Lobbying: Des milliards dépensés par le Cameroun aux Etats-Unis

Liasse d'argent CFA

Deux cabinets américains, Patton Boogs LLP et Goodwork International LLC, empochent ces sommes sans que les résultats ne soient visibles.Le 2 septembre 2013, devant la presse nationale et internationale, le bâtonnier Akere Muna donne une conférence de presse à l’hôtel Hilton de Yaoundé au sujet de l’affaire de l’avion présidentiel. A ses côtés, un représentant du cabinet américain Patton Boggs, qui est présenté comme le cabinet d’avocats ayant accompagné le Cameroun dans le cadre de la procédure initiée aux Etats-Unis par Yves Michel Fotso, incarcéré au Secrétariat d’Etat à la défense dans le cadre de cette affaire. C’était en effet la première fois que des millions de camerounais entendaient parler de ce cabinet qui entretient pourtant des relations depuis près d’une dizaine d’année avec les gouvernements respectifs formés par Paul Biya.
D’après les informations du département de la justice des Etats-Unis d’Amérique sur les gouvernements qui sollicitent des cabinets américains pour du lobbying et, la défense de leurs intérêts, entre 2008 et 2013, le gouvernement de la République du Cameroun a effectué pas moins de 15 versements à des cabinets au Etats-Unis. Principalement deux entités sont clairement identifiées le cabinet Patton Boggs LLP et le cabinet Goodwork International LLC. Patton Boggs a reçu à lui seul 13 payements entre 2008 et 2013. 10 payements de 100 000 dollars américains (500 millions Fcfa), 2 payements de 200 000 dollars (200 millions Fcfa) et un payement de 300 000 dollars (150 millions Fcfa). Soit près de 850 millions de Fcfa. Le cabinet Goodwork International LLP a quant à lui reçu deux payements en 2013. Un de 174 920 dollars ( 87 460 000 Fcfa) et un de 87 470 dollars ( 43 735 000 Fcfa). Pour un total global de 893 735 000 Fcfa.
Ces relevés de transactions financières entre ces cabinets et l’Etat du Cameroun ne prennent en compte que les activités de lobbying pour l’image ou l’attribution d’un projet, procédures juridiques, l’organisation de voyages commerciaux ou encore l’obtention de visa. Les activités du cabinet de lobbying américain Patton Boggs sont donc diversifiées avec le Cameroun. Depuis septembre 2012, ils conseillent également le gouvernement dans le cadre du projet minier de Mbalam. Ils venaient à cet effet de reconduire leur contrat avec le Cameroun.
D’après les informations publiées par la lettre du continent édition de janvier 2015 « dans une lettre adressée fin 2011 au Premier ministre Philemon Yang, le patron du cabinet, Robert Kapla, propose un nouveau contrat, dont les termes sont le versement de 300 000 $ sur neuf mois. La somme, payable en trois fois, couvre les périodes successives allant de février-avril à mai-juillet et août-novembre. Les pourparlers avaient alors été menés, côté camerounais, par Fabien Nkot, chargé de mission à la primature, et, côté américain, par le Senior Partner Joseph L. Brand et Thomas Hale Boggs, président du cabinet ». Ce contrat concernait également l’image du Cameroun et l’amélioration de ses relations avec les Etats-Unis. Rien de surprenant dès lors de constater que d’après les informations du département de la justice américain, en 2013, 4 payements de 50 millions de Fcfa (100 000 dollars) ont été enregistrés en faveur de Patton Boggs. A savoir le 21 mars 2013, le 06 mai 2013, le 18 octobre 2013 et le 12 décembre 2013.
Les précédents contrats avaient toujours été négociés par les services du Premier ministre pour un montant de 400 000 $ (200 millions Fcfa). Le 12 juillet 2004, Pierre Moukoko Mbonjo, alors directeur de cabinet de Mafany Musonge, Premier ministre, signe un accord avec Joseph L Brand de la firme Patton Boggs à Washington DC pour un montant de $400,000dollars Us (environ 200 millions de Fcfa) pour une durée de six mois renouvelables à un même montant. Les virements doivent être effectués dans le compte 15077195 Aba routine N° 254070116 de Patton Boggs logé à la Citibank 1101 Pennsylvanie avenue NW Washington DC 20004. Un schéma qui s’est perpétué jusqu’à ce jour. Soit depuis 2004, 1,6 milliards Fcfa jusqu’en 2008. Et 2 milliards 450 millions Fcfa jusqu’en 2013.

Boris Bertolt, à Paris

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