Camair-Co: les locaux de l’«étoile du Cameroun» pris d’assaut

Les locaux de la compagnie aérienne Camair-Co à Yaoundé ont été attaqués ce lundi par une foule de passagers en colère qui a tenté d’y mettre le feu.
Plusieurs centaines de clients seraient actuellement bloqués dans les aéroports de Yaoundé et Douala. Une action désespérée qui braque les projecteurs sur les problèmes de cette compagnie qui avait pour ambition de devenir l’un des leaders dans le ciel africain.
Ils étaient bien décidés à en découdre, les passagers de la compagnie Camair-Co qui ont pris d’assaut, ce lundi matin, l’immeuble abritant les bureaux de la compagnie à Yaoundé. Malgré l’intervention énergique des policiers et les tentatives de médiation menées par quelques autorités descendues sur les lieux, la colère consécutive aux absences de vol est restée intacte. Elle a même été amplifiée par le silence des responsables de l’entreprise face au désarroi des passagers.
« C’est grave. Il n’y a plus de vol. Depuis plus d’une semaine, je suis bloqué au Cameroun. Il n’y a pas de solution. Il n’y a pas eu de suite, on ne nous appelle même pas, on n’a aucune information », vitupère l’un d’entre eux. Comme lui, ils seraient plusieurs centaines à être toujours bloquées dans les aéroports de Yaoundé et Douala, du fait du manque d’avions pour les vols programmés à destination de Paris.
« Le 9 août, c’était la même chose, raconte une dame. On a mis 48 heures pour arriver à Yaoundé : problème de roue ». Cette fois, elle devait repartir le 30 août, juste à temps pour la rentrée de son fils le 1er septembre. « Je n’ai pas préparé de rentrée, et mon enfant est en train de dormir par terre à l’aéroport de Yaoundé, dans le Cameroun de Paul Biya », s’emporte-t-elle. Et selon son témoignage, les passagers ainsi bloqués ne reçoivent « même pas une bouteille d’eau » et pas plus d’informations sur les vols reportés.

Refondée en 2011, Camair-Co n’a pas trouvé son rythme
Lancée en 2011, sur les ruines de la défunte Camair (Cameroun Airlines), la compagnie aérienne Camair-Co n’a jamais véritablement atteint sa vitesse de croisière. La compagnie avait fait son vol inaugural en 2011, à Douala, sous un ciel plein de promesses. Le gouvernement camerounais, qui en est l’actionnaire unique, affichait alors son objectif d’en faire à moyen terme l’une des compagnies majeures sur le continent. Les leçons de la faillite de la défunte Camair ont été tirées, avançait-on alors dans une compagnie qui affiche son slogan avec fierté : « L’étoile du Cameroun ».
Seulement, passé l’enthousiasme des premiers mois, la compagnie a aussitôt commencé à montrer des signes d’essoufflement. Premier écueil, la faiblesse de la flotte. Trois avions seulement, dont un seul qui fait toutes les destinations domestiques et africaines. Et parmi les autres griefs récurrents portés à l’encontre de Camair-Co, le non-respect des horaires de vols et la qualité même de ses aéronefs.
Le management de l’entreprise est aussi source de préoccupation. En quatre ans, l’Etat a nommé à sa tête quatre directeurs généraux : deux Occidentaux et deux nationaux, dont l’actuel Jean-Paul Nana Sandjo, a été vivement critiqués pour sa gestion de la crise qui secoue actuellement la compagnie. Certains de ses choix managériaux sont aussi contestés, notamment concernant les effectifs de l’entreprise, qui culminent à un millier, alors que Camair-Co compte à peine un avion en propre.

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