérant. Avec notamment un encombrement du fait de piles de documents. Un sol poussiéreux. Avec des mégots de cigarettes que l’on pouvait apercevoir un peu partout. Aujourd’hui, il y a visiblement plus de salubrité. Aussi bien au rez-de-chaussée que dans l’ensemble des quatre étages que compte cet immeuble ministériel. Dans le vestibule d’entrée, le portillon en fer d’autrefois à laissé place à une porte vitrée et sécurisée par un rideau de fer. Des carreaux resplendissants ont été installés au sol et un box plus moderne a été construit au fond, pour servir de lieu d’accueil. Le vieil ascenseur pratiquement suranné et généralement en panne, a été refait. Les toilettes inutilisables, il y a quelques années, ont aussi pris un coup de neuf et font désormais l’objet d’un entretien au quotidien.

«La touche Sadi»
Pour la plupart des fonctionnaires en poste à l’administration centrale du Minatd, il s’agit là de ce que tous appellent «la touche de l’ère Sadi». «Le ministre René Emmanuel Sadi a voulu commencer par réhabiliter et moderniser les structures dans lesquelles travaillent les hauts fonctionnaires du Minatd. Pour lui il n’est pas admissible que des serviteurs de l’Etat en fonction au ministère de l’intérieur travaillent dans l’insalubrité ou le désordre. Vous verrez que dans tous les services non seulement le mobilier a été refait, mais aussi les moyens modernes de travail ont été acquis. Presque toutes les directions sont informatisées, et les ordinateurs sont connectés à Internet. Il s’agit là des faits que vous pouvez vérifier», commente une dame en service à la direction de l’organisation du territoire du Minatd. René Emmanuel Sadi diplomate de formation, personnage à la fois raffiné et cultivé, nanti de bonnes manières et qui écoute plus qu’il ne parle, a passé presque toute sa carrière derrière les murs glacés de la présidence de la République, où la salubrité du cadre de travail est de rigueur. Aussi, a-t-il certainement voulu améliorer le cadre physique du Minatd, perçu comme un ministère de répression, et lui donner ainsi une image physique plus accueillante.

Outre cette transformation physique visible, René Emmanuel a tenu à mettre ses collaborateurs en confiance depuis son arrivée en décembre 2011. Un cadre du Minatd approché par Le Messager raconte : «Il faut savoir que le ministre Sadi a remplacé le ministre d’Etat Marafa Hamidou Yaya, qui a passé pratiquement 10 ans à la tête du Minatd. Beaucoup de directeurs et sous-directeurs qui sont en poste à ce jour lui doivent pour certains, une accélération de leur carrière. Et par conséquent, tous lui vouent encore une sympathie réelle malgré le fait que le ministre d’Etat Marafa soit entré en disgrâce.» Et de poursuivre : «On aurait pu croire, face à une certaine pression interne qui montait, que le ministre Sadi allait logiquement lancer une certaine chasse aux sorcières. C’est-à-dire démanteler dès son arrivée ce que beaucoup appellent «les réseaux Marafistes». Mais c’était mal connaitre ce haut diplomate qui a le sens des responsabilités. Le ministre Sadi, comme vous pouvez le constater, a préféré demander à ses collaborateurs qui étaient aussi des collaborateurs du ministre d’Etat Marafa, mais qui sont davantage des hauts commis de l’Etat, serviteurs de l’Etat, de faire simplement leur travail, et de s’éloigner des intrigues d’où quelles viendraient. Ces collaborateurs qui hier, ont travaillé aux côtés du ministre d’Etat Marafa, sont toujours en poste.»

Pour l’instant, fin des nominations
Ces derniers mois et semaines, le Minatd a en effet fait passer les nominations des préfets, et des sous-préfets. Puis ce fut le tour des adjoints aux sous-préfets. Et enfin, les différents adjoints préfectoraux. Quid donc des nominations au niveau de l’administration centrale du Minatd ? Au troisième étage de l’immeuble ministériel du Minatd, où se trouve le cabinet du ministre René Emmanuel Sadi, la plupart de ses collaborateurs trouve une telle interrogation inopportune. «C’est vrai que nous avons lu dans un journal de la place (le Quotidien Mutations du mercredi 26 février 2014 Ndlr) que les nominations du Minatd au niveau de l’administration centrale sont bloquées à la présidence de la République. Cela nous a tous fait sourire. Mais ces nominations sont bloquées par qui ? Le président de la République ? Le Cabinet civil ? Ou alors le secrétaire général de la présidence de la République? La vérité est qu’il n’y a pas de projets de nominations qui ont été envoyées à quelque niveau à la présidence de la République. Ce n’est absolument pas vrai. Et le ministre l’a rappelé au niveau des réunions internes », commente un proche collaborateur du Minatd. «Et si c’était le cas, vous pensez vraiment que le ministre Sadi qui a longtemps travaillé à la présidence de la République, qui plus a été, pendant de longues années, un proche collaborateur direct du président de la République ne sait pas comment faire pour faire aboutir des textes de propositions de nominations qu’il envoie à la haute hiérarchie ?», poursuit-il.

En quittant l’immeuble ministériel du Minatd après de nombreux échanges un fait semble corroborer toutes les analyses : pour apparemment faire taire les rumeurs qui faisaient respectivement état du fait que les « réseaux Marafistes » l’auraient encerclé, ou encore que lui le nouveau Minatd lancerait une chasse aux sorcières au sein desdits réseau, depuis qu’il a pris ses fonctions, René Emmanuel Sadi semble avoir choisi de laisser en poste tous les collaborateurs qu’il a trouvés sur place à l’administration centrale. L’homme a mis en place un système de travail qui commence au sommet par l’instruction régalienne qu’il donne en tant que ministre à tous les grands dossiers. Puis le travail se poursuit à la base à travers les directions, les sous-directions, les services et les bureaux. Avant de refaire le chemin inverse et remonter au sommet. On remarquera que si l’actuel Minatd reçoit très peu comme certains aiment à le dire, et ne passe pas son temps en salle d’audience, c’est bien parce qu’il fait confiance à ses collaborateurs dont il semble ne pas vouloir se séparer. Pour l’instant.

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