Cameroun – Mini ferme Melen: le danger près du plaisir

S’il y a des quartiers où on ne dort pas ici à Yaoundé, Mini Ferme Melen est de ceux‐là. Du carrefour «Total» au carrefour Mini Ferme, on vit à cent à l’heure, vingt‐quatre heures sur vingt‐quatre. Presque personne ne dort dans cette zone‐là.
Les bars distillent à plein régime les musiques les plus dansantes. Ces bars sont remplis d’une foule de gens qui rêvent de boire jusqu’à plus soif et de se payer du bon temps avec les gens du s*e*xe opposé voire du même s*e*xe. On danse les bikutsi aux paroles sans nuances et les gestes sont sans équivoque. On «colle la petite» dans une impudeur totale.
Le déhanché n’est plus, simplement suggestif, mais on mime l’acte avec volupté. Ce n’est plus de l’érotisme, mais des actions dignes des films x les plus hard. Les devantures des maisons et les couloirs sont occupés par toutes sortes de femmes aux gestes et aux paroles tout à fait libérés. Cela donne un style direct du genre: «chéri tu viens? On va faire? Viens je te montre tout. Moi, c’est occasion pressée». Et il y a toutes les qualités de «marchandises». Des femmes au maquillage agressif qui tentent de cacher les ravages de l’âge. Il y a celles qui mettent en valeur leurs formes abondantes «bon matelas», commentent-elles sans façon. Le moindre recoin un peu sombre peut servir à vérifier une telle assertion. Mais il faut rester vigilant, car les belles de nuit, à l’occasion, n’hésiteront pas à vous dépouiller. Elles ont, semble‐t-il, des protecteurs, des gros bras prêts à faire respecter leur ordre. Ils vous prennent tout sans le moindre état d’âme: téléphone, porte‐monnaie évidemment et si vous tentez de résister, c’est à vos risques et périls. Ne vous fiez surtout pas à tous ces témoins qui viennent vous entourer. Ils rêvent tous de vous déplumer, cela va du conducteur de moto taxi au vendeur de cigarettes du coin. 237online.com Les forces de l’ordre font de temps en temps des descentes musclées dans la zone, mais en général, c’est les petits «frappeurs» qui y règnent en maîtres. Deux citoyens sous le sceau de l’anonymat, nous ont rapporté ce qui leur est arrivé dans la zone. Premier témoignage: «Je fais souvent du sport dans la zone de Mini Ferme. Un jour, vers 5h du matin, j’y faisais de la marche quand trois individus m’ont encerclé. Ils disaient me connaître. En une fraction de seconde, deux de ces malabars m’ont soulevé me disant qu’ils me protègeraient si jamais j’étais agressé dans le secteur. Cela n’a duré que quelques secondes, mais assez pour que je m’aperçoive que j’avais perdu dans l’opération mon téléphone et mon porte‐monnaie. Depuis cet incident, dès que quelqu’un me salue dans cette zone là, je suis sur mes gardes. Je mets les mains dans la poche de mon survêtement pour m’assurer que mon téléphone est toujours en place».
Deuxième témoignage: «Je me suis retrouvé dans une étroite ruelle dans la zone de Mini Ferme Melen. Il devait être 22 heures. Il y avait encore plein de gens dans les rues et je croyais être en sécurité. J’ai été encerclé par trois individus aux mines menaçantes. Donne‐nous tout ce que tu as, m’ont‐ils ordonné. J’ai compris qu’ils ne plaisantaient pas d’autant plus que quelqu’un a sorti un couteau. J’ai donc levé les mains en signe de reddition et ils m’ont consciencieusement fouillé. Ils ont pris mon téléphone portable cassant ostensiblement la puce malgré mes supplications. Ils m’ont pris de l’argent, dix mille francs me reprochant de me promener avec une somme aussi faible. Ils m’ont arraché ma montre et ma gourmette et pour finir m’ont donné un violent coup de pied aux fesses en me disant que j’avais de la chance. Depuis lors, j’évite soigneusement cette zone.» Plein de gens ont des témoignages similaires qui montrent bien que Mini Ferme Melen est un succédané tropical de Chicago.

Gilbert Tsala Ekani

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