Cameroun – Présidentielle 2018: parole du candidat Serge Espoir Matomba du PURS

Jusqu’ici, Serge Espoir Matomba était plus connu dans l’entrepreneuriat que dans la politique. Dans une autre vie, le candidat du PURS, le Peuple uni pour la rénovation sociale, a créé plusieurs entreprises, notamment dans le secteur des hydrocarbures.
Le chef d’entreprise de 39 ans souhaite établir un véritable dialogue avec la jeunesse. Très engagés sur les problématiques sociales, Serge Espoir Matomba et les cadres du PURS ont mené une grève de la faim en 2014 pour protester contre l’augmentation du prix des hydrocarbures par le gouvernement camerounais. Ils ont été arrêtés au bout de trois jours et obligés d’interrompre leur grève. Serge Espoir Matomba critique régulièrement la gestion de la crise en zones anglophones par le gouvernement et a même déjà appelé à la démission de Paul Biya. Il est l’invité de Christophe Boisbouvier.

RFI : Vous êtes un enfant de Douala et un fils de policier. Après un séjour en Europe, vous êtes revenu au Cameroun où vous avez réussi dans les affaires. Pourquoi vous êtes-vous lancé dans la politique au risque peut-être de perdre de l’argent dans votre métier d’homme d’affaires ?
Serge Espoir Matomba : J’ai créé des sociétés, des entreprises. J’emploie des personnes qui deviennent mes collaborateurs qui eux réussissent à subvenir aux besoins de plusieurs familles. Et la politique, c’est par essence la contribution pour l’amélioration des conditions de vie des citoyens.

Vous dénoncez souvent la mauvaise gouvernance. Qu’est-ce qui ne va pas au Cameroun aux yeux d’un chef d’entreprise comme vous ?
Alors déjà le climat des affaires. On a un taux très élevé de sans-emploi. Le climat des affaires n’est pas propice aux jeunes entrepreneurs ou même aux entreprises dans le privé. Parce qu’il faut le dire, dans notre projet, nous avons dit que nous allons créer cinq millions d’emplois. Ces cinq millions d’emplois ne seront pas créés dans la fonction publique, ils seront créés dans le privé. Chaque PMI, PME et start-up qui pourra embaucher un minimum de cinq Camerounais se verra exonérée de certaines taxes pendant au moins trois ans. Et l’impôt sur les sociétés qui est aujourd’hui à 30%, nous allons considérablement le réduire au fur et à mesure au point d’arriver à 10%. Ceci pour permettre aux entreprises d’embaucher un maximum de Camerounais et d’avoir au bout de cinq ans, un million d’entreprises créées qui emploient un minimum de cinq Camerounais. Lorsque l’on dit qu’on va réduire l’impôt sur les sociétés, les gens nous disent que l’on va appauvrir l’Etat. Nous disons non. Ce sont cinq millions de personnes qui auront un nouveau pouvoir d’achat, qui vont payer la TVA et qui vont même payer l’impôt sur les personnes physiques.

Joshua Osih, le candidat du SDF, propose que le salaire minimum soit multiplié par cinq. Qu’est-ce que vous en pensez ?
Nous, nous ne sommes pas favorables à cette multiplication du salaire. Parce que vous savez, le SMIC, ce n’est pas le résultat d’un simple décret, il faudra nous assurer que le patronat, les corporations participent à la prise de cette décision.

Là, c’est le chef d’entreprise qui parle ?
(Rires) C’est le chef d’entreprise et puis le futur chef de l’Etat.

Paul Biya a été un bon ou un mauvais président ?
Un mauvais. La situation sociopolitique est désastreuse, mais l’heure pour nous n’est plus de porter des jugements sur monsieur Biya ou sur sa gestion. L’heure est, non seulement, à la proposition, mais surtout au travail pour que les Camerounais puissent vivre dans les meilleures conditions.

Vous critiquez Paul Biya, mais avec modération. Que répondez-vous à ceux qui disent que vous êtes un sous-marin du régime afin de diviser un peu plus l’opposition face au président sortant ?
Vous savez, j’ai fait dix ans en politique. Les cinq premières années ont été particulièrement consacrées à la critique tout en construisant et en nourrissant le projet de société que l’on avait. Et au bout de cinq ans, vous vous rendez compte que tout le monde dit la même chose. Chacun est dans la critique, mais personne ne propose quelque chose de réel. Et depuis lors, nous sommes passés à la phase de proposition de ce que nous ferons du Cameroun. C’est à ce niveau que le discours change.

Et si Paul Biya repasse, vous pourriez être l’un de ses ministres ?
Il est difficile que Paul Biya repasse, il est impossible que Paul Biya repasse. C’est clair, nous n’avons pas 500 000 Camerounais qui voteront Paul Biya. Le climat socio-économique et politique du Cameroun ne peut pas permettre à Paul Biya de bénéficier d’un vote de 500 000 Camerounais. Après le 7 octobre, nous prendrons le contrôle du pays, je serai élu président du pays.

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